Buste du Prince Ankhhaf
Dans l’Égypte ancienne, les artistes ne créaient presque jamais de véritables portraits. Ce buste d’Ankhhaf enfreint donc la règle. Il est réalisé en calcaire recouvert d'une fine couche de plâtre dans laquelle les détails ont été modelés par la main d'un maître. Plutôt qu’une représentation stylisée, le visage est celui d’un individu. D'après les inscriptions de sa tombe, nous savons qu'Ankhhaf était le fils d'un roi, probablement Snefrou, frère d'un autre, Khéops, et qu'il servit Khéphren comme vizir et surveillant des travaux. À ce dernier titre, il a peut-être supervisé la construction de la deuxième pyramide et la sculpture du sphinx.
Les traits d'Ankhhaf sont ceux d'un homme mûr. Son crâne présente des cheveux dégarnis. Ses paupières s'abaissent légèrement sur des yeux peints à l'origine en blanc avec des pupilles brunes, et cernés de poches gonflées. Des sillons diagonaux soulignent une bouche sévère. Apparemment, il avait autrefois une courte barbe faite d'un morceau de plâtre séparé. Elle a été perdue dans l'Antiquité, tout comme ses oreilles. Son regard est celui d'un homme autoritaire et volontaire, habitué à ce que ses ordres soient obéis. C'était ainsi qu'il voulait qu'on se souvienne de lui pour l'éternité.
Le mastaba d'Ankhhaf était le plus grand du cimetière oriental de Gizeh. Son buste a été installé dans une chapelle en briques crues située au côté est du tombeau et orientée de manière à faire face à l'entrée de la chapelle. Les murs de la chapelle étaient recouverts de bas-reliefs superbement sculptés. Il a été suggéré que les bras d'Ankhhaf étaient sculptés sur le piédestal bas sur lequel il était assis, le rendant ainsi encore plus réaliste. Plus de quatre-vingt-dix types de nourriture et de boissons ont été laissés à Ankhhaf afin qu'il puisse en profiter dans l'au-delà.
Ce buste a été découvert en 1925, dans la tombe G 7510 (Tombeau d'Ankhhaf) à Gizeh, par l'Harvard University - Boston Museum of Fine Arts. Il est unique et, selon les termes du contrat du musée avec le gouvernement égyptien, il aurait dû, à ce titre, entrer au musée du Caire. Cependant, en 1927, lors du partage des découvertes, il a été attribué, par le Service des Antiquités, à l'Expédition Harvard University - Boston Museum of Fine Arts en remerciement du travail minutieux accompli lors de la fouille la tombe de la reine Hétéphérès et la restauration des objets qu'elle contenait.
Haut de 50,48 cm, daté de l'Ancien Empire - IVe dynastie - règne de Khéphren (2520 - 2494 av. J.-C.), il est entré au musée de Boston, le 7 juillet 1927 sous le numéro 27.442.
SOURCE : Notice et informations Museum of Fine Arts Boston
Le petit + d'Ea :
Dans "L'art égyptien au temps des pyramides" (Réunion des musées nationaux, 1999), Christiane Ziegler consacre un chapitre à la "Statuaire privée". Alors qu'elle y aborde plus précisément "La recherche de l'individualité", elle ne manque pas d'évoquer avec sensibilité ce buste d'Ankhhaf : "A l'observation attentive de la structure osseuse, l'artiste a su allier un modelé délicat qui restitue avec justesse et subtilité le visage fatigué du vizir de Chéphren, son regard las et la palpitation des chairs affaissées…"
https://collections.mfa.org/objects/45982/bust-of-prince-ankhhaf?ctx=a20c9d68-6484-496a-b863-2cda4e5abe0f&idx=30
Relief du roi Montouhotep II-Nebhepetrê
Du règne de Montouhotep II-Nebhepetrê, le roi qui réunifia l'Égypte à la fin de la Première Période intermédiaire pour fonder le Moyen Empire, un seul édifice majeur subsiste. Son temple funéraire de Deir el-Bahari, à l'ouest de Thèbes, spectaculairement innovant, a été commencé peu après qu'il ait accédé au trône, avant que lui ou ses artistes n'aient vu les monuments de l'Ancien Empire du nord de l'Égypte. Le temple funéraire subit donc des changements spectaculaires tant dans son plan que dans ses reliefs après la conquête du nord. Alors que le relief des sections antérieures reflète le style thébain de la fin de la Première Période intermédiaire, le style ultérieur imite le relief plat privilégié par les prédécesseurs de Montouhotep à l'Ancien Empire. Le temple est aujourd'hui en grande partie détruit et la plupart des vestiges visibles proviennent de reconfigurations ultérieures. Néanmoins, de fascinants fragments de sculptures en relief de style thébain, comme cette tête du roi superbement sculptée, témoignent de la grande qualité de l'art des premières années du règne de Montouhotep. La sculpture se caractérise par l'attention méticuleuse de l'artiste aux détails et par la manière dont il fait varier la hauteur du relief pour créer une sensation de profondeur et de perspective rarement trouvées dans l'art égyptien. La peinture bien conservée - rouge brique pour la peau, bleue pour la perruque et le sourcil, et rouge, bleu et jaune pour le diadème incrusté et le serpent uraeus - ajoute à sa vivacité. Le style en relief de l'Ancien Empire, que Montouhotep a imité pendant la période qui a suivi la réunification, présentait des sculptures très fines, avec des lignes épurées et des détails intérieurs limités. En le copiant, les artistes de Montouhotep ont produit des œuvres qui, bien que techniquement très fines, manquaient de la vigueur et de l'intensité des œuvres antérieures.
Ce relief en calcaire peint, long de 35 cm, large de 25,5 cm et épais de 12 cm date du Moyen Empire, de la XIe dynastie, du règne de Montouhotep II (2061 - 2010 av. J.-C.). Il a été trouvé en 1904 lors des fouilles menées par l'Egypt Exploration Fund, dans son temple funéraire de Deir el-Bahari. Attribué à l'EEF par le Gouvernement Egyptien, il a ensuite été attribué au Museum of Fine Arts de Boston par le biais de sa souscription à l'Egypt Exploration Fund. Il est entré au Musée, le 11 octobre 1906, sous le numéro 06.2472.
SOURCE : Notice et informations Museum of Fine Arts Boston
Le petit + d'Ea :
"Sous le règne de Montouhotep II-Nebhepetrê, l’Égypte retrouve son unité et Thèbes est propulsée au rang de capitale… À l’ouest de la ville, le nom et l’œuvre de Montouhotep II restent surtout attachés à la construction d’un complexe funéraire d’un type nouveau, aménagé dans le grandiose cirque de Deir al-Bahari, un site que l’on appelait à l’époque et encore sous le règne de Sésostris III, Int (n) Nb- Hpt-Ra, la 'Vallée de Nebhepetrê'. On parvenait à ce monument, par une longue voie bordée de murs et dont l’esplanade était agrémentée d’un jardin planté de tamaris et de sycomores. Il s’agissait d’un tombeau double si l’on considère qu’il comprenait un temple-cénotaphe, vaste construction à étages pourvue de portiques que surmontait une plateforme en tronc de pyramide où se dressaient peut-être un ou deux obélisques et la tombe proprement dite aménagée au pied de la falaise, et dans laquelle ne fut retrouvé que le sarcophage du roi. Le cénotaphe abritait un caveau fictif auquel on accédait, depuis l’esplanade, par une descenderie…" indique Christian Leblanc dans "Le Bel Occident de Thèbes Imentet Neferet, De l'époque pharaonique aux temps modernes - Une histoire révélée par la toponymie" (L'Harmattan, 2022).
https://collections.mfa.org/objects/136772/relief-of-king-nebhepetra-mentuhotep-ii?ctx=362d3656-010a-43a6-a3dd-f089260a56c7&idx=8
Maquette de boulangers et de brasseurs
Alors que les tombes de la fin de l'Ancien Empire contenaient des statuettes en calcaire représentant des personnages occupés à des tâches telles que la préparation de la nourriture, un changement s'est produit au cours de la Première Période intermédiaire et du Moyen Empire. Désormais, des modèles en bois, matériau moins coûteux, fabriqués en grande quantité, sont placés dans la chambre funéraire pour fournir des provisions aux défunts dans l'au-delà. En répondant symboliquement aux besoins du propriétaire de la tombe, les modèles fonctionnaient à peu près de la même manière que les scènes peintes de ces activités sur les murs des chapelles funéraires.
Le tombeau de Djehoutynakht contenait ce qui est peut-être la plus grande collection de maquettes en bois jamais découverte en Égypte. Au moins trente-neuf d'entre elles représentent des scènes de production alimentaire et artisanale. Cependant, en ouvrant la tombe, les archéologues ont découvert que des voleurs l'avaient pillée dans l'Antiquité, peut-être à plusieurs reprises, jetant les modèles au hasard dans la petite chambre funéraire. Ce n'est qu'après des années de recherche et de restauration qu'ils retrouvent leur configuration d'origine. Les modèles sont de qualité très variable et beaucoup d'entre eux ont été montés sur des morceaux de bois recyclés par les artistes à partir d'anciennes boîtes ou coffres. Les personnages, peints de manière colorée, véhiculent néanmoins une vivacité et une énergie qui nous donnent une idée des activités trépidantes de la vie quotidienne égyptienne. Ils présentent également des poses et des sujets innovants qui n'auraient jamais été tentés dans les sculptures plus formelles représentant le propriétaire de la tombe et sa famille.
La production alimentaire est le thème dominant des maquettes et diverses activités sont représentées. La scène la plus courante montre des hommes au travail dans un grenier. Les céréales étaient l’unité de base de la richesse et des échanges dans l’Égypte ancienne, et une comptabilité minutieuse de la récolte était essentielle.
Une grande partie de ces céréales était destinée à la production de pain et de bière, aliments de base de l'alimentation égyptienne. Le brassage et la boulangerie avaient lieu dans le même atelier, et les hommes et les femmes partageaient le travail. Dans le modèle présenté ici, une femme moud la farine tandis qu'une seconde porte un plateau de pains au four et qu'une troisième s'occupe de la flamme. Pendant ce temps, un homme prépare de la bière en pressant le brassage à travers un tamis et dans un pot.
Vers la fin de la XIIe dynastie, un changement s'est produit dans les coutumes funéraires égyptiennes pour des raisons qui restent floues. Si les maquettes de bateaux continuent d'être déposées dans les tombes, les scènes d'artisanat et de production alimentaire disparaissent définitivement du répertoire des offrandes funéraires. À peu près à la même époque, les premières versions des oushebtis, figurines momiformes destinées à servir au nom du défunt dans l'au-delà, ont commencé à devenir plus courantes dans les inhumations.
Cette maquette, large de 22 cm, haute de 24,3 cm et profonde de 28 cm est datée du Moyen Empire, de la XIe dynastie (2010 - 1961 av. J.-C.). Elle a été découverte en mai 1915, à Deir el-Bersha, dans le tombeau 10 de Djehoutynakht - puits A - lors de fouilles de l’Harvard University - Boston Museum of Fine Arts Expedition. Lors du partage des fouilles, elle a été attribuée au Museum of Fine Arts de Boston où elle est entrée, le 1er mars 1921, sous le numéro 21.886.
SOURCE : Notice et informations Museum of Fine Arts Boston
Le petit + d'Ea :
Deir el-Bersha (Dayr-al Barsha) : "se trouve, à environ 300 km au sud du Caire, sur la rive est du Nil. Le site est surtout connu pour ses tombes rupestres de l'Ancien et Moyen Empire où certaines élites et les habitants aisés de l'ancienne ville d'el-Ashmunayn, de l'autre côté du Nil, ont été enterrés" (Bart Vanthuyne, "Early Old Kingdom rock circle cemeteries in Deir el Bersha and Deir Abu Hinnis").
C'est là que George Andrew Reisner à la tête de l’Harvard University - Boston Museum of Fine Arts Expedition, a retrouvé la demeure d'éternité de Djehoutinakht - gouverneur du Moyen Empire à fin de la XIe dynastie - et de son épouse.
https://collections.mfa.org/objects/143960/model-of-a-bakery-and-brewery?ctx=0435a456-5fe8-4243-ae9f-30895c9ceae8&idx=17
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