Nephthys est coiffée d'une perruque tripartite noire qui couvre la majeure partie de son front mais qui laisse ses oreilles dégagées. Ses grands yeux noirs, étirés d'une fine ligne de fard, sont surmontés de sourcils légèrement arqués qui leur répondent parfaitement. Le nez et la bouche sont sommairement représentés.
Autour de son cou est accroché un collier ousekh dont les rangs et les motifs les composant sont dessinés en noir. Elle porte des bracelets de poignet, des armilles (à l'humérus) et des périscélides (à la cheville), tous matérialisés par des traits horizontaux et verticaux noirs. Sous sa poitrine dénudée, sa robe verte est maintenue par une ceinture, ou bordure, également peinte en noir. Les zones de chair apparentes sont de couleur jaune clair.
Son bras gauche est posé à plat sur sa cuisse gauche alors que le droit est levé devant son visage. Les mains sont faites "d'une pièce" et les doigts sont définis, délimités, par des traits noirs. La paume de sa main droite est tournée face à elle, c'est une gestuelle rituelle du deuil, l'une des postures des pleureuses.
Cette représentation, bien que figée dans son silence, laisse résonner les lamentations et s'épandre la tristesse… Les sœurs divines incarnent les pleureuses par excellence ; ainsi précise Marcelle Werbrouck, "Isis est la 'grande pleureuse', Nephthys la 'petite pleureuse'. On les appelle aussi parfois les deux plaintives".
Près d'Isis, Nephthys occupe une place aussi discrète que prégnante. "Toujours à côté, sinon dans l'ombre de celle-ci, elle participe aux rites assurant la renaissance et la protection du dieu mort, emploi auquel se rapporte une épithète intraduisible - Kheresket" analyse avec sensibilité Jean-Pierre Corteggiani. Il précise également que : "La découverte des restes d'un temple d'époque romaine, à Kômir, non loin d'Esna, a montré que Nephthys pouvait être vénérée pour elle-même : un hymne datant d'Antonin le Pieux, gravé sur le soubassement du mur arrière de ce monument qu'elle partage avec Anouqis, l'assimile à la plupart des grandes déesses du panthéon"…
Elles ont été acquises chez Mohammed Mohassib, antiquaire bien connu alors sur la place de Louqsor. Dans son jeune âge, il avait été "donkey boy" au service de Lady Duff Gordon qui, selon le "Who was Who in Egyptology", lui avait enseigné l'anglais. Après avoir été vendeur d'antiquités "à la sauvette", il avait pu, au début des années 1880, "s'installer" et ouvrir un magasin. Le commerce des antiquités était alors non réglementé et il jouissait d'une bonne réputation. Ainsi, un nombre important d'artefacts provenant de la région thébaine, sont passés entre ses mains…
marie grillot
sources :
Mourning Nephthys
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/551501
Marcelle Werbrouck, Marcelle Baud, Les pleureuses dans l'Egypte ancienne, Éditions de la Fondation Égyptologique Reine Elisabeth, Bruxelles, 1938
Youri Volokhine, Tristesse rituelle et lamentations funéraires en Egypte ancienne, Ritual expressions of sadness and weeping in ancient Egyptian mourning, Revue de l'Histoire des Religions, Armand Colin, OpenEdition Journals, 2008
https://doi.org/10.4000/rhr.6043
Isabelle Franco, Dictionnaire de mythologie égyptienne, Pygmalion 1999
Jean-Pierre Corteggiani, L'Egypte ancienne et ses dieux, Fayard, 2007
Morris L. Bierbrier, Who Was Who in Egyptology, London, Egypt Exploration Society, 2012
Mourning Isis
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/566487
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