dimanche 3 septembre 2023

L'Égypte au cœur des musées : une minute pour une œuvre d'art" 2023 - Brooklyn Museum


 

Bague de Chéops


Bague de Chéops appartenant au prêtre Neferibrê - or
Période Tardive - XXVIe ou XXVIIe dynastie (vers 664 - 404 av. J.-C.)
acquise en 1852 en Egypte par Henry Abbott
Brooklyn Museum n° 37.734E (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) en septembre 1948
photo : "Brooklyn Museum photograph, 2011"


Parce que cette bague porte un cartouche du roi Khufu de la IVe dynastie, connu plus tard des Grecs sous le nom de Chéops, elle était autrefois reconnue comme étant une chevalière ayant appartenu au constructeur de la Grande Pyramide de Gizeh. Cependant, l'inscription montre qu'elle appartenait en fait à un homme nommé Neferibrê qui était prêtre des cultes d'Isis et de Khéops déifié à Gizeh, deux mille ans après sa mort. 

La lunette est de forme ovale avec la zone inscrite légèrement surélevée laissant une bordure ovale. La bague, réalisée en or pur de plus de vingt et un carats, est exceptionnellement lourde.

Sa provenance archéologique est non encore documentée, peut-être vient-elle de Gizeh. Elle est datée de la Période Tardive - XXVIe ou XXVIIe dynastie (vers 664 - 404 av. J.-C.).

Henry Abbott l'a achetée en 1852, en Egypte, puis  vendue en 1859 à la New York Historical Society à laquelle le Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) l'a acquise en septembre 1948. Elle est ainsi entrée dans ses collections sous le n° 37.734E.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Sur le plateau de Guizeh, près de la pyramide de Chéops, subsistent les vestiges oubliés d'un petit temple dédié à Isis … Son culte n'y était pas le seul célébré… En effet précise Christiane M. Zivie-Coche dans "Giza au premier millénaire autour du temple d'Isis Dame des Pyramides" (Boston, 1991) :  "la XXVIe dynastie a vu se développer à Giza l'ensemble des cultes des rois anciens qui perdurèrent d'ailleurs sous les souverains perses, tandis que des travaux de réfection et d'agrandissement se déroulaient au temple d'Isis". Ainsi ajoute-t-elle : "Dans les titulatures des prophètes d'Isis, une autre séquence importante est celle des prêtres des rois anciens, Chéops en tête".



https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/4094

 


 

Fragment peint représentant 

la Dame Tjepou


Fragment peint représentant la Dame Tjepou - calcaire - gesso -pigments
Nouvel Empire - XVIIIe dynastie (vers 1390 - 1353 av. J.-C.) - provenant de la tombe de Nebamon à Thèbes
Brooklyn Museum n° 65.197 (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - photo Brooklyn Museum



Cette représentation de la noble Tjepou, l'une des peintures les plus remarquables de l'Égypte ancienne, provient de la tombe construite pour son fils Nebamon et pour un homme nommé Ipouky. Les artistes égyptiens ne dépeignaient généralement pas les individus tels qu'ils étaient vraiment, mais plutôt comme éternellement jeunes, richement vêtus et dans une attitude de repos.

Tjepou avait environ quarante ans lorsque ce portrait a été exécuté, mais elle est représentée dans ce qui était le summum de la mode juvénile sous le règne d'Amenhotep III : un cône parfumé sur sa lourde perruque, une tresse latérale délicate et une robe à franges en lin semi-transparent. La description du catalogue précise que : "Cette peinture fragmentaire sur calcaire et gesso de la partie supérieure d'une figure féminine est identifiée par les restes d'un texte au-dessus de l'arrière de sa tête comme Tjepou, mère de Nebamon de Thèbes. Elle a un cône d'onguent sur la tête ; un bras est levé, l'autre main tenant un menat. Les cheveux sont noirs ; elle porte sur son vêtement un châle diaphane blanc qui laisse un sein nu. Le contour du fragment est irrégulier.

Daté du Nouvel Empire, de la XVIIIe dynastie (vers 1390 - 1353 av. J.-C.), ses dimensions sont de 37,6 cm de haute de  24 cm de large.
Ce fragment est entré dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 65.197.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Sous les règnes de Thoutmosis IV et d’Amenhotep III, Nebamon fut scribe et comptable du blé dans le grenier des offrandes divines du temple d'Amon à Karnak. Cette position importante lui permit d'avoir sa demeure d'éternité sur la rive ouest de Thèbes. Découverte, en 1820, par Giovanni d'Athanasi pour le compte du Consul Henry Salt, son emplacement est malheureusement perdu aujourd'hui, mais on la situe plutôt dans la nécropole de Dra Abu el-Naga. 

La qualité de ses scènes témoigne qu'elle a été réalisée au cours d'une période aux arts florissants : "Stylistiquement, les magnifiques peintures murales peuvent être datées soit des dernières années du règne d'Amenhotep III (1390 - 1352 avant notre ère), soit des premières années de son successeur".

Le Consul Salt fera prélever de sa chapelle onze panneaux peints qui seront vendus au British Museum, en 1821. Le Musée précise d'ailleurs que "d'autres fragments se sont retrouvés à Berlin et peut-être même au Caire"… On peut donc y ajouter celui-ci, qui se trouve au Brooklyn Museum.…

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3743

 



Statue d'un roi amarnien


Statue d'un roi amarnien - calcaire, pigment, feuille d'or
période amarnienne (vers 1352 - 1336 av. J.-C.) - provenant de Tell el-Amarna
Brooklyn Museum - n° 29.34 (Don de l'Egypt Exploration Society) - photo: Brooklyn Museum


Pendant la période amarnienne, les artistes ont dépeint le roi et la reine comme des êtres combinant des traits masculins et féminins. La flexibilité de genre du roi assurait la fertilité de la terre et de toutes les créatures vivantes. Un mâle royal avec des caractéristiques sexuelles féminines a été à l'origine de la croyance que les individus pouvaient assumer à la fois un genre masculin et féminin dans la tombe.

Ici, le ventre distendu du roi révèle qu'il est enceinte. Il s'agit d'une vision féminisée d'un roi avec des épaules étroites, un torse fin et des seins féminins. La peau rouge du roi, comprise comme la couleur du disque solaire, l'associait au dieu solaire Rê : après la mort, tous les Égyptiens espéraient se transformer en Rê-Osiris pour voyager puis vivre dans l'au-delà.

La description du catalogue précise que : "cette statuette en calcaire représente un roi debout, probablement Akhenaton, coiffé de la couronne bleue. Ses bras sont tendus le long du corps. Son uraeus, son collier et son pagne sont recouverts de feuille d'or. Sa chair est peinte en rouge ; aucune inscription ne figure. Sa tête, cassée au niveau du cou, a été replacée. Cette statuette a été restaurée aux chevilles aux pieds à Oxford ; sa peinture est écaillée". 

Haute de 21,3 cm, elle provient de Tell el-Amarna et est datée de la période amarnienne (vers 1352 - 1336 av. J.-C. - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie).

Don de l'Egypt Exploration Society, elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum sous le n°29.34.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Le souverain est coiffé de la couronne "bleue", qui est parfois apparentée à un 'casque'. Ce "khepresh" semble apparaître dans les représentations royales au Nouvel Empire et, selon Karol Mysliewiec : "la première statue royale connue coiffée du khepresh est l'une d'Amenhotep III". Si aucune couronne de ce type n'a été réellement découverte, on peut supposer qu'elle était : "probablement en cuir ou en peau d’autruche sur une structure rigide, en forme de bulbe souvent enjolivée de pois jaunes en or, ou blancs". Son centre est orné d'un uraeus lové, dont le corps remonte vers le sommet.

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3305

 

 


Miroir avec un manche 

représentant une jeune fille nue 


Miroir avec un manche représentant une jeune fille nue - alliage d'argent et de cuivre
Nouvel Empire - XVIIIe dynastie (vers 1478 - 1390 av. J.-C.)
provenance : Assouan
 - Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour)
sous le n° 37.635E - photo : Brooklyn Museum

La coiffure de la représentation féminine nue sur le manche de ce miroir - tresses épaisses entourant le visage - était populaire au milieu de la XVIIIe dynastie, et permet ainsi aux historiens de l'art de pouvoir dater l'œuvre. La description du catalogue apporte les précisions suivantes : "Le miroir est fait dans un alliage d'argent et de cuivre. La figure féminine nue fait office de poignée. La patine, vert foncé vif, a quelques zones brunes et certaines parties sont atteintes de la maladie du bronze. En ce qui concerne la technique de fabrication, le  disque a été coulé sans martelage ultérieur ; la poignée a elle, été coulée en une seule pièce, solide, le détail du collier et les côtés de l'ombelle de papyrus ont été moulés.

Haut de 24,7 cm, large de 14 cm, il date du Nouvel Empire, de la XVIIIe dynastie (vers 1478 - 1390 av. J.-C.).

Il proviendrait d'Assouan et il est entré dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.635E.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Dans l'Égypte ancienne, les différents noms qui sont donnés au miroir sont extrêmement "révélateurs" : "La chose où est vue la face", "La chose qui ouvre ou révèle la face". Ils traduisent la part de mystère qu'ils révèlent et également la conscience liée au mystère qui amène cette révélation. Cependant, le nom qui revient le plus souvent est 'ankh' : "le mot même qui désigne la vie. Ainsi, le miroir doit être compris non seulement comme un instrument de toilette, mais aussi comme un puissant symbole : c'est un 'donneur de vie'."

Il est également associé à Hathor "la grande déesse de l'amour physique" dont il est, avec le sistre "l'instrument principal de séduction, reflet de la beauté".

Dans "Les objets de toilette égyptiens au Musée du Louvre" Jeanne Vandier d'Abbadie précise : "A partir du Nouvel Empire apparaissent les manches-statuettes en bronze, en bois ou en ivoire, présentant l'aspect d'une jeune fille nue".

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/4068

 

 


Masque d'une momie de  femme 

de l'époque romaine


Masque d'une momie de  femme de l'époque romaine - lin, gesso, feuille d'or, verre, faïence
époque romaine - Ier siècle ap. J.-C. - provenance : Hawara
Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - n° 
 69.35 - photo : Brooklyn Museum


Ce cartonnage d'une momie de femme la représente avec un vêtement drapé, une coiffure élaborée, des yeux incrustés de verre, un collier (autrefois entièrement incrusté) et une guirlande. Elle porte également des bracelets serpent, en relief, sur le haut des bras et les poignets. Le devant du masque est principalement doré, mais la couronne, le dessus et les côtés de la tête sont peints. Cet objet fragile est fait de lin et de gesso. Il est fissuré à plusieurs endroits et un peu ébréché. Des fissures et des éclats sur le cou, l'épaule gauche et la joue gauche ont été restaurés avant que la pièce n'arrive à Brooklyn.

Le masque de momie majoritairement doré est une démonstration particulièrement ostentatoire de la richesse du propriétaire. Le vêtement de cette femme est nettement romain, mais cet objet remplit une fonction religieuse égyptienne (orner la momie). Les sourcils bleus sont un détail surprenant et révélateur. Les anciens Égyptiens croyaient que les dieux avaient des cheveux faits de lapis-lazuli, une pierre bleue. Les sourcils bleus de la femme nous disent qu'elle espère rejoindre les dieux égyptiens dans l'au-delà.

Haut de 58,4 cm, large de 22,9 cm, il est daté de l'époque romaine, du Ier siècle de notre ère.

Il pourrait provenir de Hawara et il est entré dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n°  69.35.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

En 30 avant J.-C., l'Egypte est devenue une province romaine, administrée depuis Alexandrie, par un Préfet. Les nouveaux "maîtres du pays" adoptent les coutumes funéraires de l'Égypte pharaonique tout en introduisant l'art du portrait.

"Si l'ensemble des rituels funéraires et du mobilier funéraire restent globalement inchangés par rapport aux périodes précédentes, malgré une diminution quantitative indéniable, le rendu stylistique est fortement conditionné par l'art classique et connaît de profonds changements. Influencés par la diffusion massive du portrait romain, les masques de momies et les cartonnages évoluent vers une représentation plus fidèle du défunt… Les portraits procèdent de la fusion de deux traditions :  l'une égyptienne qui vise à la renaissance du défunt dans un idéal de bien-être, l'autre romaine, qui restitue une image réaliste de la personne décédée" précise Alessia Fassone "Epoque romaine et antiquité tardive" dans le catalogue du "Museo egizio di Torino" (Franco Cosimo Panini Editore, 2016).


https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3778

 

 


Représentation de la déesse Nephthys


Représentation de la déesse Nephthys - bois peint
Époque tardive à Époque ptolémaïque (vers 664 - 30 av. J.-C.) - provenance archéologique inconnue
acquise en mars 1911, chez Nicholas Tano au Caire, ou Mohasieh à Louxor par le colonel Robert B. Woodward
pour le Brooklyn Museum - n°  11.681
photo : Creative Commons-BY - Brooklyn Museum

Cette représentation en bois peint de la déesse Nephthys repose sur un haut socle oblong. Le bras gauche est posé sur sa cuisse et son bras droit est levé devant le visage. Elle porte une perruque bleue, une haute coiffe jaune et un vêtement vert noué sous les seins qui sont découverts. Son état de conservation est passable, la peinture fragile s'écaille à certains endroits. Sa base, décorée en motif de façade de niche, est ébréchée et cassée en plusieurs parties, et tachée au dos. Le travail est de bonne qualité. Les zones de chair apparentes ont peut-être été repeintes et les zones blanches sur le dessus de la base l'ont toutes été.

Cette statue, haute de 40,6 cm, est datée de l'Époque tardive à Époque ptolémaïque (vers 664 - 30 av. J.-C.).

Sa provenance archéologique est non encore documentée. Elle a été acquise en mars 1911, chez Nicholas Tano au Caire, ou Mohasieh à Louxor par le colonel Robert B. Woodward pour le Brooklyn Museum. Elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum  sous le n°  11.681.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Nephthys est identifiable par les deux signes qu'elle porte sur la tête et qui permettent d'écrire son nom : l'idéogramme château (hout) surmonté de celui de la corbeille (neb). 

"La Dame du Château est la sœur d'Osiris, d'Isis et de Seth, et également l'épouse de ce dernier. Au cours de la lutte qui oppose les deux frères, elle fut pourtant l'alliée du dieu martyr et aida Isis à reconstituer son cadavre. Anubis est parfois considéré comme le fils adultérin que lui aurait donné Osiris. Elle figure avec sa sœur auprès de la dépouille divine, la pleurant et veillant sur elle…" précise Isabelle Franco dans son "Dictionnaire de mythologie égyptienne".
Ainsi Isis et Nephthys sont-elles fréquemment représentées dans le contexte funéraire dans leur gestuelle spécifique de déesses deuillantes, pleureuses et protectrices, participant également à la renaissance du défunt. Elles sont souvent associées à Neith et Selqet.

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3074

 


Statue de Nykara et sa famille


Statue de Nykara et sa famille calcaire peint
Ancien Empire - fin de la Ve dynastie (vers 2455 - 2350 av. J.-C.) - provenance possible : Saqqarah
Brooklyn Museum - n° 49.215 (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - photo: Brooklyn Museum


Ce groupe familial représente Nykara, dont le titre est "scribe du grenier", qui est assis entre deux personnages debout, sa femme et son fils. Si Nykara avait été représenté debout, ses dimensions auraient été telles qu'il aurait dominé les deux autres personnages. De plus, bien que la nudité du garçon, ses mèches de cheveux et son geste du doigt à la bouche indiquent sa jeunesse, il est représenté de la même taille que sa mère. Ces disproportions résultent apparemment de la volonté du sculpteur d'avoir les trois têtes au même niveau.

Comme les attitudes, les couleurs de peau, sont  symboliques dans l'art égyptien antique. Nykara et son fils sont de couleur beaucoup plus foncée que celle de la femme. Ce n'est pas une représentation de la réalité, mais cela respecte la convention de l'Égypte ancienne selon laquelle les hommes sont représentés d'une couleur plus rougeâtre et les femmes d'un blanc plus jaunâtre.

La description du catalogue précise que cette triade en calcaire peint était en mauvais état : les têtes très endommagées, surtout celle du personnage central, étaient séparées des corps. La partie avant de la base était brisée en plusieurs morceaux et l'on notait une perte de couleurs considérable.

Haute de 57,5 cm, elle est datée de l'Ancien Empire, de la fin de la Ve dynastie (vers 2455 - 2350 av. J.-C.).

Elle pourrait provenir de Saqqarah et elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 49.215.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Dans ses fructueuses recherches, Gaston Maspero est : "parvenu à constater l'existence soit à Memphis même, soit dans le village ancien de Saqqarah, de deux ateliers principaux de sculpteurs et de peintres, à qui la clientèle des derniers temps de la Ve dynastie confiait le soin de décorer les tombes et de tailler les statues funéraires. Chacun avait son genre particulier, ses traditions, ses modèles dont il ne s'écartait pas volontiers. Les commandes se répartissaient entre eux dans des proportions inégales, selon qu'il s'agissait de statues isolées ou de bas-reliefs. Je ne me rappelle pas avoir remarqué des différences de style sensible, entre les tableaux qui couvrent les murs d'un même mastaba : on s'adressait pour ce genre de travail à l'un ou l'autre des deux ateliers, qui se chargeait à lui seul de l'entreprise. Pour les statues au contraire, on avait recours aux deux à la fois. La besogne ainsi divisée allait plus vite et l'on avait plus de chance de l'achever pour le jour des funérailles. Je ne veux point dire qu'il n'y eût alors que les deux ateliers dont je parle. J'ai cru trouver la trace de plusieurs autres écoles, mais peut-être avaient-elles une vogue moindre, peut-être le hasard des fouilles ne leur a-t-il pas été favorable jusqu'à présent..." (extrait de son article "Le nouveau scribe du musée de Gizeh" publié dans la "Gazette des beaux-arts : courrier européen de l'art et de la curiosité - 1893-01"

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3544

 


 

Statue d'Anubis


Statue d'Anubis - bois peint
Epoque ptolémaïque - XXVIe dynastie (vers 664 - 30 av. J.-C.) - provenance possible : Saqqarah
acquise en Egypte en 1852 par Henry Abbott, en 1859 par la New York Historical Society
en 1948 par le Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - n° 37.1478Ea-b - photo: Brooklyn Museum


Cette élégante statue en bois du dieu chacal Anubis portant un ruban rouge autour du cou le représente en gardien de la nécropole, l'un de ses rôles les plus habituels. Les Égyptiens savaient que les chacals habitaient le bord du désert, où se trouvaient les cimetières.

La pose qu'Anubis prend ici représente le dieu juché sur la montagne sacrée surplombant la nécropole, la queue tombant vers le bas. Il s'agit de la même forme d'Anubis que celle adressée dans la prière funéraire récitée par les prêtres égyptiens pour le défunt.

La description du catalogue précise que la statue est composée de six morceaux de bois fixés ensemble par des chevilles et de la colle animale. La pièce a probablement été faite pour reposer sur le haut d'un sarcophage. Le visage est composé de deux pièces de bois séparées collées ensemble, dont un côté est maintenant perdu. Elles étaient attachées au reste de la tête par des chevilles. Le cou, qui était autrefois une pièce séparée, était perdu et il a été remplacé. Une grande fissure horizontale s'étend de l'épaule aux hanches le long du côté gauche. Dans l'ensemble, la peinture noire et la peinture rouge du collier sont bien conservées. La queue (séparée) mais attachée par de la cire est bien conservée.

Cette statue, haute de 66  cm, est datée de l'Époque ptolémaïque, XXVIe dynastie (vers 664 - 30 av. J.-C.).

Sa provenance archéologique est non encore documentée, mais serait probablement Saqqarah. Elle a été acquise en 1852 en Egypte par Henry Abbott du Caire et de New York. Vendue en 1859 à la New York Historical Society, qui l'a prêtée en 1937, au Brooklyn Museum qui lui a achetée en 1948. Elle est entrée dans ses collections (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.1478Ea-b.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Anubis (Inepou) peut être représenté sous forme d'un chacal couché sur un coffre ou une chapelle, ou bien comme un homme à tête de canidé. Il est pourvu de nombreuses épithètes parmi lesquelles : "Celui qui est sur sa montagne", "Celui qui est au dessus des secrets", "Supérieur des mystères", "Celui qui est dans la maison des bandelettes, "Celui qui préside à la tente divine", "Seigneur de la nécropole" "Le maître de la Terre Sacrée"…

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/4155

 

 


Cercueil de chat 


Cercueil de chat - bois, gesso, pigment, verre, restes d'animaux
Basse Epoque - XXe - XXXe dynastie (vers 664 - 332 av. J.-C.) - provenance possible : Saqqarah
Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) n° 37.1946Ea-b - photo: Brooklyn Museum


Certaines momies de chat ont été enterrées dans des cercueils en bois en forme de chat, richement sculptés et recouverts de feuille d'or. Des traces de dorure sont nettes sur la tête de celui-ci.

La description du catalogue précise qu'il est composé de plusieurs morceaux de bois, reliés par des chevilles en bois. Les joints principaux semblent dirigés dans le sens de la longueur au centre du cercueil, le divisant en deux moitiés. La momie de chat a été insérée à l'intérieur, le cercueil a été assemblé, puis le gesso et la couche de matériau sombre (peinture ?) ont été appliqués, scellant efficacement les joints d'assemblage. Le cercueil a été conçu pour être inséré dans une base en bois. Faite d'une seule pièce, elle comporte des zones vides, creusées pour accepter la mortaise, comme des jointures sous les pieds à l'avant et à l'arrière du chat. La queue du chat est sculptée dans trois morceaux de bois qui ont été goujonnés dans le haut de la base. En examinant les radiographies prises, la momie du chat semble être positionnée de sorte que les pattes avant soient relevées et pliées par opposition à étendues et croisées comme on le voit sur d'autres momies de chat. Sur le cercueil, il existe une dépression rugueuse au sommet de sa tête.

Des chats, domestiques et sauvages, vivaient avec les anciens Égyptiens. Ils étaient associés à une bonne vision nocturne et à la capture de souris et des serpents, des faits qui conduisaient à une association avec certains dieux. Ils étaient également associés aux lions, et les deux animaux ont été identifiés pour leurs instincts maternels. Par exemple, la déesse mère protectrice Bastet était souvent représentée sous la forme d'un chat ou avec une tête de chat. Il existait également plusieurs déesses à tête de lion ou de lionne, notamment Ouadjet, Mout, Chezemtet, Pakhet et Tefnout.

En raison de ces associations mythologiques, leur fourrure, les excréments et la graisse des chats étaient utilisés en médecine ou en magie, tandis que les petits chats étaient également utilisés comme symboles de fertilité et de sexualité. 

La plupart des chats momifiés ont été sacrifiés pour être offerts à Bastet et à d'autres divinités félines. Certains chats, en particulier les animaux de compagnie, auraient été momifiés après leur mort pour une autre raison.

Réalisé en bois, gesso, pigment, verre et contenant des restes d'animaux, ce cercueil est haut de 61,6 cm.

Il est daté de la Basse Epoque, de la XXe à la XXXe dynastie (vers 664 - 332 av. J.-C.) et pourrait provenir de Saqqarah. Il est entré dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.1946Ea-b.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Dans "Le crépuscule des pharaons", Laurent Coulon rappelle que : "Les falaises de Saqqara abritaient un Bubastéion près duquel étaient inhumées des milliers de momies de chat. Dans ces sanctuaires, la consécration d'une momie de chat à la déesse et celle d'une effigie en bronze devaient relever d'une même démarche religieuse, l'une pouvant en l'occurrence être contenue par l'autre. À l'examen des momies, il est apparu que loin d'être un animal sacré et intouchable, le chat était avant tout une simple image de la divinité, qu'il était possible de sacrifier, même très jeune. Consacrées par les fidèles en ex-voto aux déesses locales, les momies accompagnées éventuellement de bronzes étaient ensuite entreposées dans des catacombes où elles s'entassaient par centaines de milliers"...

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/118450

 

 


Applique représentant un babouin


Applique représentant un babouin - lin

Période ptolémaïque - provenant de Saqqarah

Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - n° 37.272E - photo Brooklyn Museum


Le babouin, comme l'ibis, était l'animal sacré du dieu Thot. Un petit nombre de momies de babouins ont été enterrées dans des cimetières d'ibis. Cette petite applique était autrefois attachée à une momie de babouin, servant ainsi à l'identifier comme contenant un babouin. 

Des momies de singe ont été trouvées dans presque toutes les nécropoles de la période ptolémaïque. Ils jouissaient d'une popularité parmi l'élite égyptienne. 

Des scènes de tombes représentant des singes sous les chaises de certains personnages suggèrent qu'ils avaient un rôle d'animal de compagnie. Ces images peuvent également être assimilées à la sexualité et suggérer que les singes contribuaient à la renaissance de l'être humain dans l'au-delà.

Parce que les babouins lèvent leurs bras chaque matin pour réchauffer leur corps à la lumière du soleil, parce qu'ils crient à l'aube comme pour saluer le soleil, ils sont associés au dieu solaire, Rê. 

Considérés comme des animaux très intelligents, ils étaient également associés à Thot, le dieu de la sagesse. Leur nature, parfois agressive, les a amenés à être également considérés comme des gardiens.

Haute de 14 cm, cette "applique", réalisée en lin, est datée de la période ptolémaïque et provient de Saqqarah. Elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.272E.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Le dieu Thot, est l'une des figures incontournables du panthéon égyptien. Il est représenté soit comme un homme ibiocéphale, soit comme un ibis, soit encore comme un babouin "hamadryas". Grand savant, "seigneur du calame', il a l'apanage d'être reconnu comme étant à l'origine des "paroles divines" (c'est-à-dire des hiéroglyphes) et il est, à ce titre, considéré comme le protecteur des scribes. Mais ses hautes "fonctions" sont loin de s'arrêter là… Ce "maître du verbe" est également "maître du temps" et, à ce titre, organise l'espace céleste, contrôle les cycles cosmiques, associé alors à Maât qui veille à l'équilibre du monde… 

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/116954

 

 


Statue-cube d'un haut fonctionnaire


Statue-cube d'un haut fonctionnaire - diorite
période ptolémaïque
 (vers 305 - 30 av. J.-C.) - provenance possible : Karnak
Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 69.115.1 - photo Brooklyn Museum


Des hommes haut placés, comme le fonctionnaire représenté ici, appelé Nesthoth, pouvaient se permettre de commander des statues taillées dans une pierre dure rare comme la diorite. Étant donné que les Égyptiens croyaient qu'après la mort d'une personne, son âme pouvait habiter une statue, la commande de telles représentations pour le temple permettait d'être éternellement présent lors des processions et de voir l'image du dieu dans le temple. La légère inclinaison de la tête de Nesthoth suggère l'attitude d'un homme pieux regardant la procession divine.

La description du catalogue précise que cette statue en diorite noire est inscrite au nom de Djehouty-nes. Il porte une imposante perruque lisse et une courte barbe. Dans chaque main, il tient le signe de la vie. Son nez est droit. Ses sourcils horizontaux, le bord de ses paupières supérieures et les lignes de fard sont exécutés en relief. Sculptée en relief en creux dans la partie du vêtement qui couvrait le devant de ses jambes, se trouve une représentation, de face, d'un babouin couronné d'un disque solaire soutenu par une croissant de lune. La figure repose sur une base arrondie à l'avant. À l'arrière, un pilier dorsal s'élève de la base jusqu'au bord inférieur de la perruque. Il est décoré de deux colonnes d'inscription, alors qu'une seule ligne d'inscription court autour de la base. Les hiéroglyphes, qui ne sont que grossièrement écrits, sont apparemment inachevés. Une faille ou veine dans la pierre, apparaissant comme une ligne blanchâtre, court autour du personnage, passant à l'arrière de la tête et sur le côté gauche. 

Réalisée en diorite, cette statue haute de 39 cm est datée de la période ptolémaïque (vers 305 - 30 av. J.-C.). Elle pourrait provenir de Karnak et est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 69.115.1.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Ce type de statue, appelée "statue-cube", est apparu en Egypte, dès le début du Moyen Empire, et a perduré jusqu'aux périodes tardives. Dans leur "Catalogue officiel du Musée Egyptien du Caire", Mohamed Saleh et Hourig Sourouzian analysent ainsi les raisons de cette "longévité" : "On pense que son succès est dû au fait qu'une statue-cube n'exige pour matériau qu’un bloc de pierre cubique; elle est compacte donc difficile à détruire: elle offre de surcroît des espaces importants pour l'inscription des prières et des textes biographiques".

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3784

 

 


Collier à un rang de perles 

et amulettes de Thouéris


Collier à un rang de perles et amulettes de Thouéris - faïence
Nouvel Empire - fin de la XVIIIe dynastie (vers 1332 - 1292 av. J.-C.) - provenance possible Malqatta (Thèbes)
Brooklyn Museum n° 48.66.42 (par un don de Mme Lawrence Coolidge,
de Mme Robert Woods Bliss et le Fonds Charles Edwin Wilbour) - photo Brooklyn Museum

Dans l'art égyptien, un symbole pouvait représenter tout à la fois une caractéristique et son contraire. Ainsi, l'hippopotame pouvait représenter alternativement un grand danger et le chaos ou la fertilité et la protection lors de l'accouchement. La statuette d'un hippopotame mâle pouvait représenter le dieu Seth, qui incarnait le danger, le chaos et le désordre dans le monde. Ce collier, composé d'images de la déesse hippopotame femelle Thouéris, pouvait, lui,  avoir comme rôle de protéger une femme lors de l'accouchement.

Au centre se trouve une amulette de Thouéris émaillée bleu foncé et, de chaque côté, séparées par des groupes de dix petites perles en forme de disque émaillées bleues et bleu-vert, six amulettes de Thouéris, plus petites, en glaçure bleu clair et foncé, vert et violet (?). A chaque extrémité se trouve une suite plus importante de perles en forme de disque. Si ce n'est la glaçure légèrement usée sur certaines amulettes, son état de conservation est bon.

Long de 20 cm, ce collier est daté du Nouvel Empire, probablement de la fin de la XVIIIe dynastie (vers 1332 - 1292 av. J.-C.). Il pourrait provenir de Malqatta (Thèbes). Il est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (par un don de Mme Lawrence Coolidge, de Mme Robert Woods Bliss et le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 48.66.42.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Avec sa silhouette lourde et son apparence, il faut bien le reconnaître, un peu monstrueuse, Thouéris (Taoueret - Taweret) est bien loin de l'image que l'on peut avoir d'une déesse "protectrice"… Son rôle est cependant bien de protéger la femme pendant les mois de grossesse, au moment de l'accouchement, puis au cours de la phase d'allaitement, cette protection s'étendant également au nourrisson.

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3510

 

 


Tête féminine d'un sphinx 


Tête féminine d'un sphinx -  chlorite
Moyen Empire - XIIe dynastie - provenance possible Héliopolis - puis Villa Adriana ?
"réapparue" au XVIIIe siècle à Rome - acquise auprès de Spink and Son à Londres en 1956
par le Brooklyn Museum - n° 56.85 - photo Brooklyn Museum


De petits détails fournissent parfois des indices déterminants pour comprendre une sculpture. Sur cet objet, par exemple, le dos de la perruque s'étend horizontalement au lieu de descendre, indiquant que la tête appartenait à l'origine à un sphinx, une créature mythologique à tête humaine et à corps de lion. Les sphinx représentaient la capacité du roi à écraser les ennemis de l'Égypte. Bien que les sphinx soient généralement des hommes, la lourde perruque striée présentée ici n'apparaît que sur des représentations féminines.

Les yeux incrustés de cette statue, probablement en métal et en pierres colorées, ont été creusés dans l'Antiquité, entraînant d'importants dégâts. Des réparations aux yeux, aux lèvres et au menton auraient été faites au XVIIIe siècle.

Elle est fabriquée en  chlorite, un type de pierre métamorphique, matériau relativement rare dans la sculpture égyptienne. Si vous regardez attentivement le visage, vous pouvez clairement voir les restaurations qui ont été faites. On pense qu'une tentative de restauration a été faite au XVIIIe siècle. Les restaurateurs de l'époque ont probablement réparé l'uraeus endommagé (serpent à la racine des cheveux, que vous voyez sur de nombreuses œuvres égyptiennes) en le réduisant à un bijou comme une pince à cheveux et en éliminant toute trace de son corps qui était probablement enroulé sur le dessus de la tête.

La tête est probablement celle d'une reine ou d'une princesse l'uraeus n'étant porté que par la royauté. 

Les sphinx représentaient généralement la capacité du roi à écraser les ennemis de l'Égypte. Ainsi, la représentation d'une femme en tant que sphinx est certainement révélatrice de son statut élevé de reine ou de princesse. Les lions étaient vénérés pour leur force, leur courage et leur majesté et l'instinct maternel de la lionne représentait la dualité mystique de la fureur et de l'attention.

Haute de 39,5 cm, elle pèse de 56,47 kg. Elle est datée du Moyen Empire, de la XIIe dynastie, et pourrait provenir d'Héliopolis.

Cette œuvre était dans la collection du cardinal Alessandro Albani à Rome, les érudits suggèrent qu'elle est parvenue à Rome lorsque l'empereur Hadrien a commencé à collectionner l'art égyptien au premier siècle de notre ère pour sa célèbre villa.

Sans le contexte original, il devient beaucoup plus difficile de spéculer sur le sens ou la fonction de la pièce. Sa provenance archéologique est non encore documentée, apparemment Rome, peut-être la villa d'Hadrien à Tivoli.

Après sa vente par le cardinal Albani de Rome, elle est passée dans différentes collections, et en 1956, le Brooklyn Museum l'a acquise auprès de Spink and Son, Ltd. à Londres. Elle est entrée dans ses collections sous le n° 56.85.

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Le sphinx est une statue "hybride", qui est, le plus souvent, composée d'un corps de lion sur lequel repose une tête humaine. Selon Jean-François Champollion : "Le Sphinx était l'emblème de la sagesse unie à la force, attribut essentiellement propre à la divinité, et qui était accordé aux Pharaons, images vivantes de la divinité sur la terre. La tête de l'animal à tête humaine avait les traits du Dieu, c'est-à-dire du Roi déifié, qu'il concernait."

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3623

 

 


"Paddle Doll"


"Paddle doll" - bois peint
Moyen Empire - vers 2008 - 1630 av. J.-C.
Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) n° 37.103E - photo Brooklyn Museum


Le terme de "paddle doll" remonte à la première découverte de tels objets par les archéologues au début du XXe siècle. Aujourd'hui, les égyptologues interprètent ces objets non pas comme des poupées, mais comme des représentations de musiciennes qui faisaient également office de sages-femmes. Les colliers qu'elles portent représentent un instrument de musique appelé menat en égyptien.

Les Égyptiens considéraient la musique comme un élément thérapeutique, voire magique, d'aide à l'accouchement. Lorsque ces représentations étaient déposées dans les tombes, elles pouvaient aider à atténuer la douleur de la renaissance dans la vie suivante.

La description du catalogue précise que cette représentation féminine en bois est plate, avec des détails d'anatomie, des vêtements et bijoux peints en rouge et noir sur les deux faces. Son bras gauche est manquant et des parties de la tête et du bras droit ont été cassées. On note la présence de deux trous : l'un sous la tête et l'autre près du bas. Les pourtours sont usés, surtout en bas à gauche. Il y a des lignes diagonales marquées à l'avant et à l'arrière, et des taches grisâtre.

Haute de 22,6 cm, elle est datée du Moyen Empire, vers 2008 - 1630 av. J.-C..

Elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.103E

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Dans "L’origine et la signification du contrepoids du collier-menat" (Bifao 52), Paul Barguet définit ainsi les "paddle doll" : "Ces 'poupées', grossièrement décorées, ont le corps coupé sous le sexe en un arrondi qui donne au bassin ainsi délimité une dimension hors de proportion avec le reste du corps ; les seins et le triangle pubien y sont fortement marqués. L'absence totale des jambes, et quasi totale des bras, coupés près des épaules, l'absence aussi, en général, de la tête, le départ du cou étant seul marqué, donne toute sa valeur au seul torse."

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/116826

 


 

Cuiller à fard aux grenades


Cuiller à fard aux grenades - ivoire
Nouvel Empire - XVIIIe dynastie (vers 1336 - 1327 av J.-C.)
Brooklyn Museum n° 37.103E (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) - photo Brooklyn Museum


La fin de la XVIIIe dynastie a été l'une des périodes aux styles les plus flamboyants et les plus excessifs de l'histoire égyptienne. Cette cuiller illustre l'esthétique dominante de l'époque : l'union complémentaire d'éléments naturalistes, d'un "design" formel et de détails stylisés excessifs.

Le motif est une branche de grenadier se terminant par un énorme fruit jaune rougeâtre qui glisse sur un petit pivot pour révéler le contenant de la cuiller. De minuscules grenades, des fleurs peintes de couleurs vives et des feuilles élancées sortent de la tige qui sert de poignée. Sous les feuilles les plus basses, l'artisan a ajouté un ornement extraordinaire : deux fleurs de lotus et, émergeant de chacune d'elle, un fruit de Mimusops (= pomme jacquot).

Bien que les éléments individuels de la cuiller soient traités avec une attention méticuleuse portée aux détails, le "design" lui-même est une pure fantaisie. Par exemple, les fleurs et les fruits de grenade n'apparaissent jamais sur un arbre en même temps.

La description du catalogue précise que : "Le contenant de la cuiller formé par la grenade est peint dans un brun pâle chaud, les fleurs sont rouge foncé, les feuilles, la tige et les petits fruits noirs, le garrot du manche brun pâle et les tiges de lotus rouges. A part le fait que le dessous de la grosse grenade est aplati pour fournir une surface sur laquelle reposer la cuiller, la pièce est identique des deux côtés. Elle a probablement été fabriquée à des fins funéraires, et non pour un usage réel.

Réalisée en ivoire, elle est haute de 20,8 cm et date du Nouvel Empire, de la fin de la XVIIIe dynastie, vers 1336 - 1327 av. J.-C..

Elle est entrée dans les collections du Brooklyn Museum (via le Fonds Charles Edwin Wilbour) sous le n° 37.103E

SOURCE : Notice et informations Brooklyn Museum

 

Le petit + d'Ea : 

Dans sa notice présentant un vase de l'époque  ramesside en forme de  grenade, le Metropolitan Museum of Art de New York apporte ces précisions :  "La grenade n'est arrivée en Égypte qu'au début du Nouvel Empire, date à laquelle elle a probablement été ramenée d'Asie occidentale lors des campagnes militaires du début de la XVIIIe dynastie. Alors que le fruit n'était peut-être initialement disponible qu'en importation, des grenadiers ont rapidement été plantés dans les jardins égyptiens. Le jus était prisé comme boisson et souvent ajouté au vin, mais il pouvait également être utilisé comme astringent pour resserrer les tissus et réduire le gonflement des plaies… Les attributs du fruit ont servi de point de départ à une forme de récipients, élégants et stylisés au bord festonné…"

 

https://www.brooklynmuseum.org/opencollection/objects/3462

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire