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Col d'un récipient orné de deux compositions identiques représentant un félin de part et d'autre d'un visage hathorique or et argent - Nouvel Empire - Epoque Ramesside (XIXe dynastie) provenant de l'un des "Trésors de Tell Basta" (Zagazig - Bubastis) découverts les 22 septembre et 17 octobre 1906 acquis par Theodore Monroe Davis chez Maurice Nahman, au Caire, en 1906 légué au Metropolitan Museum of Art de New York - en 1915 - n° d'entrée : 30.8.369 - photo du musée |
Ce col de récipient se présente sur la forme d'une bande d'or, d'une hauteur de 7,7 cm, ornée sur deux "fronts" d'une magnifique composition reproduite à l'identique. "Ce fragment est la partie supérieure d'un récipient en argent, dont le col est cerclé de symboles en or repoussé De chaque côté du col, un 'masque' d'Hathor est flanqué d'animaux - un groupe connu depuis la XVIIIe dynastie. Les animaux ainsi représentés sont souvent des chats, mais les têtes carrées, les oreilles légèrement pointues largement espacées, le museau aplati et le pelage tacheté, les grandes pattes et la longue queue de ces créatures les identifient comme des lionceaux. Hathor était l'œil du dieu solaire Rê. Elle habitait les marais, là où la vie commençait. Elle était la Déesse lointaine originelle et, comme les félins Sekhmet et Mout, était liée à Bastet. Bastet elle-même était représentée comme une lionne avant de se manifester comme un chat. Je pense que ce récipient particulier a pu contenir une boisson enivrante et que les symboles font référence à la Déesse lointaine" analyse avec finesse Christine Lilyquist dans "Treasures from Tell Basta".
Le Metropolitan Museum of Art précise que ce "mythe de la Déesse lointaine" englobe : "celui de la destruction de l’humanité - l’histoire de la déesse déchaînée qui n’a été arrêtée que par l’ivresse". Si le vin était prisé par l'élite ramesside, sa consommation était effectivement intimement liée aux rituels des fêtes populaires et religieuses ceci "afin d'encourager l'ivresse comme moyen de transcendance et d'association avec la divinité"…
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Col d'un récipient orné de deux compositions identiques représentant un félin de part et d'autre d'un visage hathorique or et argent - Nouvel Empire - Epoque Ramesside (XIXe dynastie) provenant de l'un des "Trésors de Tell Basta" (Zagazig - Bubastis) découverts les 22 septembre et 17 octobre 1906, acquis par Theodore Monroe Davis chez Maurice Nahman, au Caire, en 1906 légué au Metropolitan Museum of Art de New York - en 1915 - n° d'entrée : 30.8.369 publié ici dans "Scepter of Egypt II" de William C. Hayes |
Cette pratique était notamment avérée lors des cérémonies qui se déroulaient à Tell Basta (actuelle ville de Zagazig située dans le Delta). Hérodote rapporte que, dans cette ancienne cité de "Bubastis" ("Per-Bastet - le Domaine de Bastet), "lors de la fête annuelle de la déesse Bastet, environ 700 000 pèlerins égyptiens y participaient !"
L'histoire de cet "anneau d'or" que Gaston Maspero juge d'une "grande valeur artistique" est associée au "Trésor de Zagazig" ou plutôt est-il plus juste d'écrire "aux trésors"… Dans ses "Essais sur l'art égyptien", l'égyptologue consacre tout un chapitre à cette découverte aussi fortuite qu'incroyable. "Une fois de plus, le hasard nous a bien servis. Des ouvriers qui pratiquaient un remblai de voie ferrée près de Zagazig, sur l'emplacement de l'ancienne Bubastis, découvrirent, le 22 septembre 1906, dans les ruines d'une maison en briques, un véritable trésor de bijoux et d'orfèvreries égyptiennes. Ils espéraient être seuls à profiter de la trouvaille, mais l'un de nos surveillants les avait vus, sans en rien manifester sur le moment de peur d'être maltraité par eux : le lendemain, il fit son rapport à l'inspecteur indigène, Mohammed Effendi Chaban, qui mit aussitôt la police à leurs trousses et qui prévint son chef, M. Edgar, inspecteur général des Antiquités pour les provinces du Delta".
Et l'histoire ne s'arrête pas là…"Le 17 octobre un ouvrier mit à nu d'un coup de pioche plusieurs morceaux de vases en argent : il essaya de les dissimuler, mais nos ghafirs les empêchèrent et la fouille continua sous la protection de la police. Les objets gisaient en un tas, l'or entre deux couches d'argent; le soir même, ils étaient en sûreté." Suite à ces "trouvailles", des perquisitions permirent de remettre la main sur certains des artefacts indélicatement subtilisés, alors que d'autres se retrouvèrent sur le marché des antiquités. C'est ainsi que Maurice Nahman un antiquaire bien connu sur la place du Caire en proposera à la vente…
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Col d'un récipient orné de deux compositions identiques représentant un félin de part et d'autre d'un visage hathorique or et argent - Nouvel Empire - Epoque Ramesside (XIXe dynastie) provenant de l'un des "Trésors de Tell Basta" (Zagazig - Bubastis) découverts les 22 septembre et 17 octobre 1906 acquis par Theodore Monroe Davis chez Maurice Nahman, au Caire, en 1906 légué au Metropolitan Museum of Art de New York - en 1915 - n° d'entrée : 30.8.369 - photo du musée |
Outre ceux qu'il récupéra "directement", le Musée du Caire se portera alors acquéreur de quelques pièces qui lui avaient malencontreusement "échappé" (notamment "le gobelet lotiforme en or au nom de Taousert et deux cruches en argent ciselé travaillé au repoussé et équipées de poignées d'animaux en or").
Le Metropolitan Museum of Art de New York se montrera très intéressé et fera l'acquisition d'une série "de huit récipients en argent, avec des fragments de plusieurs autres, certains portant le nom de Ramsès II et tous datant de son règne" précise Albert Lythgoe. Dans "Treasures from Tell Basta", Christine Lilyquist précise en outre que le "collectionneur et mécène Theodore M. Davis a également acheté des objets du trésor en 1906 : une passoire en or, un cône en or provenant d'un bol et une partie d'un récipient en argent avec des garnitures en or"…
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Vaisselles de Tell Basta se trouvant au Metropolitan Museum of Art de New York or et argent - Nouvel Empire - Epoque Ramesside (XIXe dynastie) provenant principalement du 1er trésor découvert le 22 septembre 1906 acquises par le musée ou par Theodore Monroe Davis chez Maurice Nahman, au Caire, en 1906 photo extraite de : "Treasures from Tell Basta:
Goddesses, Officials, and Artists in an International Age, Metropolitan Museum Journal," de Christine Lilyquist |
C'est ainsi que suite à son décès survenu le 23 février 1915, et par legs de sa collection au musée, cet artefact est entré au Metropolitan en 1915 où il a été enregistré, en 1930, sous la référence 30.8.369.
marie grillot
sources :
Neck from a vessel depicting the goddess Hathor flanked by felines
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/544751
Lythgoe, Albert M. 1907. "Recent Egyptian Acquisitions." In The Metropolitan Museum of Art Bulletin, vol. 2, no. 12 (December), cf. pp. 195-96.
Gaston Maspero, Essais sur l'art égyptien, E. Guilmoto Editeur, Paris, 1912?
https://archive.org/stream/essaissurlartg00maspuoft/essaissurlartg00maspuoft_djvu.txt
https://archive.org/details/essaissurlartg00maspuoft
Sydney Aufrère, Jean-Claude Golvin, L'Egypte restituée - tome 3, Editions Errance, 1997
Christine Lilyquist, Treasures from Tell Basta:
Goddesses, Officials, and Artists in an International Age, Metropolitan Museum Journal, v. 47 (2012)
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=7&ved=0ahUKEwiFuNjn_JLLAhUGuRoKHbmeABUQFgg7MAY&url=http%3A%2F%2Fresources.metmuseum.org%2Fresources%2Fmetpublications%2Fpdf%2FTreasures_from_Tell_Basta_The_Metropolitan_Museum_Journal_v_47_2012.pdf&usg=AFQjCNHzgm8E734DgzWKoGzhA1fVsLMZ0w&sig2=pa9FNZ6KIh1S-1ktgzHZMw
William C. Hayes, Scepter of Egypt II : A Background for the Study of the Egyptian Antiquities in the Metropolitan Museum of Art The Hyksos Period and the New Kingdom (1675-1080 B.C.), Cambridge, Mass., The Metropolitan Museum of Art, 1959, p. 359, fig. 225.
Frédéric Colin, "Anoukis, Hathor et les lionnes sur un vase à libation en bronze (IES-NI-1190)." In Recollecta Aegyptiaca, 2020, https://recaeg.hypotheses.org/577
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