C'est en 1722, que le Père Sicard identifia cette cité, comme étant l'antique Tsa'ani" ("Tso'an" en hébreu, "Tjaani" pour les Coptes, grécisé en "Djanet"). Elle sera partiellement fouillée par les savants de la Commission d'Egypte, par Jean-Jacques Rifaud (pour le compte du consul Drovetti), puis par Auguste Mariette.
Fouilles de Pierre Montet à Tanis |
Ses ruines, qui s'étendent sur plus de quatre cents hectares, témoignent de son "activité", de l'Ancien Empire à l'époque romaine. Mais les souverains de la XXIe à la XXIIIe dynastie signeront son âge d'or en la choisissant comme capitale religieuse et funéraire. Elle devient alors, par effet "miroir", la "Thèbes du nord"…
L'équipe de Pierre Montet, installée sommairement dans ce site isolé et désolé, oeuvrera avec patience et persévérance pendant une dizaine d'années avant que n'arrive l'heure des "récompenses". Elle sera inaugurée, en mars 1939, par la découverte du tombeau de Chechonq II … Dès lors la nécropole livrera bien d'autres trésors…
Ainsi, dans "Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien", l'égyptologue Pierre Montet relate le jour si particulier de la découverte de la tombe du pharaon Amenemopé : "L'entrée fut ouverte le 16 avril (1940). Sa Majesté le roi Farouk arrivé la veille à Sân, où il avait fait dresser une ville de tentes, était présent, ainsi que M. le chanoine Drioton, directeur du Service des antiquités égyptiennes et un jeune égyptologue égyptien, le professeur Abou Bekr. Le caveau était meublé à peu près comme celui de Psousennès : au fond un sarcophage de granit, dans la moitié antérieure les vases canopes, les vases de métal, une grande jarre scellée, des statuettes funéraires, un vaste coffre en bois doré qui s'était effondré par l'effet du temps et de l'humidité. Quand ces objets eurent été mis en lieu sûr on déposa à leur place le couvercle du sarcophage. Beaucoup moins opulent que Psousennès le nouveau souverain s'était contenté d'un seul sarcophage de pierre et d'un cercueil anthropoïde en bois revêtu d'or. Le bois s'était réduit à presque rien. Les plaques d'or furent ôtées. Il est à peine besoin de dire que la momie avait énormément souffert. Ses parures moins nombreuses que celles de Psousennès constituent néanmoins une fort belle collection : un masque d'or, deux colliers, deux pectoraux, deux scarabées, des coeurs de lapis et de chalcédoine, des bracelets et des bagues, un grand faucon en or cloisonné aux ailes déployées..."
Le faucon qui semble s'élever puissamment dans le ciel, est haut de 10,5 cm et large de 37,5 cm. Il est travaillé dans de l'or (la tête et les pattes), alors que le reste du corps est en or cloisonné de pâte de verre déclinée dans un camaieu de vert, simulant à merveille le chatoiement du plumage.
Dans "Les trésors du musée égyptien", Silvia Einaudi le décrit ainsi : "Le faucon est représenté en vol avec les ailes déployées. La tête, tournée vers la gauche, est en or massif. Le bec, l'œil, la nuque et le motif décoratif sur la joue sont en pâte de verre foncée. Les ailes, le corps et la queue du rapace sont exécutés selon la technique du cloisonné : la pâte de verre aux délicates tonalités roses et vertes est incrustée dans l'or et donne vie à une simple polychromie. Les plumes des ailes irradient vers l’extérieur et forment deux rangées. Le corps, en revanche, est décoré d'un motif en forme de gouttes qui se poursuit jusque sur la queue. Les pattes, également en or massif, tiennent les signes 'shen', symbole d’éternité, auquel sont attachées deux plaquettes en or portant les noms du souverain. Les hiéroglyphes à l’intérieur des cartouches sont exécutés en pâte de verre colorée incrustée dans l'or. Sur la plaquette de droite, on peut lire le nom de couronnement du pharaon : 'Usermaatra Setepenamon aimé d'Osiris et de Ro-Setau (nécropole de Memphis)' ; sur celle de gauche, son nom de naissance : 'Ménémopé Meramon aimé d’Osiris, seigneur d’Abydos'".
Amenemopé, pharaon de la XXIe dynastie a régné, depuis Tanis, aux environs 1001-992 av. J.-C. Successeur de Psousennès Ier, il fut, comme l'indique l'ouvrage cité précédemment : "enterré dans la tombe de ce dernier, dans une salle recouverte de granit, créée à l'origine pour accueillir la dépouille de Moutnedjemet, épouse et soeur de Psousennès Ier". On ne peut que s'étonner que ce petit caveau ait été choisi pour lui servir de sépulture alors qu'il "disposait" d'un propre tombeau référencé NRT IV (NRT = Nécropole Royale de Tanis).
Le 3 mai 1940, dans un camion protégé par l'armée, le trésor d'Amenemopé prend le chemin du musée égyptien de la place Tahrir. Ce pendentif en forme de faucon sera enregistré au Journal des Entrées sous la référence : JE 86036.
Quant à l'équipe de Pierre Montet, l'actualité dramatique liée au contexte de la Seconde Guerre mondiale la contraint à terminer sa quête du passé de Tanis pour se consacrer au tragique présent. Les fouilles ne reprendront qu'à la fin du conflit…
marie grillot
sources :
The hawk of King Amenemope
http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=15530
Pierre Montet, Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien, Payot, Bibliothèque historique, 1942
Pierre Montet, La nécropole royale de Tanis d'après les découvertes récentes, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89e année, N. 4, 1945. pp. 504- 517, Persée
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1945_num_89_4_77901
Georges Goyon, La découverte des trésors de Tanis, Pygmalion, 1987
Jean Yoyotte, Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987, Association Française d'Action Artistique, 1987
Henri Stierlin, Christiane Ziegler, Tanis Trésors des pharaons, Seuil, 1987
Francesco Tiradritti, Trésors d'Egypte - Les merveilles du musée égyptien du Caire, Gründ, 1999
Pharaons - Catalogue de l'exposition présentée à l'Institut du monde arabe à Paris, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005, IMA, Flammarion, 2005
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