Bien loin des statues colossales, bien loin des attitudes figées et conventionnelles de la statuaire classique, cette scène "intimiste", ne peut que nous toucher. Comment ne pas être ému face à ce moment privilégié et empli de tendresse, qui date de plus de 4000 ans, et semble pourtant si proche de nous ?
Une femme est assise, elle a allongé ses jambes. Sur ses genoux, elle a confortablement installé une petite fille afin de s'occuper de ses cheveux. Est-ce la mère ou bien la nurse ? Elle est elle-même fort bien coiffée. Elle porte un carré mi-long très travaillé avec de multiples tresses, qui laisse le front totalement dégagé. Elle est concentrée...
L'enfant est sage, mains posées sur les genoux… L'une veut que l'autre soit belle, et l'autre veut l'être… Peut-être souhaitent-elles, ce qui serait charmant, tout simplement porter la même coiffure ? C'est bien ce qui peut laisser supposer la scène…
Les égyptiennes, comme on ne peut que le remarquer sur les peintures ou sur les statues prenaient grand soin de leurs cheveux ou de leurs perruques.
Quelle différence notable, par exemple entre les coiffures de Nefret (l'épouse de Rahotep - IVe dynastie) avec ses cheveux coupés "au carré" au dessus des épaules, et Merytamon (XIXe dynastie) avec sa coiffure tripartite, longue, composée de multiples tresses !
Haute d'à peine 6 cm, cette statue est sculptée en ronde bosse dans du calcaire qui conserve quelques traces de peinture blanche (majoritaire) et noire (cheveux et contour des yeux notamment).
Elle a été découverte à la fin du XXe siècle par le grand égyptologue anglais William Matthew Flinders Petrie lors de fouilles qu'il menait, avec Arthur C. Mace, pour l'Egypt Exploration Fund, à Hou.
Comme l'explique Marc Chartier dans un article qu'il a consacré à cette cité : "Il est très difficile de repérer sur une carte d'Égypte la ville de Hou. Il faut zoomer plusieurs fois pour voir apparaître ce nom, écrit également Hô, Hôou, Heou, Hu, Hiw ou هو, sur la rive gauche du Nil, au bas d'une grande courbe du fleuve qui semble un moment rebrousser chemin vers le sud avant de reprendre son cours normal, entre Abydos et Qena, à 10 km au sud-est de Nag Hammadi. Si modeste que soit aujourd'hui cette localité, elle n'en fut pas moins, dans les temps anciens, la capitale (la "résidence") du 7e nome de la Haute-Égypte, appelé Sesheshet (Sistrum). Elle était alors dénommée Hu(t)-Sekhem (Hat-Sekhem). Elle est également identifiée à la Diospolis Parva ("la petite ville de Zeus") de l'époque gréco-romaine, par comparaison avec la Diospolis Magna (la ville de Thèbes)".
Dans "Diospolis Parva, the cemeteries of Abadiyeh and Hu, 1898-99", Petrie et Mace décrivent ainsi, sommairement, la statuette découverte dans le cimetière référencé YS contenant des tombes de la XIIe et de la XVIIIe dynasties : "81. Pierre. - Des statuettes en pierre, il y en avait trois, toutes en calcaire (planche XXXVI). Le n ° 247, en haut à gauche, représente une femme tressant apparemment les cheveux d'une petite fille assise sur ses genoux (Le Caire)".
Dans "Scepter of Egypt I", William C. Hayes fait d'ailleurs ce constat, avéré ici, que : "De petites figurines de ce genre représentant des femmes égyptiennes 'au foyer' avec leurs enfants en bas âge se trouvent dans les tombes de la douzième dynastie à el Lisht et ailleurs".
A l'issue de la saison, cette ravissante petite statuette est effectivement arrivée au Musée du Caire où elle a été enregistrée au Journal des Entrées : JE 33732.
marie grillot
sources :
Statue of a Woman with Her Daughter
http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=15204
Hayes, William C. 1953. Scepter of Egypt I: A Background for the Study of the Egyptian Antiquities in The Metropolitan Museum of Art: From the Earliest Times to the End of the Middle Kingdom. Cambridge, Mass.: The Metropolitan Museum of Art, p. 222, fig. 138.
https://books.google.fr/books?id=S-4dESBIhrcC&printsec=frontcover&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false
Hou, un petit nom pour une ancienne ville capitale, Marc Chartier, Egypte-actualités, Egyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/2019/04/hou-un-petit-nom-pour-une-ancienne.html?q=Heou
Diospolis Parva, the cemeteries of Abadiyeh and Hu, 1898-9, by Petrie, W. M. Flinders (William Matthew Flinders), Sir, Mace, Arthur C., 1901, Publisher London and Boston, Mass.
https://archive.org/stream/diospolisparvac01macegoog/diospolisparvac01macegoog_djvu.txt
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