C'est le 4 novembre 1922 que deux anglais, Lord Carnarvon et Howard Carter, découvrent, au cœur de la Vallée des Rois et après de longues années de recherches, la tombe de Toutankhamon.
Après le fastidieux dégagement des marches menant à la porte de l'hypogée, l'antichambre sera enfin accessible… Sept semaines d'un dur et délicat labeur seront ensuite nécessaires pour la vider d'un contenu, aussi riche qu'hétéroclite.
Puis, le 17 février 1923 aura lieu l'ouverture officielle de la chambre funéraire... À journée exceptionnelle, invités exceptionnels : les découvreurs en ont convié une vingtaine, sélectionnés avec un soin minutieux. Aussi impressionnés qu'éblouis, ils découvrent les grandes chapelles de bois doré qui remplissaient presque toute la salle ...
"Sans aucun doute, c'était bien la chambre funéraire, et ce qui se dressait devant nous était une de ces grandes chapelles dans lesquelles on déposait les rois… Là, sur le côté est, se trouvaient les grandes portes fermées par des loquets - et non pas scellées - qui allaient nous donner la réponse. Une seconde chapelle apparut alors. Elle était fermée comme la précédente, mais sur les loquets, se trouvait un sceau, intact ! Nous décidâmes de ne pas le briser…Nous refermâmes silencieusement les grandes portes ..." rapporte Howard Carter.
C'est plus tard, lorsque l'équipe se consacrera aux chapelles, qu'en ouvrant les battants de la première d'entre elles, que ce pot à cosmétique sera découvert. Il était déposé, par terre, du côté droit, devant la porte de la seconde chapelle.
Dans le volume 2 de "The Tomb of Tutankhamun" consacré à "The burial chamber", Howard Carter relate ainsi sa découverte : "Devant les portes du sanctuaire se tenait le vase à parfum du roi et de la reine sculpté en albâtre semi-translucide pur (calcite)…Devant ce bel objet se tenait une autre œuvre d'art conventionnelle puissante ; il s'agissait d'un pot à cosmétique de divers types de calcite, sculpté, qui contenait encore son cosmétique, malléable et odorant. Ce pot est remarquable par son design unique; il est de forme cylindrique, repose sur quatre prisonniers de type africain et méditerranéen, il a une colonne Bès de chaque côté, un délicieux lion couché avec une longue langue rouge en saillie sur le couvercle, et sur ses côtés sont des scènes de déroulant dans la flore du désert, incisées et emplies de pigment, de lions attaquant les taureaux, de chiens chassant l'antilope, la gazelle et le lièvre".
D'une hauteur de 28,60 cm et d'une largeur 22 cm, il faut reconnaître que son esthétique est assez surprenante.
Le lion, allongé sur le couvercle, dans sa puissance tranquille, dissuade, de ses grands yeux noirs et or et langue tirée, quiconque oserait l'approcher. Ses pattes sont croisées, la droite reposant sur la gauche, il est au repos, détendu, mais il veille et sa force est latente ...
Sa queue, dont l'extrémité est noire, est ramenée vers l'avant, parallèle à son corps. Sa crinière est suggérée par des incisions, ses ergots et sa truffe sont peints en noir également. Sur son épaule est inscrit le cartouche du roi "Nebkhéperourê" auquel il est ainsi assimilé.
Le corps du pot, cylindrique, est orné, en haut et en bas, d'une frise joliment peinte. Au centre, sur un fond noir, est gravée, en pigments de couleur, une scène de chasse, très vivante. L'artiste, maîtrisant parfaitement la morphologie des différents animaux protagonistes, a su leur insuffler vie et élan, rendant cette "peinture" très animée.
En haut de chaque colonne, ainsi que sur le front du dieu Bès de droite, se trouvent de ravissants "boutons" en ivoire rose. Ils servaient à faire passer la ficelle - aujourd'hui disparue - qui permettait de fermer ou d'ouvrir le couvercle, donnant ainsi accès au précieux contenu.
"Quand Carter a découvert ce pot, il contenait encore un résidu gras, sans doute un onguent parfumé. Ce contenu a peut-être joué un rôle pendant les rituels funéraires. C'est peut-être pour cette raison qu'il a été découvert dans la chambre funéraire, et non dans l'annexe ou l'antichambre, où avaient été laissés la plupart des autres récipients similaires quand le tombeau a été refermé pour la dernière fois dans l'Antiquité" indique Zahi Hawass dans "Toutankhamon, trésors du pharaon d'or".
Ce pot à cosmétique représentant le roi en lion porte le numéro Carter 211 ; il a été enregistré au Journal des Entées du Musée du Caire JE 62119.
marie grillot
sources :
Vase à onguent en forme de lion appartenant à Toutânkhamon Global Egyptian Museum
https://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=15079
The Griffith Institute - Tutankhamun: Anatomy of an Excavation - The Howard Carter Archives - Photographs by Harry Burton
http://www.griffith.ox.ac.uk/gri/carter/211.html
Christiane Desroches Noblecourt, Vie et mort d'un pharaon, Hachette, 1963
Christiane Desroches-Noblecourt, Toutankhamon et son temps, Petit Palais, Paris, 17 février-juillet 1967, Ministère d'État Affaires Culturelles
Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Tutankhamun : his tomb and its treasures, The Metropolitan Museum of Art, 1977
Thomas Garnet Henry James, Howard Carter, The path to Tutankhamun, TPP, 1992
https://archive.org/stream/HowardCarterThePathToTutankhamunBySam/Howard+Carter+The+Path+to+Tutankhamun+By+Sam_djvu.txt
Nicholas Reeves, Toutankhamon, vie, mort et découverte d'un pharaon, Editions Errance, 2003
Howard Carter, The Tomb of Tutankhamun, volume 2 : The Burial Chamber, Bloomsbury Academic, 2014
Zahi Hawass, Catalogue de l'exposition Toutankhamon, trésors du pharaon d'or, IMG Melcher Media, 2018
Dans l'intimité de Toutankhamon - ce que révèlent les objets de son trésor, Florence Quentin éditions First, 2019
Thierry Morant, Parfums et cosmétiques dans l’Egypte ancienne, Université de La Réunion - Cresoi - EA 12, 2019
https://hal.univ-reunion.fr/hal-02184481/document
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