En ce mois de décembre 1896, William Matthew Flinders Petrie arrive sur la rive ouest de Thèbes. Le secteur de fouilles qu'il s'est fixé pour cette mission est riche en monuments, et étendu : il part de l'arrière de Kom el-Hettan (temple d'Amenhotep III) pour rejoindre les abords du temple de Thoutmosis III. Pas moins de six temples s'y trouvent, d'où le titre du compte rendu qu'il publiera à l'issue de la saison : "Six temples at Thebes".
Cette mission lui laissera un sentiment mitigé : "Les résultats ont été par certains égards moindres que je ne l'avais espéré, mais par d'autres, ont dépassé ce à quoi on pouvait s'attendre"!
Parmi les points "positifs", citons notamment de merveilleuses découvertes : le buste de la reine blanche - dont on sait depuis qu'il s'agit de Méritamon - trouvé dans une chapelle de briques à la périphérie nord du Ramesseum, et, dans le temple de Merenptah, la stèle dite d'Israël, ainsi que ce magnifique "buste" du pharaon.
Mais, pour être tout à fait exact il faut reprendre les mots de W.M.F. Petrie : "Des parties de deux statues colossales assises de Merenptah, en granit noir, ont été trouvées à l'arrière de la seconde cour. Elles s'élevaient probablement sur des piédestaux, de part et d'autre de l'axe de la cour. La partie inférieure de l'une a été trouvée et a été laissée sur place ; mais la partie supérieure de l'autre a été emmenée au Musée du Caire. Il s'agit là du meilleur portrait connu de Merenptah. La couleur est encore fraîche, jaune sur la coiffe, rouge sur les lèvres, blanc et noir dans les yeux. C'était, à côté de l'inscription d'Israël, la plus belle récompense de l'année".
Le buste, haut de 0,91 m et large de 0,58 m, a été enregistré au Journal des Entrées du Musée sous la référence JE 31414 et au Catalogue Général CG 607.
Même mutilé par cette balafre qui lui érafle la joue gauche et se poursuit en détruisant le menton et la barbe postiche, il reste noble et beau avec, dans le regard une expression d'une incroyable fierté.
Il porte le némès, orné de l'uraeus central, qui laisse les oreilles dégagées ; on peut d'ailleurs remarquer qu'elle sont percées. "Ses yeux sont fins et surmontés de paupières lourdes, héritage du style amarnien. La ligne de bistre et les sourcils soulignent la délicatesse des orbites" précise Francesco Tiradritti.
Le nez est de proportions parfaites. La bouche aux lèvres pleines est fermée.
Dans "The Egyptian Museum in Cairo", Abeer El-Shahawy précise : "Il porte un large pectoral, et ses titres et cartouches sont inscrits sur les épaules. Sur le côté droit se trouve son titre neb khaw, Seigneur des couronnes, et son nom Merenptah hetep her Maat. Le côté gauche montre ses autres titres en tant que neb tawy, 'Seigneur des Deux Terres' (Haute et Basse Égypte) et son nom Mry-ra Ba-n-Imn".
Dans "Statuen und Statuetten von Königen und Privatleuten im Museum von Kairo", Ludwig Borchardt rappelle les couleurs que revêtait le visage : "Bandes de maquillage, pupilles noires (ou bleues?), blanc de l'oeil. Les lèvres, les narines, les oreilles, le contour des oreilles, la paupière supérieure, le coin de l'œil, les plis du cou et les autres contours sont rouges. Coiffe royale jaune et bleue. Barbe noire ou bleue avec un contour jaune". Il ajoute, par ailleurs, que les épaules étaient peintes en jaune foncé.
Pour Christiane Ziegler ("Ramsès le Grand"), il ne s'agit pas là d'un portrait "réaliste" mais, au contraire, d'un portrait : "idéalisé du pharaon, dans la plénitude de sa force, et non pas une représentation du souverain tel que purent le contempler courtisans et artistes".
Francesco Tiradritti analyse ce qu'il ressent : "L'expression est sereine mais austère et reprend certaines caractéristiques des portraits de Ramsès II qui souhaitait donner de lui-même l’image d’un souverain bienveillant et sévère. Une espèce de monarque idéal qui exauce les vœux de ses sujets et qui veille sur eux en les protégeant des ennemis".
Le temple de millions d'années de Merenptah sur la rive ouest de Thèbes |
Mérenptah (ou Mineptah ou Merneptah), IVe Pharaon de la XIXe dynastie était : "le 13e fils de Ramsès II et le 3e de la Reine Isis-Nofret I. Hourig Sourouzian avance qu'il serait né entre l'an 10 et 17 du règne de son père, soit entre 1269 et 1262" (antikforever).
Son règne fut tardif puisqu'il avait : "environ cinquante ans lorsqu'il est monté sur le trône, à la suite de la mort de son père Ramsès II, qui avait régné pendant 67 ans" (Abeer El-Shahawy). Après une dizaine d'années de règne, il a été inhumé dans la Vallée des Rois. La KV 8, qui est la 2e plus grande tombe de la nécropole, reprend les décors de celles de son père et de son grand-père Séthi Ier.
marie grillot
sources :
Buste de Merenptah - JE 31414 - CG 607
http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=14912
Six temples at Thebes, 1896 by W. M. Flinders Petrie, Wilhelm Spiegelberg; Deshasheh, The Egypt exploration Fund, 1898 by W. M. Flinders Petrie, F. Ll. Griffith
https://archive.org/details/sixtemplesattheb00petruoft
https://archive.org/details/sixtemplesattheb00petruoft/page/n53/mode/2up
The Egyptian Museum in Cairo, Abeer El-Shahawy, Matḥaf al-Miṣrī
Catalogue officiel Musée Egyptien du Caire, Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, Verlag Philippe von Zabern, 1997
Trésors d'Egypte - Les merveilles du musée égyptien du Caire, Francesco Tiradritti
Ramsès le Grand, Christiane Desroches Noblecourt, Galeries Nationales du Grand Palais (1976)
Borchardt, Ludwig. Statuen und Statuetten von Königen und Privatleuten im Museum von Kairo, Nr. 1-1294, Teil 2: Text und Tafeln zu Nr. 381-653. Catalogue Général des Antiquités Égyptiennes du Musée du Caire 77. Berlin: Reichsdruckerei, 1925.
http://gizamedia.rc.fas.harvard.edu/images/MFA-images/Giza/GizaImage/full/library/borchardt_statuen_2.pdf?fbclid=IwAR236pPtJfsgJwbtiFRcj5LMLS1cfZA-H_-HlWFsOvUDuLVBqUVFC824tgo
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