Coupe du Général Oundebaounded - argent - XXIème dynastie
découverte dans son tombeau (n° III) à Tanis en 1946
Exposée au Musée Egyptien du Caire - JE 87743
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Le 16 février 1940, à Tanis, Pierre Montet et son équipe découvrent la sépulture inviolée de Psousennès Ier une découverte qui, par certains côtés, ressemble à celle de Toutankhamon… Mais en cette période troublée de seconde Guerre Mondiale, le retentissement en sera bien moindre …
Le tombeau vidé et le trésor mis à l'abri au Musée du Caire, la mission quittera le site le 3 mai 1940. Pressentant d'autres trésors à découvrir, elle le laissera sous la protection de plusieurs gardes.
Des voleurs ne manqueront pas de s'y introduire en 1943, détériorant quelques statues, mais Pierre Montet reprendra les choses en mains dès 1945…
Emplacement de la tombe du Général Oundebaounded découverte en 1946 à Tanis par l'équipe de Pierre Montet |
En 1946, Pierre Lézine, un architecte, tout nouvellement arrivé au sein de la mission, remarqua, dans le tombeau de Psousennès Ier, un endroit particulier où l'épaisseur d'un mur s'avérait anormale…
Sous l'œil - tout d'abord sceptique - de ses collègues, il entreprit des sondages complémentaires qui confirmèrent ses intuitions. Les travaux de dégagement débutèrent alors avec précaution.
Dans "La découverte des trésors de Tanis", Georges Goyon se souvient de ce moment : "C'est alors qu'apparut une toute petite chambre, sans issue, contenant, intact, comme enchâssé dans son alvéole, un beau sarcophage de granit rose. Les parois de calcaire étaient couvertes de peintures aux couleurs vives figurant des scènes et des inscriptions rituelles". Ce sarcophage se révélera être un "réemploi" : ayant initialement été dédié à un prêtre d'Amon de Thèbes, il avait été modifié par - pour - son nouvel "occupant : le Général Oundebaounded.
Pierre Montet précise : "Le caveau d'Oundebaounded ne contenait que le sarcophage et les quatre canopes. Tout était dans le sarcophage. La momie revêtue de ses parures fut d'abord enfermée dans un cercueil d'argent et celui-ci dans un cercueil de bois doré. Quand le cercueil de bois doré eut été introduit dans la cuve de granit on déposa sur le couvercle trois patères et une coupe, ainsi qu'une épée, un sceptre et plusieurs cannes. L'extrême humidité qui règne dans toute la nécropole a causé la destruction complète de tout ce qui était en bois. Le cercueil de bois doré n'était plus qu'un amas de feuilles mortes. Le cercueil d'argent lui-même a été rongé en partie. Les patères et la coupe glissèrent quelque peu et se retrouvèrent au fond de la cuve de granit".
Coupe florale du Général Oundebaounded
découverte dans sa tombe à Tanis en 1946 - or et électrum - XXIème dynastie
Exposée au Musée égyptien du Caire - JE 87740 |
La coupe florale à pied (référencée par Pierre Montet n° 776 - JE 87740) est en or et électrum. Quant aux trois "patères" - nom rappelons-le qui était donné dans l'antiquité aux coupes peu profondes - elles sont toutes différentes.
L'une, dénommée la "coupe aux nageuses" (la plus "connue"), est en argent et or, (n° 775 - JE 87742) ; la seconde est en or avec, une rosette centrale de fleurs en incrustations de pâtes colorées (n° 774 - JE 87741) ; et enfin une en argent, sur laquelle nous nous penchons aujourd'hui, (n° 773 - JE 87743).
Ce métal, dans l'Egypte antique, était plus précieux que l'or ! En effet, comme l'explique M. Emile Vernier dans "La bijouterie et la joaillerie égyptiennes" : "L’argent fut pendant longtemps assez rare en Égypte, où l’or, au contraire, se trouvait en quantités importantes ; ce n’est que très tard qu’il pénétra abondamment dans le pays. Il était tiré d’Asie Mineure, d’Assyrie et des Kéfa de l’ouest (Asie septentrionale). Il n’est nulle part question de mines d’argent en Égypte ; aussi était-il considéré comme très précieux. Les inscriptions le montrent souvent avant l’or dans les nomenclatures".
D'un diamètre de 16,5 cm, cette patère en argent, est haute de 3,5 cm. Voici une partie de la description qu'en fait son découvreur, Pierre Montet : "Le centre est occupé par une fleur dont un clou d'or figure le pistil. Les pétales au nombre de dix-huit sont régulièrement espacés. Très souvent les coupes, bols, patères sont ornés au centre d'une fleur bien ouverte…,La première zone est occupée par 14 fleurs de lotus à trois pétales, disposés dans le sens des rayons. Dans la seconde zone nous trouvons des lignes brisées disposées dans le sens des rayons".
Coupe du Général Oundebaounded - argent - XXIème dynastie
découverte dans son tombeau (n° III) à Tanis en 1946
Exposée au Musée Egyptien du Caire - JE 87743
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Christiane Ziegler l'a également présentée dans son catalogue "L'or des pharaons" : "Celle-ci est la plus simple, façonnée dans une feuille d'argent selon le procédé de la rétreinte. Une anse en or et une barrette terminée par deux palmettes sont fixées au bord de la coupe par quatre rivets d'or. Une ligne ciselée de hiéroglyphes court sur la face externe du rebord. Elle indique que l’objet est un cadeau accordé par le pharaon Psousennès au 'chef des archers du pharaon' Oundebaounded".
Georges Goyon nous en dit plus sur le Général : "Ce n'était pas un personnage de sang royal, mais un grand prêtre de Khonsou et Chef des Archers de pharaon. Il était en outre investi du titre important de Supérieur des Prophètes-de-tous-les-dieux, qui nous parut correspondre à celui de ministre des cultes. C'était le roi Psousennès Ier qui l'avait élevé à ces hautes fonctions…. Un de ses titres le plus curieux était celui de 'Unique-préposé-à-la-louange-des-grands' dont la charge consistait à présenter les titulaires au roi pendant les cérémonies de récompenses".
Masque d'or du Général Oundebaounded - or - XXIème dynastie découvert dans son tombeau (n° III) à Tanis en 1946
Exposé au Musée Egyptien du Caire - JE 87753
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On imagine l'aura que devait avoir ce personnage à la cour, et l'on comprend ainsi mieux pourquoi il put être enseveli de façon aussi proche des souverains de la "Thèbes du Nord".
Au-delà des merveilleux masques, sarcophages, bijoux, amulettes, les trésors de Tanis nous ont livré ces vaisselles d'or ou d'argent, liturgiques ou profanes, d'une extraordinaire beauté.
Elles témoignent bien sûr du savoir-faire des orfèvres de la XXIe dynastie mais également du sens de l'esthétique qui régnait alors.
Dans le trousseau funéraire de Psousennès Ier figure une patère,
très ressemblante (n° 405 Montet - JE 85904), qui provient très certainement du même atelier d'orfèvrerie.
marie grillot
sources :
Montet Pierre, Vases sacrés et profanes du tombeau de Psousennès. In: Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 43, 1949. pp. 13-32
http://www.persee.fr/doc/piot_1148-6023_1949_num_43_1_1982
La découverte des trésors de Tanis, Georges Goyon, 1987
Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987
http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=15333
L'or des pharaons - 2500 ans d'orfèvrerie dans l'Egypte ancienne, Catalogue de l'exposition de l'été 2018 au Grimaldi Forum de Monaco, Christiane Ziegler
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