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Pot à large col et couvercle portant le nom de Thoutmosis III - pierre verte et feuille d'or - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie - 1479-1425 av. J.-C. provenant de la tombe des trois épouses étrangères de Thoutmosis III découverte en été 1916 par des Gournawis à "Wadi Gabbanat el-Qurud" (Tombe 1 - Wadi D) - rive ouest de Louqsor acquis en 1920 à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) par le Metropolitan Museum of Art de New York n° d'entrée : 26.8.34a, b. - photo du musée |
Ce ravissant pot à cosmétique a une hauteur de 8,6 cm - 9 cm avec le couvercle - et un diamètre au plus large de 6,7 cm. Avec sa panse généreuse et bombée, son col assez long et large, son pied légèrement concave, il est particulièrement agréable au regard.
Il est travaillé dans une pierre, d'un vert tendre que le temps semble avoir patiné. Herbert Eustis Winlock l'a analysée comme étant un "calcaire vert émaillé" alors que le Metropolitan Museum of Art de New York évoque un : "matériau vitreux vieilli, difficile à identifier avec certitude".
Le col est recouvert, sur toute sa hauteur, d'une feuille d'or qui habille également son rebord et va se terminer à l'intérieur du récipient. Le couvercle plat qui le coiffe, en s'adaptant parfaitement, lui fait écho avec sa fine bordure de feuille d'or.
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Pot à large col et couvercle portant le nom de Thoutmosis III - pierre verte et feuille d'or - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie - 1479-1425 av. J.-C. provenant de la tombe des trois épouses étrangères de Thoutmosis III découverte en été 1916 par des Gournawis à "Wadi Gabbanat el-Qurud" (Tombe 1 - Wadi D) - rive ouest de Louqsor acquis en 1920 à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) par le Metropolitan Museum of Art de New York n° d'entrée : 26.8.34a, b. - photo du musée |
Le tout est d'une délicatesse et d'un esthétisme "précieux". Dans "The Tomb of Three Foreign Wives of Tuthmosis III", Christine Lilyquist apporte des précisions sur son état de conservation. Elle évoque : "Quelques craquelures sur l'extérieur du pot, en particulier au pied ; ainsi qu'une coloration marron clair, principalement sous la fissure horizontale (non visible à l'intérieur). A l'intérieur, la surface est partiellement tombée ; et il demeure, au fond, un résidu de poudre bleue".
Ce pot a-t-il contenu une crème pour adoucir ? Un onguent pour calmer ? Une huile, une substance pour parfumer ? Le produit devait être précieux, rare et onéreux… Depuis la plus haute antiquité, l'usage d'onguents, de baumes, d'huiles parfumées est très répandu dans les classes aisées de la société. Ces substances parfumées avaient aussi une vocation sacrée et elles jouaient évidemment un rôle primordial dans le rituel de l'embaumement.
Christine Lilyquist précise que : "Tous les récipients de ce type sont considérés comme des pots à onguent en raison des résidus qu'ils contiennent". Et elle ajoute : "Bien que les onguents soient, sans aucun doute arrivés en Égypte transportés dans des poteries, des récipients en pierre ont été privilégiés pour la tombe".
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Pot à large col et couvercle portant le nom de Thoutmosis III - pierre verte et feuille d'or - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie - 1479-1425 av. J.-C. provenant de la tombe des trois épouses étrangères de Thoutmosis III découverte en été 1916 par des Gournawis à "Wadi Gabbanat el-Qurud" (Tombe 1 - Wadi D) - rive ouest de Louqsor acquis en 1920 à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) par le Metropolitan Museum of Art de New York n° d'entrée : 26.8.34a, b. - photo du musée |
Des inscriptions sont gravées sur le corps et sur le couvercle. Voici la traduction de celle qui se trouve sur la panse : "Que vive l'Horus, Taureau puissant qui apparaît dans Thèbes, le dieu accompli, maître du Double Pays (i.e. des Deux Terres), le roi de Haute et Basse Égypte, Menkheperrê, Fils du Soleil, Djehoutymès-Neferkheperou (i.e. Thoutmosis III), doué de vie, stabilité et vigueur comme Rê, éternellement !" Alors que, sur le couvercle, on peut lire : "Le dieu accompli, Menkheperrê, doué de vie !"
Ce pot (ainsi qu'un nombre important d'autres modèles assez ressemblants) provient de la tombe des "épouses étrangères" du pharaon Thoutmosis III. Menhet, Mertet et Menouay furent, comme l'explique Christian Leblanc dans ses "Reines du Nil" : "Données en mariage à Thoutmosis III, elles furent toutes les trois gratifiées du titre d' 'épouse royale'. Loin d'être de simples favorites, leur présence à la Cour témoignait surtout des nouvelles alliances politiques établies après les expéditions militaires du roi. Si elles n'eurent apparemment aucun rôle au sein de la famille royale, il est clair, en revanche, qu'elles ont dû contribuer, ainsi que pouvaient le faire des ambassadrices, à l'entretien des bonnes relations diplomatiques entes le royaume d'Égypte et les contrées d'où elles venaient".
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Localisation du Wadi Gabbanat el-Qurud Plan publié dans "The Tomb of Three Foreign Wives of Tuthmosis III, Lilyquist Christine, 2003" |
On ne sait combien de temps elles sont restées à la Cour mais, ce qui est avéré, c'est qu'elles ont été inhumées ensemble… Dans son ouvrage "Le trésor des trois princesses égyptiennes", Herbert Eustis Winlock fait cette analyse : "un tel enterrement aurait bien pu faire suite à leur mort simultanée d'une épidémie. Ou, ce qui semblerait beaucoup plus intéressant pour beaucoup d'entre nous, compte tenu de l'identité de leur origine, de leur rang, et leur trousseau funéraire, elles ont peut-être toutes été victimes d'une exécution par une conspiration de palais"…
Leur sépulture - la tombe 1 "Wadi Gabbanat el-Qurud, Wadi D" - a été découverte au cours de l'été 1916 par des habitants du village voisin de Gournah. Les pluies torrentielles avaient causé des dégâts irréversibles sur certains objets, comme ceux en bois par exemple, mais la richesse de leur trousseau funéraire se révéla incroyable, presque inédite !
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Pot à col large et couvercle portant le nom de Thoutmosis III - pierre verte et feuille d'or - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie - 1479-1425 av. J.-C provenant de la tombe des trois épouses étrangères de Thoutmosis III découverte en été 1916 par des Gournawis à "Wadi Gabbanat el-Qurud" (Tombe 1 - Wadi D) - rive ouest de Louqsor acquis en 1920 à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) par le Metropolitan Museum of Art de New York n° d'entrée : 26.8.34a, b. - publié ici, en haut au centre, dans "The Treasure of Three Egyptian Princesses", Herbert Eustis Winlock 1948 |
La bande de pilleurs - ils étaient une dizaine - se partagea bijoux, ceintures, perruques, vases canopes, sandales en or, vases, miroirs, objets de toilette, etc… Cependant, en cette période tourmentée de Première Guerre mondiale, les moyens d'écouler un tel butin s'avérèrent restreints. Aussi, une grande partie de ces artefacts se retrouva-t-elle quelques mois plus tard en vente chez les antiquaires locaux, notamment Mohamed Mohassib, bien connu sur la place de Louqsor.
Peu de temps après la découverte, précisément fin septembre 1916, Howard Carter est de retour à Thèbes. Il travaille pour Lord Carnarvon depuis 7 ans déjà et ils viennent de récupérer la concession de la Vallée des Rois laissée par Theodore Monroe Davis. Carter est fasciné par cette histoire, il se rendra à Wadi Gabbanat el-Qurud afin de documenter la tombe…
Par la suite : "Encouragé par Alan Gardiner et financé par le comte de Carnarvon, il se lancera dans la recherche, auprès des antiquaires, de tous les objets provenant de la tombe".
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A droite, pot à large col et couvercle portant le nom de Thoutmosis III - pierre verte et feuille d'or - Nouvel Empire - XVIIIe dynastie provenant de la tombe des trois épouses étrangères de Thoutmosis III découverte en été 1916 par des Gournawis à "Wadi Gabbanat el-Qurud" (Tombe 1 - Wadi D) - rive ouest de Louqsor acquis en 1920 à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) par le Metropolitan Museum of Art de New York n° d'entrée : 26.8.34a, b. - photo du musée
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Deux années plus tard, le Metropolitan Museum of Art de New York qui souhaite alors enrichir son tout nouveau département d'antiquités égyptiennes fera, par son intermédiaire, l'acquisition de l'ensemble des artefacts recensés et ne cessera, par la suite, de poursuivre sa quête afin de reconstituer l'incroyable trésor des trois épouses étrangères de Thoutmosis III.
C'est ainsi que ce pot a été acquis à Louqsor (auprès de Mohamed Mohassib, antiquaire ?) avec d'autres objets "supposés provenir de Thèbes ouest". En 1920, il a rejoint le Metropolitan Museum of Art de New York où il a été enregistré sous la référence : 26.8.34a, b.
marie grillot
sources :
Wide-necked jar and lid naming Thutmose III
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/544858?searchField=All&sortBy=Relevance&ft=FOREIGN+WIVES&offset=0&rpp=20&pos=18
Thomas Garnet Henry James, Howard Carter, The path to Tutankhamun, TPP, 1992
https://archive.org/stream/HowardCarterThePathToTutankhamunBySam/Howard+Carter+The+Path+to+Tutankhamun+By+Sam_djvu.txt
Christine Lilyquist, James E. Hoch, A. J. Peden, The Tomb of Three Foreign Wives of Tuthmosis III, The Metropolitan Museum of Art, New York, 2003
https://books.google.fr/books?id=V1Aj5LRDGdcC&pg=PA186&lpg=PA186&dq=Lila+Acheson+Wallace+Fund+gift+MMA&source=bl&ots=0SIdBmdzGB&sig=24knFvBc9hJcphaPweeFHKiSxpI&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjhnuHav4fNAhVHWhoKHbOeB8UQ6AEIHDAA#v=onepage&q=Lila%20Acheson%20Wallace%20Fund%20gift%20MMA&f=false
https://archive.org/stream/TheTombofThreeForeignWivesofTuthmosisIII/TheTombofThreeForeignWivesofTuthmosisIII_djvu.txt
Christiane Ziegler, Reines d'Egypte, Somogy éditions d'art, Grimaldi Forum, 2008
Christian Leblanc, Reines du Nil, Bibliothèque des introuvables, 2009
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