lundi 29 juin 2020

Un collier de perles et d'amulettes provenant de Malqatta

Collier de perles et d'amulettes  - faïence verte, jaune et grise et verre violet
Nouvel Empire - règne d'Aménophis III
découvert à Malqatta en 1910-1911 lors de fouilles menées par le Metropolitan Museum of Art de New York 
sous la direction d'Herbert Eustis Winlock
Metropolitan Museum of Art de New York - Accession Number : 11.215.217 (photo du Met)

Pendant cinq saisons - qui se sont "étalées" entre 1910 et 1921 - , l'expédition du Metropolitan Museum of Art de New York, a fouillé à Malqatta, un site du Nouvel Empire, sur la rive ouest de Louqsor. 

Christian Leblanc nous apporte des précisions sur ce lieu : "La cité palatiale de Malqatta couvrait une très importante superficie : elle devait commencer là où se trouve le temple d'Aÿ-Horemheb au nord, et s'étaler jusqu'au Deir el-Chelouit au sud. C'était une véritable ville avec ses infrastructures, dont un immense lac (± 2,5 km de long x 1km de large), désigné sous le nom de Birket Habou, creusé artificiellement et alimenté par un canal venant du Nil. Cette structure aquatique, profonde de plus de ± 5 m, qui servait également de port, permettait l'alimentation en eau de la cité et pouvait, en certaines occasions, être également utilisée pour des cérémonies à caractère religieux. La ville fut fondée par Amenhotep III, peut-être bien avant son premier jubilé, comme semblent en témoigner certaines "étiquettes de jarres" découvertes sur le site. La cour royale y vécut, entourée de ses dignitaires et de ses fonctionnaires. Le jeune Akhenaton et Nefertiti ont dû y séjourner avec leurs premières filles avant de quitter Thèbes pour Tell el-Amarna". 
Le site de Malqatta (rive ouest de Louqsor)  tel qu'il se présente aujourd'hui :
là s'étendait la cité palatiale construite, au Nouvel Empire, par Amenhotep III

Sous la direction de Herbert E. Winlock : "Les membres de l'expédition égyptienne ont dégagé des sections du palais non excavées par Tytus et Newberry, et les restes de l'enceinte du palais qui n'avaient pas été détruits par les cultures. Ils ont également creusé et cartographié une grande partie de la zone environnante, y compris le Palais du Nord, plusieurs groupes de maisons privées, une usine de verre, une grande 'salle des fêtes' et un temple en briques crues dédié au dieu Amon". 

Lors de la mission 1910-1911, dans le coin d'une pièce d'une "maison particulière" - qui sera référencée "Private House B" - fut retrouvé un sac en toile… Il contenait  un collier menat et deux colliers de perles et d'amulettes à un seul rang. Si le collier menat était bien conservé, il n'en était pas de même pour les deux autres colliers. 
Le collier menat et les deux colliers découverts dans un sac en toile dans la "private house B" 
à Malqatta en 1910-1911 lors de fouilles menées par le Metropolitan Museum of Art de New York 
sous la direction d'Herbert Eustis Winlock
Metropolitan Museum of Art de New York - Accession Numbers : 11.215.420 (menat)
 11.215.217 (perles et amulettes à gauche) - 11.215.216 (perles et amulettes à droite) (photo du Met)

En effet : "du fait que les fils anciens des deux colliers avaient pourri, les perles qui y étaient enfilées étaient tombées dans une certaine confusion ;  il était impossible de les restaurer sauf à le faire de façon approximative". 

Ainsi, les petites perles inégales de faïence ont été réenfilées de façon aléatoire - vert, bleu jaune, gris, violet -, et les amulettes - représentant différentes divinités -, ont été intercalées de façon tout aussi aléatoire.
Collier de perles et d'amulettes  - faïence verte, jaune et grise et verre violet - Nouvel Empire - règne d'Aménophis III
découvert à Malqatta en 1910-1911 lors de fouilles menées par le Metropolitan Museum of Art de New York 
sous la direction d'Herbert Eustis Winlock
Metropolitan Museum of Art de New York - Accession Number : 11.215.217 (photo du Met)

Le Metropolitan Museum les présente ainsi : "Les amulettes comprennent plusieurs représentations du dieu Bès et de la déesse Taweret, une déesse debout qui peut être Nut ou Isis, et deux scarabées".
Le dieu Bès "nain barbu" représenté ici au temple de Philaé

Bès est une : "entité bienfaisante représentée par un nain barbu au visage camus et léonin" ; il était "le défenseur des femmes en couche sur lesquelles il veillait également durant leur grossesse. Son image prophylactique orne tout lieu et toute scène réclamant sa puissance de dissuasion à l'égard des esprits maléfiques qui pouvaient mettre en péril l'heureuse issue de l'évènement qui s'y déroule …" (Isabelle Franco).
La déesse Taweret - Taouret - est le plus souvent représentée sous la forme d'un hippopotame

Taweret - Taouret -  qui est le plus souvent représentée sous la forme d'un hippopotame - est une entité féminine dont le nom signifie simplement 'la grande'. Elle "veille particulièrement sur la femme enceinte et la parturiente. Elle est présente au moment de l'accouchement, parfois accompagnée de Bès" (Isabelle Franco).

Isis, "fille de Geb et de Nout", la magicienne, a un rôle majeure dans la religion égyptienne ; parmi ses  multiples "attributions", elle est  notamment la protectrice  de l'enfance.

Quant au scarabée, il est le symbole du renouveau, de la renaissance. Comme nous le rappelle Gaston Maspero : "Le scarabée, pris comme emblème divin, représentait Khopri, le soleil levant, le soleil qui se produit (khoprou) au matin de chaque jour, et qui renaît après être mort le soir du jour précédent." Il précise aussi que "la racine de khoprou est 'devenir' : aussi est-il devenu de bonne heure en Egypte l'emblème de la vie humaine et des devenirs successifs de l'âme dans l'autre monde". 
Le collier menat et les deux colliers découverts dans un sac en toile dans la "private house B" 
à Malqatta en 1910-1911 lors de fouilles menées par le Metropolitan Museum of Art de New York 
sous la direction d'Herbert Eustis Winlock
Metropolitan Museum of Art de New York - Accession Numbers : 11.215.420 (menat)
 11.215.217 (perles et amulettes à gauche) - 11.215.216 (perles et amulettes à droite) 
(l'autre menat qui ne provient pas de la même "house" est au Musée du Caire) (photo du Met)

Ainsi, ce collier "très féminin", concentre-t-il les bienfaits de plusieurs divinités. Sous forme d'amulettes elles sont censées conférer  : "magiquement un pouvoir ou une forme de protection particulière … La conviction que le symbole, la forme, ou un concept offre une protection, favorise le bien-être, ou apporte la bonne chance".

Le fait que ce collier était caché et protégé révèle, à n'en pas douter, l'attachement que sa propriétaire lui portait…

En 1911, lors de la division des "trouvailles" - et grâce à un don du Rogers Fund -, le Metropolitan Museum of Art  a pu l'acquérir (ainsi que les deux autres qui se trouvaient dans le sac en toile). 

marie grillot

sources :
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/548613?searchField=All&sortBy=Relevance&ft=MALQATA&offset=0&rpp=20&pos=10
The Work of the Egyptian Expedition, Herbert Eustis Winlock. The Metropolitan Museum of Art Bulletin Vol. 7, No. 10 (Oct., 1912), pp. 184-190 (7 pages)
https://www.jstor.org/stable/3252822?seq=5#metadata_info_tab_contents
https://www.jstor.org/stable/3252822
Dictionnaire de mythologie égyptienne,  Isabelle Franco, 2013
http://what-when-how.com/archaeology-of-ancient-egypt/thebes-malkata-to-thebes-the-ramesseum-archaeology-of-ancient-egypt/
Thebes, Malkata To Thebes, the Ramesseum (Archaeology of Ancient Egypt)
https://www.academia.edu/36177397/Recent_Work_at_Malqata_Palace

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