En 1920, l'égyptologue William Matthew Flinders Petrie, fondateur de la "British School of Archeology in Egypt" est de retour à Illahun, à l'entrée du Fayoum. Un site qu'il connaît bien pour y avoir fouillé pendant plusieurs saisons.
La première en 1889-1890 au cours de laquelle il avait notamment découvert sur différents "supports" le nom de "Usertesen II" (Senusret II, Senwosret II ou encore Sesostris II), indiquant qu'il s'agissait là, vraisemblablement, de son complexe pyramidal. Puis, en 1913, sa seconde campagne sera couronnée par la découverte du magnifique trésor de la princesse Sat-Hathor-Iounet qui portait le titre de "Fille du Roi", "Senwosret II, étant vraisemblablement son père".
La pyramide d'Illahun – Illustration extraite de "Lahun II", Sir Flinders Petrie, Guy Brunton, M. A. Murray, London British School of Archaeology In Egypt, University College |
Cette nouvelle mission a pour objectif de procéder à un nettoyage des pièces de la pyramide et de savoir si le pharaon y a été, ou non, enterré.
Petrie s'est adjoint les compétences de son épouse, de Mr. and Mrs. Guy Brunton, de Reginald Engelbach, de Mr. Jefferies, de Mr. Miller et de Miss Hughes.
Dans la publication "Lahun II", Guy Brunton relate que le travail débuta dans "la chambre d'offrandes taillée dans la roche menant au sud du sépulcre" et, qu'à peine après une demi-heure de nettoyage, ils firent une magnifique découverte !
Il s'agissait de "l'uraeus de la couronne du roi" dont il fait la description suivante : "La tête est taillée en lazuli, avec les yeux en grenat serti d'or. La capuche est soulignée de lazuli, et la côte médiane en or est barrée au centre avec du lazuli. De chaque côté les demi-cercles sont de turquoise. Au-dessous de la capuche, la nervure centrale est bordée de deux longs morceaux de cornaline, avec deux de lazuli en dessous. La queue, qui est en or uni, se relève à l'arrière, se tordant et tournant de la manière la plus réaliste. A l'arrière, deux boucles sont enfoncées dans le creux de la queue: elles servent à l'attacher à la couronne. Il aurait difficilement pu être accroché ; il était plus probablement cousu ou fixé par des fils : cela implique un matériau doux pour une partie de la couronne, peut-être du cuir ou un tissu tressé. Deux morceaux d'incrustation manquaient à la découverte, tous deux de lazuli. Le tamisage nous a donné l'un, mais pas l'autre. Cet uraeus est apparemment le seul insigne royal, réellement porté par un roi égyptien, qui été découvert jusqu'ici".
Jean-Pierre Corteggiani ("L'Egypte des pharaons au musée du Caire") apporte les précisions suivantes : "Sous la tête une bande d’or, dont les stries horizontales étaient de loin en loin soulignées de pierres fines, partage tout le capuchon en deux; les dessins stylisés de la gorge gonflée du reptile en fureur sont indiqués par des pierres de couleur : disque d’amazonite (ou émail qui en imite la couleur) bordé par des croissants de lapis, le reste du capuchon étant en cornaline. Derrière celui-ci les orbes luisants du corps et l’ondulation terminale de la queue sont évidés, et deux anneaux y ont été soudés pour permettre de fixer l’image de la déesse protectrice sur une coiffure royale qui devait être en tissu ou en cuir".
Christiane Ziegler ("L'or des pharaons") précise que le nom d'uraeus : "dérive de l'ancien égyptien iaret, 'la cabrée', transformé en ouraios par les Grecs et qui devint uraeus en latin. C'était une divinité femelle. Elle personnifiait l'œil brûlant du dieu soleil Rê et la nature quasi divine des couronnes royales, réduisant en cendres les ennemis du souverain".
L'uraeus est effectivement associé à Ouadjet, déesse tutélaire de la Basse-Égypte, alors que la Haute-Egypte est, elle, associée à la déesse-vautour Nekhbet. Ainsi le cobra et le vautour sont-ils devenus les symboles de la puissance que le souverain exerce sur les Deux Terres. Symboles de l'unification du royaume : "leurs têtes étaient souvent placées côte à côte sur le devant des coiffures portées par les rois lors des occasions d'État, et sur les coiffures de leurs statues et autres représentations".
Cet uraeus, haut de 6,6 cm, "qui ornait une couronne ou peut-être le masque funéraire de Sésostris II, est un pur chef-d'œuvre de joaillerie. Même Emile Vernier, expert incontestable - et parfois un peu sévère - de l'orfèvrerie de l'Egypte ancienne, le qualifie de "très bel aspect et d'une excellente exécution".
Il a été enregistré au Journal des Entrées sous la référence JE 46694 et au Catalogue Général CG 52702.
marie grillot
sources :
Sir William Matthew Flinders Petrie, Illahun, Kahun and Gurob : 1889-1890, Publisher London - D. Nutt, 1891,
https://archive.org/details/cu31924086199514/page/n8/mode/2up
Guy Brunton, Lahun I : The treasure (BSAE 27 en ERA 20 - 1914), London, 1920
http://dlib.nyu.edu/awdl/sites/dl-pa.home.nyu.edu.awdl/files/lahun00brit/lahun00brit.pdf
Sir Flinders Petrie, Guy Brunton, M. A. Murray, Lahun II, London, British School Of Archaeology In Egypt, University College
http://www.etana.org/sites/default/files/coretexts/15251.pdf
Émile Vernier, Bijoux et orfèvreries. Fascicule 3,Numéro 52640-53171, Institut français d'archéologie orientale (Le Caire), 1907-1927
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57740426.r=.langFR
Isabelle Franco, Dictionnaire de mythologie égyptienne, Isabelle Franco, Tallandier, 2013
Jean-Pierre Corteggiani, L'Egypte ancienne et ses dieux, Fayard, 2007
Jean-Pierre Corteggiani, L'Egypte des pharaons au musée du Caire, Hachette Paris, 1986
Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, Catalogue officiel Musée Egyptien du Caire, Verlag Philippe von Zabern, 1997
Christiane Ziegler, L'or des pharaons - 2500 ans d'orfèvrerie dans l'Egypte ancienne, Catalogue de l'exposition de l'été 2018 au Grimaldi Forum de Monaco,
Zahi Hawass, catalogue de l'exposition Ramsès & l'or des pharaons, Laboratoriorosso, 2021
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