Pot en forme d’antilope - calcaire
période Nagada IIc vers 3500 av. J.-C. - provenance inconnue
acquis par le Musée Égyptien du Caire en 1936 (ou 1956?) - JE 66628
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Ce pot en forme d'antilope est travaillé dans un calcaire dur, compact, d'un beige légèrement rosé et "marbré". Il est haut de 8, 5 cm et long de 15 cm.
La panse est ronde, parfaitement polie et semble douce au toucher… "Maîtres incontestables dans l'art de tailler et de polir la pierre dès la préhistoire, les artisans égyptiens utilisent toutes les pierres, des plus tendres aux plus dures et travaillent aussi bien des vases de petite taille que des grands récipients - l'essentiel étant qu'ils durent éternellement" (Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian "Catalogue officiel du Musée Egyptien du Caire").
Il n'y a pas d'informations attestées permettant de connaître son "rôle". Peut-être était-ce un réceptacle à onguents ou autres huiles précieuses et rares ?
Dans la partie supérieure, quatre trous sont percés aux presque extrémités. On peut penser, mais, là encore, rien n'est assuré, qu'ils pouvaient laisser passer une cordelette destinée à le suspendre, à moins qu'ils n'aient été destinés "à fixer un couvercle"…
Les pattes, petites, ne sont absolument pas proportionnelles au reste du corps. Elles sont "réduites à deux crochets aigus sur lesquels le pot ne peut pas se tenir en équilibre" (Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, "Catalogue officiel du Musée Egyptien du Caire").
La tête surmontée d'une corne, est totalement stylisée, presque "schématisée". Elle est cependant animée de façon réaliste, par un œil rond "incrusté d’une rondelle d'os".
Cet artefact a été imaginé, créé, il y a plus de 5500 ans, à l'époque dite "archaïque" ou "prédynastique". Dans "Le matériel funéraire déposé dans les tombes de la culture de Nagada (Haute-Égypte, IVe millénaire)", Gwenola Graff nous apporte les précisions, chronologiques et géographiques, sur cette période : "Le premier horizon culturel qui émerge à la suite de la néolithisation et de l’établissement des populations dans la vallée du Nil est le Badarien. Aux alentours de la charnière entre le Ve et le IVe millénaire, la culture badarienne laisse place à celle de Nagada. La culture nagadienne se subdivise en 3 phases (Nag. I-II-III). Elle s’étend au fur et à mesure de son développement. À l’origine, à Nagada I, elle ne concerne que la zone qui était auparavant sous influence badarienne, soit le nord de la Haute-Égypte. À Nagada II, elle intéresse toute la Haute et la Moyenne-Égypte. À la fin de Nagada III, elle est devenue prédominante non seulement dans toute l’Égypte mais on la retrouve aussi jusqu’en Nubie au Sud et au Nord, via le Sinaï, jusqu’en Palestine, dans l’actuelle bande de Gaza".
Ce vase est daté de la période Nagada IIc (3500 av. J.-C.). "Au cours de la période prédynastique, les vases de pierre en forme d’animaux atteignirent une perfection de l'art" précise Abeer El-Shahawy dans "The Egyptian Museum in Cairo".
Quant à Jean-Pierre Corteggiani, il nous apporte cet éclairage intéressant : "Peuple de paysans proches de la nature les Égyptiens ont toujours su observer celle-ci, et particulièrement la faune, avec précision et sympathie. De tout temps, leurs artistes ont été d'admirables animaliers, qu'il s'agisse de peindre l'animal tel qu'il est, de donner sa silhouette stylisée à quelque ustensile, ou d’exprimer le mystère et la puissance d’une divinité à travers son image hiératisée."
Ainsi, la faune du désert constituait-elle une belle source d'inspiration … "La gazelle est souvent trouvée avec le bouquetin et l'oryx. Les égyptologues, dépourvus du savoir-faire des anciens Égyptiens, ont tendance à appliquer le terme gazelle aux trois. De même, le terme "antilope" est utilisé de manière approximative pour décrire les trois, même si seule la gazelle fait partie de la sous-famille Antilopini" (Stolberg-Stolberg, A. "Antilope, Gazelle und Steinbock im Alten Ägypten").
Ce vase est de provenance incertaine, donc en l'état actuel il est impossible de préciser où, quand et par qui il a été découvert. Ce que l'on sait, c'est qu'il est arrivé au Musée Egyptien du Caire, par une acquisition. Celle-ci a été réalisée soit en 1936, soit en 1956, selon les sources. Il a été enregistré au Journal des Entrées sous la référence JE 66628.
marie grillot
sources :
Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, Catalogue officiel du Musée Egyptien du Caire, Verlag Philippe von Zabern, 1997
Jean-Pierre Corteggiani, L'Egypte des pharaons au musée du Caire
Abeer El-Shahawy, The Egyptian Museum in Cairo, Matḥaf al-Miṣrī
Gwenola Graff, Le matériel funéraire déposé dans les tombes de la culture de Nagada (Haute-Égypte, IVe millénaire)
https://journals.openedition.org/pm/475#tocto2n2
Åsa Strandberg, The Gazelle in Ancient Egyptian Art
http://uu.diva-portal.org/smash/get/diva2:232265/FULLTEXT01.pdf
STOLBERG-STOLBERG, A., 2003 Untersuchungen zu Antilope, Gazelle und Steinbock im Alten Ägypten., Berlin: Mensch & Buch Verlag.
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