C'est le 3 janvier 1907, alors qu'il travaille dans le wadi principal de la Vallée des Rois pour le compte de l'Américain Theodore Monroe Davis, que l'égyptologue britannique Edward Russell Ayrton découvre, au sud de la KV 6, une nouvelle tombe.
Edward Russel Ayrton est le grand jeune homme élégant, coiffé d'un canotier, qui se trouve à la gauche du mécène américain Theodore Davis |
Elle sera référencée KV 55 et attribuée, dans un premier temps, à l'épouse d'Aménophis III et mère d'Akhénaton, la reine Tiyi (Davis y tenait particulièrement !). Il se pourrait en fait qu'elle ait, à l'origine : "contenu un certain nombre de sépultures rapportées d'Amarna, qui furent ensuite réinhumées dans d'autres tombes. Ainsi, la momie de la reine Tiyi peut-elle, par exemple, y avoir été déposée avant d'être ensuite déplacée dans la cache de la KV 35, de la tombe d'Aménophis II. Il est désormais généralement admis que la momie qui y a été trouvée est celle d'Akhenaton, Aménophis IV" précise le site "Theban Mapping Project" qui attribue ainsi la tombe : "KV 55 (Tiye (?) or Akhenaten (?) )". Quant à Marc Gabolde, il pense que la momie de Tiyi n'a jamais été placée dans la KV 55 mais dans une sépulture royale de la vallée de l'Ouest (WV 22).
Le déblaiement trop rapide de la KV 55 - déjà profanée dans l'antiquité - s'avérera "brouillon", pour ne pas dire "désastreux". Le triste constat que la négligence des archéologues provoqua la perte d'une bonne partie du trésor est souvent émis.
Elle livrera toutefois un important et intéressant matériel funéraire : outils de sculpteur, meubles, scarabées, statues, équipements de chasse, vaisselles, documents écrits… et bien sûr des bijoux .
Au cou de la momie "se trouvaient les restes d'un large collier à pendentifs en or et plaques incrustées reliées par des rangées de minuscules perles et se terminant par de grandes fleurs de lotus en or incrustées de pâte" relate Edward Russell Ayrton dans "The tomb of Queen Tîyi. The discovery of the tomb".
Le collier a pu être en partie complété avec les perles qui avaient glissé dans le cercueil momiforme en bois de cèdre… Puis, sa "reconstitution" s'est ensuite poursuivie grâce à ... Howard Carter ! En effet, dans "L'histoire de la Vallée des Rois", John Rohmer nous livre l'anecdote suivante : "Cinq semaines après l'ouverture du monument, Carter qui séjournait à Louxor, informa Davis que des marchands d'antiquités cherchaient à lui revendre des objets provenant de l'hypogée, contre la promesse qu'il laisserait les coupables en paix. C'est ainsi que Davis a pu récupérer des morceaux du collier d'or qui ornait autrefois le cou de la momie."
Ne connaissant pas son aspect initial, sa recomposition est forcément aléatoire voire même hasardeuse… Ainsi, le modèle qui s'offre à nous aujourd'hui est certes magnifique, mais évidemment sujet à multiples interrogations tant les "combinaisons" possibles de positionnement des éléments qui le composent sont nombreuses.
Émile Vernier, égyptologue français, le décrit ainsi, sous le n° CG 52674, dans "Bijoux et orfèvreries - Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire" : "Collier or, électrum, pierre et porcelaine. Un collier de cinq rangs, de motifs divers, qui aboutissent des deux côtés à des barrettes où les fils ont leurs points de départ. Sur les barrettes et occupant la moitié de leur longueur, des lotus sont retournés, et leurs calices, qui sont à la partie supérieure, ont reçu les anneaux de suspension. Ces lotus sont construits en cloisonné et ont été décorés de matières de couleur où l'on peut reconnaître du lapis-lazuli et de la porcelaine émaillée ; les autres cloisonnages étaient remplis d'une substance aujourd'hui indéfinissable.
Le premier rang (intérieur) est ainsi constitué : un fil supportant dix-huit pièces cloisonnées qui sont suspendues chacune par deux petits anneaux plats. L'espace qui reste libre entre ces anneaux est rempli par de petites perles minces en lapis-lazuli, cornaline et amazonite. Chacune des dix-huit pièces… est en porcelaine émaillée bleue et la figure voisine est cloisonnée en trois parties transversales : le haut en électrum, le bas en lapis-lazuli et le milieu d'une substance analogue à celle, indéterminée, qui est dans les cloisons des lotus.
Le deuxième rang est fait de trente-six petits balustres en forme de bouteilles. Ces pièces et toutes celles qui suivront sont de métal mince (or blanc, électrum) doublées à l'envers d'une plaque plate qui ferme la cavité donnée par le relief de la pièce, à l'endroit. Elles ont toutes deux anneaux, un en haut et l'autre en bas. Le troisième rang est formé de demi-manchons. Le quatrième et le cinquième sont constitués avec des débris qui ne sont pas semblables. Il y a les deux formes précédentes auxquelles vient s'ajouter la forme en poire, tout cela en désordre ; le quatrième rang compte quatorze poires, quinze manchons, sept bouteilles ; en tout trente-six. Ce collier est une reconstitution faite sans renseignements précis."
Quant à Christiane Ziegler, dans son ouvrage "Reines d'Égypte", elle donne une interprétation beaucoup plus "symbolique" des perles du deuxième rang qui ont, pour elle : "la forme du hiéroglyphe Nefer, exprimant la beauté et la perfection"… De plus, elle estime que : "On peut supposer que les restes de cette parure trouvée au fond du sarcophage avaient fait partie du trousseau funéraire de la reine Tiy".
Ce collier a été enregistré au Journal des Entrées du Musée égyptien du Caire JE 39631 et au Catalogue Général CG 52674.
sources
Theodore Monroe Davis, Gaston Maspero, Grafton Elliot Smith, Edward Russell Ayrton, Georges Daressy, E. Harold Jones, The tomb of Queen Tîyi. The discovery of the tomb, London Constable and Co. Ltd., 1910
https://ia600208.us.archive.org/10/items/cu31924028654691/cu31924028654691.pdf
https://archive.org/details/cu31924028654691
Émile Vernier, Bijoux et orfèvreries. Fascicule 3, Numéro 52640-53171, Institut français d'archéologie orientale, Le Caire, 1925
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57740426/f32.item.r=.langFR
John Rohmer, L'histoire de la Vallée des Rois, Vernal, Philippe Lebaud, 1991
Christiane Ziegler, Reines d'Egypte, Somogy éditions d'art, Grimaldi Forum, 2008
Theban Mapping Project
http://www.thebanmappingproject.com/sites/browse_tomb_869.html
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