Ce ravissant collier, de conception simple, est composé de vingt et une grosses perles d'or, rondes et creuses. Elles sont "moulées en deux moitiés qui sont soudées ensemble". Entre chacune d'entre elles sont enfilés deux "petits tubes soudés autour des trous d'enfilage".
La rondeur des perles est ainsi joliment rythmée par cet espace plat qui les sépare, les met en valeur, et concourt à rendre l'ensemble aussi noble que gracieux.
L'attache du bijou, d'une longueur totale de 61 cm, se fait par deux fins cordons de lin tressés.
Les temples de Deir el-Bahari : M= Temple de Montouhotep II - T III= Temple de Thoutmosis III - H= Temple d'Hatchepsout (source : osirisnet.net) |
Ce délicat bijou a été découvert en 1921 par Herbert Eustis Winlock alors qu'il fouillait, pour l'expédition du Metropolitan Museum of Art de New York, sur le site du temple de Montouhotep II, sur la rive occidentale de Louqsor. Ce pharaon dont le nom signifie "puisse Montou être satisfait" a régné au Moyen Empire, au cours de la XIe dynastie (vers 2061 - 2010 av. J.-C.).
À l’ouest de la cité précise Christian Leblanc dans "Le Bel Occident de Thèbes Imentet Neferet" : "le nom et l’œuvre de Montouhotep II restent surtout attachés à la construction d’un complexe funéraire d’un type nouveau, aménagé dans le grandiose cirque de Deir al-Bahari, un site que l’on appelait à l’époque et encore sous le règne de Sésostris III, Int (n) Nb- Hpt-Ra, la 'Vallée de Nebhepetrê'. On parvenait à ce monument, par une longue voie bordée de murs et dont l’esplanade était agrémentée d’un jardin planté de tamaris et de sycomores. Il s’agissait d’un tombeau double si l’on considère qu’il comprenait un temple-cénotaphe, vaste construction à étages pourvue de portiques que surmontait une plateforme en tronc de pyramide où se dressaient peut-être un ou deux obélisques, et la tombe proprement dite aménagée au pied de la falaise, et dans laquelle ne fut retrouvé que le sarcophage du roi. Le cénotaphe abritait un caveau fictif auquel on accédait, depuis l’esplanade, par une descenderie…" Aujourd'hui très largement dégradé, il ne se visite pas.
Les fouilles du Metropolitan, débutées en 1920 permettront notamment à Herbert Eustis Winlock de découvrir que : "une vingtaine de dames royales avaient été enterrées dans et autour du temple".
Il indique que c'est : "dans la fosse funéraire à l'est du plus septentrional des sanctuaires, précisément dans le puits 18, qu'a été découverte la momie de Myt. Sa sépulture avait été pillée dans l'antiquité, mais restaurée ensuite puis rescellée".
Myt ou Miuyet - ce nom "mignon", ce diminutif, signifie "kitty", petit chat, minou - était, selon ce qu'il a découvert : "l'une des six jeunes filles du harem de Montouhotep II qui étaient, soit épouses ou futures épouses du roi, et qui ont été enterrées dans des sanctuaires spécialement conçus pour elles dans son temple".
Même s'il est parfois indiqué que Myt n'avait que 5 ans lorsqu'elle perdit la vie, son âge n'est cependant pas établi avec certitude. D'après le récit de l'égyptologue, il semble qu'elle ait été encore une enfant et que le titre d'épouse ne puisse lui être attribué. "Il a été spéculé qu'elle était une fille de Montouhotep II, mais il n'y a aucune preuve directe pour cela".
Colliers, cercueil et momie de Myt photos extraites de "Excavations at Deir El Bahari (1911-1931)" de Herbert Eustis Winlock |
Voici le récit que fait l'égyptologue de la découverte du sarcophage et de la momie : "Lorsque nous avons ouvert le grand sarcophage (le couvercle devait peser deux tonnes), le petit cercueil en bois blanchi à la chaux de Miuyet s'y trouvait. A l'intérieur, nous avons trouvé un second cercueil avec des bandes de tissu recouvrant la petite momie. Là, Miuyet était allongée sur le côté avec les yeux de son masque de plâtre regardant à travers les yeux peints sur ses cercueils. Les cercueils étaient petits, mais la momie enveloppée avec son masque était encore beaucoup plus petite, et au fur et à mesure que nous l'avons démaillotée, nous avons constaté que, aussi petite soit-elle, elle était rembourrée principalement à la tête et aux pieds pour compenser les minuscules proportions du petit enfant pathétique qui se trouvait à l'intérieur... Nous avons enlevé bandelette après bandelette, et puis tout à coup il y eut un éclat de perles de cornaline. Miuyet avait peut-être été enterrée précipitamment dans les cercueils, mais au moins elle était parée de tous les bijoux qu'elle avait portés dans sa courte vie".
Les matériaux précieux des parures, l'endroit de son inhumation laissent bien sûr à penser que cette petite fille jouissait d'un statut élevé, d'une position importante...
Lors du partage des fouilles, cinq colliers qui ornaient la momie de Myt ont pu être acquis, en 1922, par le Metropolitan Museum of Art. Ce collier de perles d'or a été enregistré sous la référence 22.3.320.
Au delà de l'affection qu'il traduit, ce touchant ensemble de bijoux, constitue assurément un témoignage très rare des parures portées par les enfants de l'entourage de pharaon au Moyen Empire.
marie grillot
NB : Les citations entre guillemets sont extraites de "Excavations at Deir El Bahri (1911-1931)" d'Herbert Eustis Winlock
sources :
Gold Necklace of the Child Myt
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/544144?pos=3&pg=1&rpp=20&offset=0&ft=ancient%20egypt%20jewelry
Herbert Eustis Winlock, Excavations at Deir El Bahri (1911-1931), The Mac Millan Company, New York,1942
https://archive.org/details/Winlock_Deir_El_Bahari_1911-1931
Dieter Arnold from the notes of Herbert Winlock, The Temple of Mentuhotep at Deir el-Bahari, The Metropolitan Museum of Art - Egyptian Expedition, Vol. XXI, New York, 1979
https://libmma.contentdm.oclc.org/digital/collection/p15324coll10/id/163305
William C. Hayes, Scepter of Egypt I : A Background for the Study of the Egyptian Antiquities in The Metropolitan Museum of Art : From the Earliest Times to the End of the Middle Kingdom, Cambridge, Mass., The Metropolitan Museum of Art, 1953, p. 162, 229, fig. 144
Nora E. Scott, Egyptian Jewelry in The Metropolitan Museum of Art Bulletin, new ser., vol. 22, no. 7 (March), 1964, pp. 225, 228–229, fig. 4
The New Egyptian Galleries, The Metropolitan Museum of Art Bulletin, new series, vol. 33, 1975, no. 2 (Summer), p. 112 (fig.)
Christian Leblanc, Angelo Sesana, Le Bel Occident de Thèbes Imentet Neferet, De l'époque pharaonique aux temps modernes - Une histoire révélée par la toponymie, L'Harmattan, 2022
Carnelian Necklace of the Child Myt - n°: 22.3.321
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/544145
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire