Bracelet d'or de Psousennès : une offrande de Moutnedjmet pour son éternité |
"La momie, tout habillée d'or, reposait sur une planche d'argent, avec ses six colliers, vingt-deux bracelets de poignet, quatre de genou et de cheville, des pectoraux, des scarabées et des coeurs, doigtiers et sandales d'or, plus de trente bagues, le tout d'un goût parfait."
Tel est le récit que fait Pierre Montet de sa "première rencontre" avec le pharaon Psousennès, le 16 février 1940, dans la nécropole de Tanis…
Pierre Montet examinant la tombe de Psousennès Ier (1940) Archives Mission Montet ©EPHE, Centre Wl. Golénischeff |
Les parures qui ornaient le corps momifié du pharaon furent extraites entre le 23 février et le 19 mars. Parmi les nombreux bracelets de conception très différente, se trouvait celui-ci.
D'une hauteur de 4,5 cm, d'un diamètre extérieur de 6,1 cm et d'un diamètre intérieur de 4,9 cm, il est en or massif et pèse 128 grammes.
Dans "Tanis l'or des pharaons", on peut lire qu'il est composé : "de deux parties comprenant chacune sept demi-anneaux alternativement lisses et striés. Ce sont des tubes de 6 mm de diamètre dont les extrémités sont bouchées. Sur chaque partie du bracelet de courts anneaux striés, deux d'un côté et un de l'autre, servaient de charnières. Des clavettes, aujourd'hui disparues, assuraient la fermeture."
Cyril Aldred, dans "Jewels of the Pharaohs", précise qu'il fait partie d'une paire. Il analyse ainsi le bijou : "Ce modèle de bracelet, de confection simple mais originale, se compose de deux demi-cylindres articulés, l'une des broches étant rétractable. Chaque moitié est composée de sept tubes de section en D, les surfaces extérieures étant alternativement lisses et nervurées."
Bracelet d'or de Psousennès : une offrande de Moutnedjmet pour son éternité |
Avec ses quatre anneaux plats qui semblent être "réveillés" par les trois anneaux rayés alternés, ce bracelet a un charme et une noblesse indéniables, sublimés par la chaude couleur de l'or, la chair des dieux. Si son esthétique nous séduit, l'aspect "sentimental" qu'il revêt ne peut que nous toucher… et nous questionner.
En effet, il est gravé à l'intérieur d'un texte hiéroglyphique sur deux lignes. La ligne supérieure donne le nom du propriétaire : "Le Roi, le Seigneur des Deux Terres, le Premier Prophète d'Amun-Re, le Roi des Dieux, Fils de Re, Psusennes, bien-aimé d'Amon." Quant à la ligne inférieure, elle est la suivante : "La Première Grande Femme Royale de Sa Majesté, Dame des Deux Terres, Moutnedjemet."
Bracelet d'or de Psousennès À l'intérieur est gravé un texte hiéroglyphique sur deux lignes |
Qui était Moutnedjemet ?
Pierre Montet, dans "Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien", publié en 1942, précise que : "La mère de Psousennès, Moutnedjem, est nommée sur une paire de bracelets de poignet." Lien familial qu'il confirme en 1945, dans "La nécropole royale de Tanis d'après les découvertes récentes". Il nous donne ces précisions sur Moutnedjmet : "Elle était deuxième prophète d'Amonrâsonter, première grande épouse royale de Sa Majesté, première grande recluse d'Amonrâsonter, majordome et prophète de Mout-la-Grande, la Dame d'Acherou, prophète de Chonsou à Thèbes-le-Bienveillant, mère divine de Chonsou l'enfant, le très grand premier d'Amon, fille royale, sœur royale, femme royale, maîtresse des deux terres, triomphante auprès d'Osiris… Si nous n'avions pas d'autre renseignement sur Moutnedjem, nous serions tenté de voir en elle la principale épouse de Psousennès. En réalité, elle était sa mère."
Le masque de Psousennès et son bracelet en or |
Georges Goyon est également de cet avis : "Psousennès-Miamoun était le second roi de la XXIe dynastie. Fils de Smendès, il était par sa mère, la Grande Épouse royale Moutnedjem, descendant des Ramsès"… Jean Sainte Fare Garnot va aussi en ce sens.
Cependant, cette filiation n'est pas toujours avérée, puisqu'il arrive que l'on "accorde aujourd'hui l'initiative de cette offrande à la femme du grand monarque". Ainsi, dans Tanis, Trésor des pharaons, Henri Stierlin et Christiane Ziegler lui attribuent-ils le titre d'épouse. Il en est de même dans Le clergé féminin d'Amon Thébain à la 21e dynastie, où Saphinaz-Amal Naguib la présente bien "comme étant l'épouse de Psousennès I".
Mais, qu'elle soit d'une mère à son fils, ou d'une épouse à son mari, cette dédicace gravée dans l'or des bracelets témoigne d'un amour indéfectible qui était destiné à accompagner Psousennès pour son éternité…
marie grillot
sources :
Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien, Pierre Montet, 1942
Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987
La découverte des Trésors de Tanis, Georges Goyon
Tanis : trésors des pharaons, Henri Stierlin et Christiane Ziegler, Seuil, 1987
“Pharaons” - Catalogue de l'exposition présentée à l'Institut du monde arabe à Paris, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005
"La nécropole royale de Tanis d'après les découvertes récentes" - Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89e année, N. 4, 1945. pp. 504- 517. - Persée
“Histoire du site de Tanis de la XXIe dynastie à l'époque byzantine”
Le clergé féminin d'Amon Thébain à la 21e dynastie, Saphinaz-Amal Naguib
“Bibliographie analytique des religions de l'Égypte, 1939-1943”, Jean Sainte Fare Garnot
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