vendredi 4 août 2017

Les peintres orientalistes en Égypte (IV)

Walter Frederick Roofe Tyndale

Walter Frederick Roofe Tyndale - “A Fruit-Stall at Bulak”, c. 1905

D'origine anglaise, Walter Frederick Roofe Tyndale est né le 10 août 1855 dans la belle cité de Bruges en Belgique. Il se forme à la Bruges Academy of Art, puis en Grande-Bretagne, puis à Anvers et enfin à Paris. Il y fait une rencontre déterminante : celle du peintre Léon Bonnat qui a visité l'Égypte en 1868, en compagnie de Jean-Léon Jérôme. "C'est ainsi que Tyndale fut introduit directement dans les cercles orientalistes français.”
Talentueux, doué de solides bases académiques, il se familiarise également avec la technique de l'aquarelle qu'il maîtrisera rapidement et dans laquelle il excellera. Des galeries londoniennes lui passent alors commande d'une série sur l'Égypte. C'est ainsi qu'il arrive au Caire, en 1897… Ce premier séjour de deux ans sera très "prolifique". Il peindra avec passion les rues du Caire, n'hésitant pas à s'installer dans les échoppes afin d'avoir un angle de vue plus original. "Ses vues du Caire, les intérieurs de constructions célèbres comme les scènes de rues présentent un merveilleux mélange de couleurs judicieusement choisies et d'exactitude dans le détail."
Quelques années plus tard, en 1905, il ressent le besoin de revenir en Égypte : il y restera cinq années. S'il passe la majeure partie de ce séjour au Caire, il en profite également pour remonter le Nil et séjourner à Louqsor.
Il fera de nombreuses aquarelles du temple de Deir el-Bahari et réalisera d'ailleurs une commande qui lui avait été passée de plâtres colorés des reliefs du temple représentant le pays de Pount, qui furent vendus au Metropolitan Museum de New York et aux musées de Toronto et d'Edimbourg.
Pendant ce travail, il s'installera sur la West Bank et nouera de bonnes relations avec les Gournawis.
Ce proche du grand égyptologue Arthur Weigall, peindra également les temples du Ramesseum, de Sethi et d'Edfou…
Il publiera deux ouvrages sur l'Égypte : "Below the Cataracts" en 1907, puis "An Artist in Egypt" en 1912, ouvrages illustrés, bien sûr par ses magnifiques aquarelles !

marie grillot

sources :
Les Orientalistes de l’École britannique, Gerald M. Ackerman, ACR édition, 1991
haslemeresociety.org
lookandlearn.com

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Charles Théodore Frère 

Charles Théodore Frère - “Caravane au repos devant le temple de Karnak”

C'est le 21 juin 1814 à Paris que Théodore Frère voit le jour. Sa famille souhaite qu'il devienne musicien, ou qu'il reprenne la maison d'édition familiale, mais c'est dans la peinture que ses talents artistiques s'épanouissent.
En 1836, il découvre les pays du Maghreb. Ce contact émerveillé, cette attirance immédiate pour les pays musulmans influencent de façon déterminante sa carrière et feront de lui l'un des tout premiers peintres orientalistes.
En 1851, un grand périple de 18 mois le mène jusqu'en Égypte et en Nubie. Il en revient, chargé de sensations, de couleurs, d'ambiances, de dessins, de peintures, de notes et d'objets orientaux. L'Égypte l'appelle de façon irrésistible… "L’Égypte, qu’il peindra inlassablement jusqu’à la fin de sa vie, deviendra sa terre d’adoption."
Vers 1853, il ouvre un atelier au Caire et devient le peintre de la cour. Le vice-roi d’Égypte l’élève au rang de bey. Il devient "Frère Bey" et signe ainsi parfois ses toiles.
En 1869, l'impératrice Eugénie est conviée en Égypte pour l'inauguration du canal de Suez. Narcisse Berchère, Eugène Fromentin, Jean-Léon Gérôme sont du voyage, mais c'est à Théodore Frère que l'impératrice a commandé une série d'aquarelles. Tout au long de la croisière qu'elle effectue en Haute-Égypte du 25 octobre au 12 novembre 1869, il l'accompagne et réalise un "reportage" en peinture des principaux sites visités : Minieh, Edfou, Assouan, Esneh, Louqsor, Karnak, Thèbes, Memphis, Saqqarah et Guizeh... 
Claude Monet et Eugène Boudin admiraient le travail de cet artiste et la reconnaissance de Frère Bey, en tant que peintre orientaliste, est louée par les critiques d'art. "Que de fois, visitant l’atelier d’un célèbre orientaliste, celui de M. Théodore Frère, nous sommes restés des heures entières en contemplation devant ces vastes déserts de la vieille Égypte, et plongé dans les rêveries qu’inspirent ces immenses solitudes ou ces imposantes ruines d’une civilisation qui a brillé d’un si grand éclat."

marie grillot

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Eugène Fromentin

Eugène Fromentin - “Les bords du Nil”

Eugène Fromentin est né le 24 octobre 1820 à La Rochelle. Officiellement invité par le Khédive avec de nombreux autres artistes européens à l'inauguration du Canal de Suez, il séjourne en Egypte en 1869.
Ce qu'il a vu ou ressenti, même furtivement, ce qu'il a mémorisé de ces instants, de ces sensations, il saura très bien le retrouver et le restituer au bout des ses pinceaux.
"La vallée du Nil, en automne, avec ses grandes lignes étirées, son paysage élargi par la crue, sa tendre lumière et son humide douceur."

marie grillot

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John Frederick Lewis

John Frederick Lewis - “The Ramesseum at Thebes”

John Frederick Lewis est né à Londres le 14 juillet 1805. Son père était graveur et il travailla très tôt dans son atelier. Très doué dans les scènes animalières, il s'orienta ensuite vers les paysages puis, doucement, délaissa la peinture à l'huile pour l'aquarelle… Parallèlement, et afin de chercher de nouveaux sujets d'inspiration, il commença à voyager. Après Venise, l'Espagne, la France, l'Albanie et la Grèce, puis Constantinople, c'est en Égypte qu'il s'installe.
Au Caire, où il restera dix ans, il habite dans une splendide demeure de l'Ezbekiyya. Ce bel homme, dandy dans sa jeunesse, était devenu un être : "indépendant et isolé, mais également distant, ascétique et apparemment plein de retenue".
Lewis "vivait et s’habillait comme un noble ottoman ; à n'en pas douter, il s'identifiait à l'aristocratie égyptienne", mais il semble qu'il la fréquentait le moins possible, de même qu'il évitait d'avoir à recevoir ses compatriotes ou autres peintres et hommes de lettres de passage.
Sa notoriété l'amena à réaliser des portraits de 'personnalités', notamment ceux de Méhémet Ali, de Mme Linant de Bellefonds et de Sir John Gardner Wilkinson…
Mais ce qu'il aima peindre par dessus tout, ce sont les mosquées cairotes, les souks, les ruelles étroites et sombres, ainsi que les intérieurs de harems à la douce lumière filtrée par les moucharabiehs.
En 1842 il part pour le Sinaï, puis Suez, Louqsor, Edfou…
Son œuvre "égyptienne" est composée pour la majeure partie de magnifiques aquarelles souvent qualifiées de "diaprées", mais aussi de riches peintures à l'huile.

marie grillot

sources :
Les Orientalistes, peintres voyageurs, Lynne Thornton, ACR édition Poche Couleur, 1994
Les Orientalistes de l'école britannique, Gerald M. Ackerman, ACR édition, 1991

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Les tableaux de cette galerie sont spécialement "ré-encadrés" par "Égypte actualités"

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