photo Jean-Pascal Sebah (1872-1947) |
"L'Égypte est un pays merveilleux qui, depuis l'antiquité la plus reculée, a eu le privilège d'intéresser vivement le Monde. Alors que tous les autres peuples étaient plongés dans la barbarie, les Égyptiens avaient déjà atteint un haut degré de culture intellectuelle. Les Sciences, les Arts étaient en pleine floraison sur les bords du Nil, tandis que les Phéniciens, les Grecs qui, dans la suite, ont occupé un rang si élevé dans la civilisation, étaient encore à l'Âge de la Pierre.
Les Égyptiens ont conçu et réalisé le grandiose comme aucun peuple n'a été capable de le faire. Les Pyramides, les Temples de la Haute-Égypte écrasent sous leur majestueuse grandeur les plus beaux monuments de l'antiquité et des temps modernes. Mais là où apparaît surtout l'élévation de l'esprit des Égyptiens, c'est dans les superbes bas-reliefs qui transcrivent en caractères aussi gracieux qu'imposants les annales de leur histoire.
Les Pharaons ont été des gens pratiques. C'est à leur prévoyance que nous devons de connaître les faits et gestes des Thoutmès, des Seti, éloignés de nous de plusieurs milliers d'années, mieux que ceux des souverains nos contemporains, tels, par exemple, que Abbas-Pacha et Saïd-Pacha.
Les hommes d'étude, fascinés par la grandeur des monuments antiques, ont porté toute leur attention et appliqué toute leur sagacité au déchiffrement et à l'interprétation des textes et des bas-reliefs que ces monuments leur présentaient, professant pour les événements contemporains un dédain immérité. Les Membres de la Commission Scientifique de l'Expédition Française ont été les premiers à se préoccuper de l'état moderne de l'Égypte et ont consigné dans un ouvrage, unique au monde, le résultat de leurs magnifiques travaux."
(extrait de "Revue d'Égypte. Recueil mensuel de documents historiques et géographiques relatifs à l'Égypte", 1894-06)
(*) professeur d’histoire naturelle à l’École nationale de médecine fondée par Clot bey, médecin chef à l’hôpital militaire pendant 20 ans et finalement directeur de l’école de médecine du Caire
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Une journée en Égypte avec… Victor Hugo, poète et dramaturge romantique français (26 février 1802 - 22 mai 1885)
circa 1890 |
"L'Égypte ! - Elle étalait, toute blonde d'épis,
Ses champs, bariolés comme un riche tapis,
Plaines que des plaines prolongent ;
L'eau vaste et froide au nord, au sud le sable ardent
Se dispute l'Égypte : elle rit cependant
Entre ces deux mers qui la rongent.
Trois monts bâtis par l'homme au loin perçaient les cieux
D'un triple angle de marbre, et dérobaient aux yeux
Leurs bases de cendre inondées ;
Et de leur faîte aigu jusqu'aux sables dorés,
Allaient s'élargissant leurs monstrueux degrés,
Faits pour des pas de six coudées.
Un sphinx de granit rose, un dieu de marbre vert,
Les gardaient, sans qu'il fût vent de flamme au désert
Qui leur fît baisser la paupière.
Des vaisseaux au flanc large entraient dans un grand port.
Une ville géante, assise sur le bord,
Baignait dans l'eau ses pieds de pierre.
On entendait mugir le semoun meurtrier,
Et sur les cailloux blancs les écailles crier
Sous le ventre des crocodiles.
Les obélisques gris s'élançaient d'un seul jet.
Comme une peau de tigre, au couchant s'allongeait
Le Nil jaune, tacheté d'îles.
L'astre-roi se couchait. Calme, à l'abri du vent,
La mer réfléchissait ce globe d'or vivant,
Ce monde, âme et flambeau du nôtre ;
Et dans le ciel rougeâtre et dans les flots vermeils,
Comme deux rois amis, on voyait deux soleils
Venir au-devant l'un de l'autre."
(extrait de "Le Feu du ciel" - Les Orientales, 1829)
Ses champs, bariolés comme un riche tapis,
Plaines que des plaines prolongent ;
L'eau vaste et froide au nord, au sud le sable ardent
Se dispute l'Égypte : elle rit cependant
Entre ces deux mers qui la rongent.
Trois monts bâtis par l'homme au loin perçaient les cieux
D'un triple angle de marbre, et dérobaient aux yeux
Leurs bases de cendre inondées ;
Et de leur faîte aigu jusqu'aux sables dorés,
Allaient s'élargissant leurs monstrueux degrés,
Faits pour des pas de six coudées.
Un sphinx de granit rose, un dieu de marbre vert,
Les gardaient, sans qu'il fût vent de flamme au désert
Qui leur fît baisser la paupière.
Des vaisseaux au flanc large entraient dans un grand port.
Une ville géante, assise sur le bord,
Baignait dans l'eau ses pieds de pierre.
On entendait mugir le semoun meurtrier,
Et sur les cailloux blancs les écailles crier
Sous le ventre des crocodiles.
Les obélisques gris s'élançaient d'un seul jet.
Comme une peau de tigre, au couchant s'allongeait
Le Nil jaune, tacheté d'îles.
L'astre-roi se couchait. Calme, à l'abri du vent,
La mer réfléchissait ce globe d'or vivant,
Ce monde, âme et flambeau du nôtre ;
Et dans le ciel rougeâtre et dans les flots vermeils,
Comme deux rois amis, on voyait deux soleils
Venir au-devant l'un de l'autre."
(extrait de "Le Feu du ciel" - Les Orientales, 1829)
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Une journée en Égypte avec… Jean-Philippe Lauer, égyptologue français (7 mai 1902 - 16 mai 2001) (*)
(cité par Claudine le Tourneur d'Ison, dans "Une passion égyptienne" 1999)
Une journée en Égypte avec… Jean-Philippe Lauer, égyptologue français (7 mai 1902 - 16 mai 2001) (*)
"À Sakkara, l'ensemble spectaculaire construit par Imhotep n'était pas dédié au roi mais à son ka. Les édifices étaient tout simplement destinés à son Heb-Sed, fête de jubilé célébrée là symboliquement pour le renouvellement "des millions de fois", dans l'au-delà de son pouvoir royal. Remontant à des temps très anciens, la fête se déroulait dans un décor factice et retraçait la cérémonie d'intronisation du roi. On a longtemps pensé que le pouvoir royal n'était donné à l'origine que pour une durée de trente ans, le roi étant ensuite déposé ou mis à mort. Compromis entre la survivance tenace d'une tradition barbare et la conception plus humaine qui s'imposa plus tard, le roi, au lieu d'être déposé, renouvelait son apparition de souverain de Haute et de Basse-Égypte : c'était en quelque sorte une cure de jouvence qui lui permettait de retrouver une énergie nouvelle pour poursuivre son règne.”
(cité par Claudine le Tourneur d'Ison, dans "Une passion égyptienne" 1999)
(*) sur cet égyptologue :
"Jean-Philippe Lauer, "Imhotep" du XXe siècle” (égyptophile)
"Lauer, le dernier voyage", par Claudine Le Tourneur d'Ison (égyptophile)
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