samedi 15 avril 2017

Une journée en Égypte avec... Edward William Lane, Fernand Leprette, Jean Capart

Une journée en Égypte avec… Edward William Lane (1801-1876), orientaliste britannique
Tombe de Menna (TT 69) - photo Marie Grillot
"Une tradition appelée “Shemm en-Nessem” (ou l'odeur du Zephyr) est observée le premier jour du Khamaseen. Dès le lever du jour, de nombreuses personnes, en particulier des femmes, cassent un oignon et le sentent ; et, au cours de la matinée, beaucoup de Cairotes sortent, se promènent et marchent un peu, ou prennent le bateau généralement en se dirigeant vers le nord, pour prendre l'air ou, comme ils le disent, "sentir l'air" auquel ils attribuent, en ce jour spécifique, de magnifiques et bénéfiques vertus. Ils sont également nombreux à dîner dehors, ou au bord du fleuve. Cette année, ils ont été plutôt confrontés à un violent vent et chaud, accompagné de nuages de poussière, à la place de la brise ; mais cela ne les a pas empêchés de sortir quand même pour le "sentir"."
(extrait de Manners and Customs of the Modern Egyptians, 1834)
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Une journée en Égypte avec… Fernand Leprette
photo : Marie Grillot
Mon cicerone m'a conduit d'autorité vers la plus vieille [église], vers Saint-Serge. J’y entre comme on devait pénétrer dans les catacombes. Un escalier sans lumière me fait descendre jusqu'à une grotte humide qui abrita, dit-on, la Sainte Famille pendant la fuite en Égypte et où règne une odeur de moisi. C'est là que le prêtre au turban noir, aux joues de cire m'accueille avec la plus parfaite dignité. Dans les nefs de cette basilique byzantine, cave obscure, sous ces charpentes enfumées, au milieu de ces peintures noircies, et malgré la lueur douce que des lampes d'argent font jouer sur un iconostase, sur des panneaux de cèdre incrustés d'ivoire et d'ébène, sur des rosaces au milieu desquelles brille la croix, je ne peux me défendre d'un triste sentiment d'abandon. Mais je l'ai vue revivre, cette église des premiers âges. C'était un jour de fête. Une foule bruyante avait envahi les nefs, se bousculait pour s'approcher du sanctuaire. Les enfants y poursuivaient leurs jeux, leurs cris.
Cependant le prêtre officiait derrière un voile de pourpre marqué de croix d'or, De temps en temps, il apparaissait à la porte de l'iconostase, mystérieux dans son costume blanc sacerdotal, coiffé de sa mitre, pour chanter un verset, ou balancer l’encensoir. Des chants nasillés en arabe et en grec s'accompagnaient du frappement des cymbales et du triangle. L'office durait interminablement. Personne sans doute ne comprenait la lecture des évangiles qui se faisait en copte. Mais la foule entière manifestait une foi si vivace que la
basilique s’en croyait toute rajeunie et prétendait encore à l’éternité.

(extrait de Égypte terre du Nil, 1939)
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Une journée en Égypte avec… Jean Capart (*)
Ruines de Karnak, par Robert Talbot Kelly 
Le charme de Karnak
Lorsqu’on aborde l’étude des monuments du passé, il faut tout d’abord constater le fait ; ensuite, de ce fait, dégager les idées et, finalement, par les faits et les idées, atteindre les sentiments. Les faits sont relativement faciles à saisir. Il est certain que celui qui pénètre pour la première fois dans le temple de Karnak se trouve devant un “fait de pierre” qui dépasse en grandeur tout ce qu’on peut imaginer. Lorsqu’on traduit les inscriptions qui couvrent le temple, on y trouve exprimées les idées, dont beaucoup paraissent étranges, obscures, difficiles à comprendre. Surpris de constater l’importance du fait et intrigué par l’expression des idées, l’esprit se reporte aisément vers les sentiments profonds de ces hommes qui ont bâti, à leurs dieux, des monuments si extraordinaires, qu’ils marquent encore à travers les siècles, comme les plus fabuleux.
Il nous faut donc partir de la perception la plus simple, la plus spontanée, laisser agir ce qu’on pourrait appeler le “charme de Karnak”, en rendant à ce mot charme le sens d’incantation qui attire, saisit et entraîne à la volonté du magicien.

(extraits de Le message de la vieille Égypte, 1941)

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