mardi 4 avril 2017

Deux fermoirs de bracelet de la princesse Khnoumit

Deux fermoirs de bracelet de la princesse Khnoumit - or et pierres - Moyen Empire - XIIe dynastie - règne d'Amenemhat II
provenant de sa tombe, découverte le 16 février 1895 par Jacques de Morgan, dans le complexe funéraire d'Amenemhat II à Dahchour
Musée égyptien du Caire - JE 31091 - CG 52044 et CG 52045

La princesse Khnoumit était l'une des nombreuses filles d'Amenemhat II, souverain de la XIIe dynastie (1932 - 1898 av. J.-C.) et elle fut, selon certaines sources, la femme de son fils et successeur le roi Senusret II. Elle a été enterrée à Dahshour, au nord-ouest de la pyramide blanche (celle d'Amenemhat II).
Jacques de Morgan lors de la découverte des bijoux de Khnoumit  en février 1905 à Dahchour
dessin paru dans "L'Illustration" du 11 mai 1895


C'est l'égyptologue français Jacques que Morgan qui découvrira sa tombe en février 1895.

"Le sarcophage avait été mis en place en même temps que le tombeau avait été construit. Peut-être même que le cercueil de bois qu'il renfermait avait, lui aussi, été placé avant la mort du personnage, de telle sorte qu'il ne restait plus au jour de l'ensevelissement qu'à déposer dans le tombeau le corps et les offrandes."
Plan de la tombe de la Princesse Khnoumit publié par Jacques de Morgan 

Le découvreur précise également que la momie princière : "recouverte d'un enduit de bitume, était autrefois peinte. Son masque, doré, était orné de dessins rouge, bleu et or, et de deux yeux montés en argent". 

De somptueux bijoux l'accompagnaient pour son éternité : colliers, bracelets, en or, incrustés de cornaline, d'émeraude et de lapis lazuli… La chambre des offrandes recelait un véritable trésor. "Des vases de terre cuite remplis des débris des offrandes couvraient le dallage au milieu d'un lit de poussière blanche accumulée par les siècles. À droite, le long de la paroi située entre les deux portes se trouvait un amas d'ossements de bœufs et d'oies, restes des provisions déposées jadis près du mort. Au long de la paroi orientale et presqu'en son milieu était le coffret fermé des parfums, plus loin une planchette carrée, le brûle-parfums de bronze et enfin la caisse des canopes qui occupait presque en entier le fond de la chambre. Tous ces objets étaient couverts de poussière et, par suite, dans l'obscurité où je me trouvais il était difficile d'en distinguer le détail ; mais, après avoir enlevé les vases, je fus fort surpris de rencontrer quelques bijoux d'or près de la cassette aux parfums."
Parmi les bijoux de la Princesse Khnoumit se trouvaient de nombreux colliers

Les bijoux qui accompagnent la princesse pour son éternité sont extraordinaires, d'une beauté et d'un art tellement abouti qui feront dire à Jacques de Morgan : "Je ne crois pas que, même de nos jours, un joaillier puisse arriver à une perfection aussi grande, à une vérité de rendu et à des conceptions aussi belles que l'obscur ouvrier qui, voici bien des siècles, ciselait dans quelque rue de Memphis ces bijoux singuliers dont devait se parer la princesse Khnoumit."
Bijoux de Khnoumit :
sur cette planche issue d'un ouvrage de Jacques de Morgan sont reproduits les deux fermoirs ornés du signe "SA"



Parmi ces bijoux, se trouvent ces deux fermoirs de bracelet, trouvés dans le sarcophage. S'ils ne sont pas parmi les plus somptueux, ni les plus connus, ils méritent cependant notre intérêt..

Ils se présentent sous la forme d'une plaque rectangulaire, haute de près de 4 cm, d'une largeur d'à peine plus de 2 cm qui est bordée d'or. Cet "encadrement" est percé de trous dans lesquels venaient s'attacher les fils des rangées de perles. En son intérieur se détache le signe 'SA', en lapis-lazuli, orné en sa partie la plus haute d'une petite tête de lion, ou de panthère, en or. 
Deux fermoirs de bracelet de la princesse Khnoumit - or et pierres - Moyen Empire - XIIe dynastie - règne d'Amenemhat II
provenant de sa tombe, découverte le 16 février 1895 par Jacques de Morgan
dans le complexe funéraire d'Amenemhat II à Dahchour - Musée égyptien du Caire - JE 31091 - CG 52044 et CG 52045

Dans "Bijoux et orfèvreries" - Fascicule 2 - , l'égyptologue Émile Vernier apporte les précisions suivantes sur la facture du signe "SA" : "Il est divisé en six morceaux par la tête de lionne et par des liens cloisonnés ; ces liens sont faits de trois petites bandes, celle du milieu est en cornaline et les deux autres en turquoise." 

Le hiéroglyphe 'SA' est un symbole de protection "représentant peut-être la natte repliée qu'utilisaient les bergers pour se protéger des intempéries". 

Émile Vernier nous renseigne également sur ce que l'on ne peut voir, l'envers du fermoir : "Le revers est ciselé, le corps du signe est fait comme un faisceau de sept tiges réunies et liées en six endroits correspondants à la tête de lionne et aux cinq liens de la face. Ces liens sont eux-mêmes divisés en trois parties, dont une centrale est plus large que les deux autres." 

Ces fermoirs sont désormais "orphelins" des rangs de perles d'or, de cornaline, de lapis-lazuli et de turquoise qui composaient le bracelet qu'ils fermaient… Il nous faut donc nous en remettre à notre imagination pour les reconstituer et se les représenter parant les bras de la princesse Khnoumit…

Ces bijoux ont été déposés au Musée du Caire où ils ont été enregistrés au Journal des Entrées JE 31091, puis au Catalogue Général sous les références CG 52044 et CG 52045.

marie grillot

sources :
Jacques de Morgan, Fouilles à Dahchour, Adolphe Holzhausen, Vienne, 1894
http://dlib.nyu.edu/awdl/sites/dl-pa.home.nyu.edu.awdl/files/fouillesdahcho01morg/fouillesdahcho01morg.pdf
Jacques de Morgan, Lettre sur les dernières découvertes en Égypte, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1894, 38-3  pp. 169-177
http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1894_num_38_3_70401?_Prescripts_Search_tabs1=standard&
Jacques de Morgan, Lettre sur sa seconde campagne de fouilles en Égypte, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1895, 39-2  pp. 169-179
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1895_num_39_2_70560?_Prescripts_Search_tabs1=standard&
Jacques de Morgan, Fouilles à Dahchour : 1894-1895, Adolphe Holzhausen, Vienne, 1903
http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/morgan1903/0049
Émile Vernier, Catalogue général des antiquités égyptiennes du Musée du Caire, Bijoux et orfèvreries, Fascicule 3, Numéro 52640-53171, IFAO, Le Caire, 1925
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57740426/f96.item.r=52859.texteImage
Cyril Aldred, Jewels of the Pharaohs ed Thames & Hudson Ltd. Londres, 1978
Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, Catalogue officiel du Musée Egyptien du Caire, Verlag Philippe von Zabern, 1997
Francesco Tiradritti, Trésors d'Egypte - Les merveilles du musée égyptien du Caire, Gründ, 1999

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