jeudi 16 mars 2017

Le Désert Blanc : féerique !

photo de Michael Hoefner (Wikimedia Creative Commons)
Cerné par les oasis d'Al-Farafra et d'Al-Bahariya, à quelque 500 km au sud-ouest du Caire, le Désert Blanc égyptien doit son appellation à la couleur de son sol calcaire, contrastant avec les étendues environnantes de sable jaune. L’imagination peut s’y donner libre cours, pour découvrir, dans d’étranges monolithes érodés par le vent et le sable, les figures les plus diverses, en forme d’animal, visage, meringue, cône de glace, champignon géant... Un paysage fascinant, sur un espace de 2.400 km². 


Le “Sahara blanc” est la principale attraction touristique de l’oasis de Farafra, la seconde plus vaste dépression du désert occidental égyptien. En 2002, on n’y dénombrait que 5.000 habitants, Bédouins pour la plupart. Classée “réserve naturelle”, cette région “lunaire” est propice, se plaît-on à souligner, à la randonnée, à la contemplation.
photo Marco Boekestijn
Si l’imagination est reine en cet espace insolite, les géologues ont évidemment leurs explications sur l’origine et les causes du spectacle féerique auquel il doit sa renommée. “À la fin de l'ère secondaire (crétacé), il y a approximativement 67 millions d'années, écrit Stéphane Fleuret sur son blog “Rêves et voyages”, la mer envahit l’Égypte, noyant tout le nord et l’est du pays. L’ensemble du plateau qui va de l'actuel Soudan jusqu'à la mer Méditerranée est alors recouvert par une mer peu profonde qui devient rapidement le siège d’une vie intense : au milieu des algues et des herbiers, poissons, mollusques et crustacés pullulent. Cette invasion marine durera environ trente millions d'années. C’est au cours de cette période que s’accumulent, au fond d’une mer peu profonde et sur trois cents mètres d'épaisseur, la craie ‘blanche’ et le calcaire qui font aujourd’hui le Désert blanc.
photo M M from Switzerland (Wikimedia) 
Au cours de la période oligocène, il y a trente millions d’années, le mer se retire de cet espace aujourd’hui désertique, suite à un abaissement général du niveau des océans à la surface du globe terrestre, dégageant des masses crayeuses qui prennent leurs étonnantes configurations sous l’effet de trois facteurs, décrits en ces termes par Stéphane Fleuret : “l'eau qui, lors des passages de la mer et des pluies diluviennes, a eu pour effet de dissoudre la craie tendre et poreuse ; les vents d’ouest qui charrient depuis des centaines de milliers d’années les grains de sable vers les étendues crayeuses du Désert Blanc et qui expliquent l'existence des yardangs [crêtes rocheuses] ; la thermoclastie, processus de désagrégation physique des roches résultant des contrastes thermiques entre le jour et la nuit. L’érosion n’a pas cessé depuis une dizaine de millions d’années de faire son œuvre en façonnant la roche et en libérant de leur gangue de pierre des fossiles marins de mollusques, crustacés, oursins, poissons, algues, et récifs coralliens.

En septembre 2015, le Désert Blanc a connu des heures sombres avec la “bavure” mortelle commise par les forces de sécurité égyptiennes qui, alors qu’elles poursuivaient des terroristes, ont pris pour cible “par erreur” des touristes mexicains, leur convoi se trouvant dans une zone interdite.
photo Roland Unger (Wikimedia)
Toutes précautions étant prises, conformément à la réglementation mise en place par les autorités égyptiennes, la réserve naturelle du Désert Blanc est une destination proposée par les agences touristiques et tour opérateurs. On peut ainsi, avec l’accompagnement de guides bédouins, partir à la découverte de cet univers mystérieux, fait de silence et de magie de la lumière qui anime de mille et une nuances les monolithes aux formes irréelles. La nuit venue appartient alors aux fantômes que l’on veut bien imaginer, une fois enroulé dans son sac de couchage, sous les effets facétieux d’une lune complice. 

photo "rêves d'ailleurs"
À l’aube, alors que la bonne odeur du café accompagne votre réveil, peut-être observerez-vous, dans le sable des environs immédiats de votre campement, les empreintes de quelque oiseau nocturne ou d’un renard du désert venu subrepticement, pendant votre sommeil, faire ses provisions des restes de votre dîner.
photo Daniel Csörföly (Wikimedia)
Le Désert Blanc est un endroit qui est très difficile de quitter, confie Su Bayfield dans son carnet de voyage. Il est une expérience vraiment magique."

MC

Sources

Stéphane Fleuret, “Géologie du désert Blanc

Su Bayfield

"
Nature’s Sculptures in Farafra’s White Desert, Egypt"

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