"Le Sphinx ensablé" (1832), par Prisse d’Avennes |
Propriétaire d'un navire dont le port d'attache se trouvait à Malte, Giovanni Battista Caviglia était né à Gênes en 1770. C'est à la cinquantaine que cet homme, profondément pieux, récitant sempiternellement la Bible, était : "arrivé en Égypte sur un navire marchand dont il était capitaine (et) y fit bientôt des fouilles importantes".
Dès 1817, c'est pour le compte du consul général Henry Salt et du banquier d'Alexandrie Samuel Briggs, qu'il entreprend des fouilles sur le plateau de Gizeh. Son exploration des galeries souterraines de la pyramide de Chéops impressionnera Giovanni Belzoni… En effet, lorsqu'il viendra sur place, il jugera que : "cette entreprise vraiment audacieuse [...] doit intéresser tous les amis de l’antiquité". Il s’agissait, précisément, de "dégager et de fouiller le grand puits de la pyramide, à l’origine de tant d’hypothèses contradictoires, au cours des siècles". Le capitaine réussit à prouver qu’il s’agissait : "d’un passage pour descendre dans une galerie inférieure, qu’il a eu le plaisir de découvrir.
Malgré tous les obstacles naturels et artificiels, l’intrépide Caviglia avait atteint le fond du puits, après une plongée dans l’abîme de deux cents pieds, mais il avait dû renoncer à poursuivre ses investigations plus avant, car l’air devenait étouffant à ces profondeurs, et les lumières ne brûlaient plus, faute d'oxygène." Et si cette exploration relève de l'exploit, elle ne mènera cependant pas à la découverte d'antiquités, ce qui était alors l'objectif premier lorsque les consuls ou financiers commanditaient des fouilles !
"En revanche, les fouilles aux alentours, dans les caveaux et les petites pyramides tronquées, que les Arabes désignaient sous le terme ‘mastabas' (marcha), avaient mis au jour de belles statues et des stèles de calcaire, datant de l’Ancien Empire que Salt avait réservées.
Fouilles du sphinx Fonds Emile Prisse d'Avennes sur l'Egypte : Iconographie. Dessins, estampes, photographies |
Belzoni fut particulièrement impressionné par les travaux de déblaiement de Caviglia à l'avant du grand sphinx. Entre les deux griffes de cet animal colossal, il trouva un petit temple, et, sur la poitrine, une grande table de granit, ornée d’hiéroglyphes et de diverses figures sculptées, entre autres de deux sphinx."
C'est en 1818 en effet que Caviglia fait l'une de ses plus importantes découvertes : la stèle du songe de Thoutmosis IV, que ce pharaon avait fait ériger en l'an I de son règne en hommage au sphinx. Celui-ci, selon ses dires, lui était apparu, en rêve, alors qu'il se reposait entre ses pattes et lui aurait promis la royauté. Il mettra également au jour plusieurs fragments de la barbe du sphinx.
Deux années plus tard, c'est à Mit Rahina que l'on retrouve Caviglia. Il fouille alors pour le compte du consul anglais au Caire, Charles Sloane. Il y découvre une grande statue de Ramsès II dont la base et les pieds cependant sont manquants…
La statue sera, par la suite, offerte au Gouvernement britannique, qui envisagera dans un premier temps de la transporter vers Londres. Mais son poids - estimé à plus de 1000 tonnes ! - s'avéra constituer un trop grand obstacle pour mener une telle entreprise. Aussi, le grand colosse couché est-il resté à Memphis où il est aujourd'hui exposé.
Caviglia, homme énergique et pratique, mènera d'autres explorations sur les pyramides, notamment auprès du colonel britannique Richard William Howard Vyse. Les méthodes de fouilles ont été on ne peut plus contestables et contestées. Vyse est toutefois resté célèbre pour avoir découvert le cartouche de Khéops sur une paroi de l’une des chambres dites “de décharge” au-dessus de la Chambre du Roi, et pour avoir découvert le sarcophage de Mykérinos auquel il fit prendre la route du British Museum !
Il semble qu'ensuite des problèmes relationnels mirent fin à leur collaboration. Caviglia est resté une vingtaine d'années en Égypte. Il fit don de plusieurs antiquités égyptiennes au British Museum, et, parmi elles, un fragment de la barbe du sphinx.
Un fragment de la barbe du sphinx(British Museum) |
Mais on peut lire que, lorsqu'il la quitta pour rentrer en Europe : "il fit couvrir de sable tout ce qu'il avait découvert dans ses excavations auprès de ce dernier monument (le sphinx), ce qui fit perdre tous les fruits de ses fouilles et la vue d'un temple d'Osiris, situé à quarante pieds de profondeur, entre les pattes du Sphinx".
D'après le "Who was who in egyptology", il : "se retira à Paris au début de 1837". Il y vécut alors sous la protection de Lord Elgin, cet ambassadeur britannique à Constantinople qui fit prélever les marbres du Parthénon d'Athènes ainsi que l'une des caryatides de l'Erechthéion.
Giovanni Battista Caviglia s'est éteint, le 7 septembre 1845, à Paris, au Faubourg Saint-Germain.
marie grillot
sources :
La moisson des Dieux, Jean-Jacques Fiechter, Julliard, 1994
“Le grand Sphinx de Giza, chef-d'oeuvre du règne de Chéops”, Rainer Stadelman
Mohamed al Kamy, “Essais sur l'antique Égypte”, La revue du Caire, n° 102, septembre 1947
“Egypt initiates second phase of restoration at Giza Plateau” (Egypt Independent)
“Le Caire et ses environs : caractères, moeurs, coutumes des égyptiens modernes”, Henri de Vaujany, E. Plon Paris, 1883
Gaston Maspero, Lettres d'Égypte, Correspondance avec Louise Maspero, Seuil, 2003
“Stèle du rêve de Thoutmosis IV” (Université de Fribourg)
“Stèle du Songe de Thoutmes IV” (Projet Rosette)
“Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh”, Alain Galoin, Histoire par l'image
Ramsès II, Claude Obsomer, Pygmalion, 2012
"Lettres et Journaux de Champollion Le Jeune, propos recueillis par H. Hartleben", Ernest Leroux Editeur, Paris, 1909
Lettres écrites d'Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion le jeune, 1868
L'Égypte restituée - tome 3, Sydney Aufrère, Jean-Claude Goyon, Editions Errance, 1997
L'Égypte Sous Mehemed-Ali, Ou Apercu Rapide De L'Administration Civile Et militaire de ce pacha, par P.-P. Thedenat-Duvent, 1822
“Recueil de monuments égyptiens dessinés sur lieux et publiés”..., Volumes 1 à 2, Heinrich Karl Brugsch, Johannes Duemichen, Muhammad Saʻīd (pasha, khedive of Egypt), Leipzig, 1862
La moisson des Dieux, Jean-Jacques Fiechter, Julliard, 1994
“Le grand Sphinx de Giza, chef-d'oeuvre du règne de Chéops”, Rainer Stadelman
Mohamed al Kamy, “Essais sur l'antique Égypte”, La revue du Caire, n° 102, septembre 1947
“Egypt initiates second phase of restoration at Giza Plateau” (Egypt Independent)
“Le Caire et ses environs : caractères, moeurs, coutumes des égyptiens modernes”, Henri de Vaujany, E. Plon Paris, 1883
Gaston Maspero, Lettres d'Égypte, Correspondance avec Louise Maspero, Seuil, 2003
“Stèle du rêve de Thoutmosis IV” (Université de Fribourg)
“Stèle du Songe de Thoutmes IV” (Projet Rosette)
“Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh”, Alain Galoin, Histoire par l'image
Ramsès II, Claude Obsomer, Pygmalion, 2012
"Lettres et Journaux de Champollion Le Jeune, propos recueillis par H. Hartleben", Ernest Leroux Editeur, Paris, 1909
Lettres écrites d'Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion le jeune, 1868
L'Égypte restituée - tome 3, Sydney Aufrère, Jean-Claude Goyon, Editions Errance, 1997
L'Égypte Sous Mehemed-Ali, Ou Apercu Rapide De L'Administration Civile Et militaire de ce pacha, par P.-P. Thedenat-Duvent, 1822
“Recueil de monuments égyptiens dessinés sur lieux et publiés”..., Volumes 1 à 2, Heinrich Karl Brugsch, Johannes Duemichen, Muhammad Saʻīd (pasha, khedive of Egypt), Leipzig, 1862
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