Collier en or avec amulettes - Musée du Caire - JE 45206 - CG 53193 Découvert à Denderah en 1914 |
Ce collier provient de Denderah où il a été trouvé en 1914. Dans les ouvrages consultés, aucune indication plus précise ne permet de déterminer le lieu exact de sa mise au jour, pas plus que l'histoire de sa découverte, ou encore le nom du découvreur.
Daté de l'époque ptolémaïque, son esthétique - et même peut-on dire son "design" - nous semblent étonnamment contemporains - voire "modernes" avec l'engouement actuel pour les "charms" (petits bijoux, breloques que l'on fixe à une chaîne ou un bracelet) .
Sur un fil d'or ras du cou, qui se ferme à chaque extrémité par des crochets, sont enfilés plusieurs pendentifs. L'élément central est une plaque d'or, peu épaisse, "retenue au fil par un anneau formé au sommet de la plaque par une bande roulée prise dans celle-ci". D'une hauteur de 8 cm, d'une largeur de 4 cm, sa forme ressemble à celle d'un cartouche arrondi uniquement en sa partie supérieure. Sa décoration, en relief, consiste en une représentation du jeune "Horus" : 'jeune' car sous la double couronne qui le coiffe (rouge, de la Basse-Égypte, surmontée de la blanche de la Haute-Égypte), il porte la tresse de l'enfance. Alors que, très souvent, les représentations d'Horus enfant le montrent le doigt porté à la bouche, ce n'est pas le cas ici. Il est debout, dans l'attitude de la marche, la jambe droite avancée, et son bras gauche est pendant le long du corps, alors que le droit est tendu devant lui.
Au-dessus et en dessous de ce bras tendu, l'espace est occupé par deux bandes de hiéroglyphes. Dans l'une de ses mains, Horus tient le signe ankh, et dans l'autre, un sistre.
Les quatorze ornements, positionnés de part et d'autre de cette plaque, sont ainsi décrits par Émile Vernier dans son Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Caire n° 52001-53855 - Bijoux et orfèvreries - 1927 : "De chaque côté de cette plaque est enfilée une série d'objets, six d'un côté, sept de l'autre ; ce sont : 1) deux oudjas ; 2) cinq dieux Bès ; 3) cinq perles sphériques décorées de petits cercles en fils tordus. Les oudjas forment des boîtes. Les plaques dessus et dessous sont reliées par une bâte. Le décor est fait à l'aide de fils d'or unis et d'autres tressés. Les dieux Bès sont exécutés avec une grossièreté inimaginable. Ils sont en deux parties, dont l'une rejoint l'autre en l'enveloppant. Un seul fait exception et la moitié face est simplement posée, comme dans une boîte sur un fond plat muni de bords. Les perles sont au nombre de six. Elles sont décorées chacune de huit petits cercles, en fils tordus."
Collier en or avec amulettes - Musée du Caire - JE 45206 - CG 53193 Découvert à Denderah en 1914 |
Réunissant plusieurs amulettes qui devaient cumuler, conjuguer, leurs effets protecteurs et positifs, ce collier était destiné à protéger la personne qui le portait. Les amulettes sont en effet censées conférer "magiquement un pouvoir ou une forme de protection particulière… La conviction que le symbole, la forme, ou un concept offre une protection, favorise le bien-être, ou apporte la bonne chance… À compter de la Troisième Période Intermédiaire (environ 1070-712 av. J.-C.), il y a eu une explosion dans la quantité d'amulettes, et de nombreux nouveaux types, en particulier des divinités, sont apparus."
Ce collier reprend les amulettes "classiques". Ainsi l'œil oudjat est-il le symbole "de la plénitude retrouvée : celle de la pleine lune, celle de l'œil d'Horus soigné par Thot, celle de l'Égypte réunifiée, celle d'Osiris revenu à la vie, mais aussi, de toute idée de bonne santé et d'accomplissement".
Quant à Bès, "entité bienfaisante représentée par un nain barbu au visage camus et léonin", il était "le défenseur des femmes en couche sur lesquelles il veillait également durant leur grossesse. Son image prophylactique orne tout lieu et toute scène réclamant sa puissance de dissuasion à l'égard des esprits maléfiques qui pouvaient mettre en péril l'évènement qui s'y déroule l'heureuse issue… À la Basse-Époque, de petits sanctuaires lui furent consacrés un peu partout en Égypte où l'on faisait en particulier appel à ses dons de guérisseurs.” (Ces définitions sont extraites de l'excellent Dictionnaire de mythologie égyptienne d'Isabelle Franco).
Ce collier, référencé JE45206 - CG53193, est exposé au Musée égyptien du Caire. Émile Vernier - qui a eu le privilège de décrire les plus beaux bijoux que l'art égyptien ait produits - juge "l'ensemble du travail extrêmement médiocre"… Si son œil avisé est certainement réaliste, son appréciation peut toutefois sembler un peu sévère. Certes, ce collier n'est pas un "chef-d'œuvre d'orfèvrerie", mais il a un "je ne sais quoi" de touchant, de grâce, de fragilité, et le tout, allié à la naïveté presque artisanale de sa "facture", qui lui confèrent un charme "fou" !
marie grillot
sources :
Catalogue général des antiquités égyptiennes du musée du Caire n° 52001-53855 - Bijoux et orfèvreries, par M. Émile Vernier - Tome premier - Le Caire - Imprimerie de l'institut Français d'Archéologie Orientale, 1927
Les trésors de l'Égypte ancienne au musée du Caire, National Geographic
“Gold Necklace from Ptolemaic Period” (Egyptopia)
“Egyptian Amulets”, Diana Craig Patch Department of Egyptian Art, The Metropolitan Museum of Art
Bijoux et orfèvreries, Tome 2, par M. Émile Vernier
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