vendredi 4 novembre 2016

"Louxor capitale mondiale du tourisme 2016" : mille et une raisons de se féliciter de ce choix !

Musiciennes de la tombe de Nakht - Vallée des Nobles 

C'est le 13 mai dernier que le conseil exécutif de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) des Nations unies a annoncé la nomination de Louxor comme capitale mondiale du tourisme 2016. Un choix dont ne peut que se réjouir cette ville "provinciale" de Haute-Égypte au si riche passé. C'est ainsi qu'elle a accueilli, du 30 octobre au 3 novembre, le cinquième sommet du 'Tourisme de ville', réunissant : "maires, gouverneurs de plus de 400 grandes villes et les PDG des plus grands tours opérateurs du monde". 

L'objectif de ce sommet était bel et bien de valoriser les nombreux atouts de la cité et de favoriser le retour des touristes qui, suite aux événements des dernières années, ont tendance à délaisser les belles rives du Nil.

L'ancienne Thèbes, l'ancienne Ouaset, la ville de la triade d'Amon, Mout et Knonsou, la Thèbes aux cent portes d'Homère est un endroit unique, un haut lieu d'histoire et de culture… Avec ses rives est et ouest, si riches en monuments pharaoniques elle est un immense musée à ciel ouvert…
colonnade du temple de Louxor
 en arrière plan, la montagne de Thèbes

Vivant Denon raconte ainsi l'arrivée des soldats français le 26 décembre 1798 : "L'armée s'arrêta d'elle-même, et, par un mouvement spontané, battit des mains, comme si l'occupation des restes de cette capitale eût été le but de ses travaux glorieux."

Quelques années plus tard, le 8 mars 1829, Champollion et l'expédition franco-toscane découvrent enfin, totalement conquis, cette ville que le déchiffreur des hiéroglyphes attendait, espérait et qu'il appelait sa "Terre sainte"…

En 1884, Maspero estime le nombre de touristes à 3000. En 1907, lorsque Pierre Loti revient à Louxor, il ne peut que constater 'avec amertume' les transformations récentes de la bourgade. "C’est fini de Louxor ! Et quelle affluence de monde, ici !"

Louxor ville d'histoire, ville de charme, ville de dualité aussi, tant les deux rives sont différentes…

La rive est s'est modernisée avec sa belle corniche, revisitée dans le cadre du projet Louxor 2030. Elle s'articule autour des colonnades de grès de son temple et de son dromos qui mène vers l'autre temple, celui Karnak… Dans cette artère principale se succèdent de grands et luxueux hôtels, dont le plus ancien, le plus renommé, le Winter Palace, étale sa façade coloniale d'ocre clair, bien campé sur son escalier à double révolution…
Le Winter Palace

Louxor avec ses deux musées, celui de la momification, et l'autre un peu plus loin, qui abrite tant de pièces merveilleuses… Seize des magnifiques statues retrouvées dans la cour de la cachette du temple de Louxor en janvier 1989 sont superbement mises en valeur dans un espace qui leur est entièrement consacré. Deux momies royales y sont également exposées : Ahmosis Ier et Ramsès Ier reposent respectueusement sur leur catafalque dans une douce obscurité qui semble ne pas perturber leur éternité... 

Comment ne pas citer les divers objets provenant du trésor de la grande reine Ahhotep, découvert à Dra Abou el-Nagga le 5 février 1859, parmi eux, le collier aux trois mouches d'or? 
Amenhotep fils d'Hapou - Musée de Louxor

Et la magnifique - et grande (2,28 m) - statue d'albâtre de Séthi Ier, découverte en mars 1904 dans la cachette de Karnak, et la sublime statue d'Amenhotep fils d'Hapou, trouvée en octobre 1913, près du Xe pylône de Karnak ? Penché sur son papyrus, dans une attitude appliquée, il ne cesse de nous charmer par la douceur de son expression et par sa perfection… Quelques pièces du matériel funéraire provenant du trésor de Toutankhamon constituent un beau témoignage des splendeurs découvertes dans sa tombe, en 1922, après des années de persévérance, par Lord Carnarvon et Howard Carter. Et Akhénaton, tout hérétique qu'il fut, qui délaissa Thèbes et ses dieux pour adorer Aton l'unique, à Amarna, est en gloire, tant par ses têtes 'osseuses', si 'symptomatiques' de l'art de son époque, que par le mur de talatates reconstitué… Statues, stèles, sarcophages, objets rituels, vases, bijoux, monnaies, vanneries, sandales, lits, bateaux,… Ce musée recèle d'immenses merveilles qui le placent très certainement, en Égypte, au rang de second musée d'art pharaonique après celui de Tahrir.

À Louxor, le Nil majestueux resplendit, réfléchit tous les tons que le soleil veut bien lui donner… De l'or jaune et doux du matin à l'or rouge orangé et flamboyant du soir lorsque l'astre solaire termine son voyage diurne à l'ouest, pour mieux renaître le jour suivant… 

Pour rejoindre la rive ouest, l'ancienne rive des morts, si vivante aujourd'hui, plusieurs options s'offrent à vous : prendre le "baladi", le motor-boat ou une felouque, ou rejoindre le pont quelques kilomètres en amont.

Avant de plonger dans les vestiges de l'Égypte antique, il est intéressant de visiter "New Gourna", village à l'architecture vernaculaire, construit de 1946 à 1952 par Hassan Fathy, architecte social, humaniste et visionnaire.

Et puis continuer sa route… et arriver aux Colosses de Memnon. Pendant des années, du temple d'Aménophis III, semblaient ne subsister que ces deux statues du pharaon, bien assis sur son trône, à la limite des terres cultivables. Comment imaginer que l'Aménophium était le plus beau, le plus vaste des temples de Thèbes ouest ? Qu'il était fait de pierres provenant des plus belles carrières, que les matériaux les plus riches le composaient : électrum, argent, or ? Grâce aux efforts d'une équipe pluridisciplinaire, dirigée par l'extraordinaire égyptologue Hourig Sourouzian, il reprend vie, il ressuscite et livre son histoire. 
Colosses de Memnon
temple des millions d'années d'Amenophis III

Et avancer vers le temple de Medinet Habou si reconnaissable avec son migdol… Puis, vers le temple de Ramsès II, l'ancien "tombeau d'Ozymandias", baptisé "Ramesseum" par Champollion, et joliment qualifié par Marguerite Yourcenar de 'temple le plus romantique de Thèbes', sur lequel la MAFTO, dirigée par le Docteur Christian Leblanc oeuvre sans relâche depuis des années, accomplissant un travail colossal.

Et les temples de Meremptah, de Seti Ier, de Deir el-Bahari, de Kasr el-Agouz, de Deir el-Sheluit…

Et puis se décider à quitter la lumière, le soleil écrasant pour aller dans les tombes, dans les nécropoles des artisans, des nobles, des reines et des rois. Et se laisser charmer, envoûter, par tous ces visages, toutes ces couleurs, tout cet art, toutes ces croyances, tous ces dieux et déesses, toutes ces vies… Entrer en communion avec ces êtres qui recherchaient l'immortalité, l'éternité, et qui finalement les ont trouvées. Et rendre hommage aux égyptologues, à toutes ces missions qui fouillent et remuent les sables pour écrire l'histoire, l'enrichir, la renseigner et nous l'enseigner.

Et puis, et puis… regarder cette montagne, cette cime thébaine, si bien décrite par Christian Leblanc ("La Mémoire de Thèbes. Fragments d'Égypte d'hier et d'aujourd'hui", L'Harmattan, Paris, 2015) : "Elle connaissait tout de l’histoire de Thèbes qu’elle avait vu naître, grandir, s’épanouir, mais également décliner, sombrer, puis se relever avec courage et dignité. Elle avait assisté à ses fastes et à sa gloire, aux révoltes et aux grèves des ouvriers d’antan lorsque l’opulence du royaume avait laissé place à la famine. Elle avait subi, impuissante, mais sans doute avec un impérieux mépris, ces hordes de conquérants dévastant sans pitié temples et sanctuaires qui se dressaient majestueusement à ses pieds. Et puis, comme pour se rendre plus humaine, elle avait su prêter ses pentes et ses flancs à ces petits îlots de vie, aux façades multicolores, s’attendrissant sur leurs sempiternelles et cocasses discordes, voire sur leurs intenses moments de réjouissance ou de douleur. Prodigieuse mémoire des innombrables événements que la cité d’Amon-Rê avait vécus au fil du temps, la montagne d’occident, en était le conservatoire éternel, le magistral reliquaire à la fois sacré et profane, devant lequel toute créature ne pouvait que pieusement s’incliner."

Devant tant de splendeurs, tant de beauté, comment ne pas être entièrement pris par le charme de Louxor ? D'autant plus que les deux plus belles tombes de Thèbes ouest sont rouvertes au public depuis le 1er novembre : la tombe de la belle Nefertari - QV 66 (Vallée des Reines), découverte par Ernesto Schiaparelli en 1904, et la tombe de Seti Ier - KV 17 (Vallée des Rois) - découverte par Giovanni Battista Belzoni 18 octobre 1817. Leur prix d'entrée est de LE 1000.

Afin d'inciter à la visite de ces sites, le Ministère des Antiquités vient d'instituer le "Luxor pass" : d'une durée de 5 jours, il permet un accès illimité à l'ensemble des temples, tombes et musées… Il est vendu au ticket office - derrière le musée - pour une somme de $ 100 USD ou de $ 200 USD en incluant les deux tombes pré-citées.

Il est à signaler qu'en cette fin d'année, les événements vont se succéder à Louxor. Outre les conférences égyptologiques, il s'y déroulera, du 4 novembre au 4 décembre 2016, l'exposition : "25 années de coopération franco-égyptienne en archéologie, au Ramesseum".

D'autre part, la cité s'apprête aussi à accueillir, en fin d'année, le ": plus grand festival mondial de montgolfières en présence de plus de 30 pays qui participeront au lancement de 80 montgolfières".

Vous l'avez compris, il y a plus de mille et une raisons de dire : "Louxor ? J'adore !" 

marie grillot 

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