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| Temple de Karnak - édition Schroeder & Cie |
"Lorsqu’on considère les monuments d'Égypte construits ou creusés dans le roc, on est frappé tout d'abord de la simplicité des masses, de la sévérité des lignes, de l’unité et de l’originalité qui les caractérisent : il semble qu'un même esprit, qu'un même artiste les ait tous conçus et fait exécuter, et que cet artiste se soit, par-dessus tout, appliqué à faire des monuments aussi durables, aussi éternels qu'il soit donné à l’homme de les faire (...). Dans les salles hypostyles, on voit de petits jours, traversant le plafond des terrasses, répandre la lumière dans de grandes salles et satisfaire parfaitement aux nécessités des régions tropicales ; enfin, dans la construction, où brille un sage emploi des matériaux, on voit que les blocs de granit, de grès, ou d’albâtre et de calcaire sont non seulement parfaitement dressés, équarris, réunis entre eux, mais encore que leurs dimensions sont telles que l’imagination en resterait confondue, si l’on ne savait qu'un fleuve providentiel facilitait le transport des matériaux répandus à profusion sur ses rives, si l’on ne savait encore que l'organisation sociale permettait de disposer à très peu de frais de beaucoup de bras, et qu'enfin pendant des siècles de paix les Pharaons tinrent à honneur d'ériger des monuments toujours plus splendides, plus magnifiques que ceux de leurs devanciers : n’avaient-ils pas, en effet, besoin, pour accréditer leur origine réputée divine, de faire atteindre aux hommes le maximum de la puissance humaine?
On concevra que, sous l’influence de semblables circonstances, l’architecture égyptienne ait atteint le plus haut point de perfection dans les données qu’elle avait à parcourir ; il est même probable que, ces circonstances extraordinaires n'ayant pas à se reproduire, les générations à venir n’élèveront jamais des monuments aussi magnifiques, aussi durables que ceux des Égyptiens."
(extrait de "Panorama d'Égypte et de Nubie : avec un portrait de Méhémet Ali et un texte orné de vignettes", 1841)
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Une journée en Égypte avec… Louis Malosse
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| Passage du Pont de Kasr el Nil - photo de Zangaki |
"Comme le ciel a ses étoiles pour faire rêver le voyageur, l’air ses vols d’oiseaux pour distraire ses yeux, le Nil a ses barques aux grandes voiles latines triangulaires pour charmer ses pensées, les faire aller à la dérive comme elles. Elles sillonnent le fleuve par centaines, par milliers, poussées par le vent qui gonfle leurs toiles. Leur défilé ne s’arrête jamais. Elles sont comme les flots du Nil. Il en vient toujours, toujours. À chaque détour du fleuve, il en apparaît de nouvelles. Il semble que bien loin, bien loin, dans des régions inexplorées, il y ait des sources inconnues qui en envoient sans cesse, qui ne tarissent jamais. Elles sont les hôtes de ce fleuve qui les aime et qui les porte à leur but. Elles glissent doucement comme de grands oiseaux blancs qui voleraient à la surface, qui se laisseraient emporter sans crainte, avec une heureuse quiétude. Elles sont comme les esprits familiers de ce vieux Nil qui a assisté à tant de mystères, qui a vu passer tant de religions, tant de races, tant de conquérants, qui a vu déchoir tant d’empires. Elles descendent le fleuve, portant des chargements de marchandises et d’hommes, les uns empilés sur les autres, si lourdes et si nombreuses qu’elles enfoncent dans l’eau bourbeuse, que leur bord rase le flot, qu’elles donnent l’impression d’une submersion prochaine."
(extrait de "Impressions d'Égypte", 1896)
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Une journée en Égypte avec… Gaston Maspero
(extrait de "Ruines et paysages d'Égypte", Paris,1910)
Une journée en Égypte avec… Gaston Maspero
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| Temple de Denderah - photo Antonio Beato |
"Une porte se dresse au sommet de l'éminence, lourde, épaisse, déchiquetée sur les côtés, historiée d'hiéroglyphes médiocres à la louange de Domitien César et des Antonins. On franchit la baie, et soudain, au bout d'une sorte d'avenue poudreuse, on aperçoit à douze mètres en l'air une armée de grandes faces souriantes et calmes, qui se tient abritée à l'ombre d'une corniche rigide et dure ; on dirait que le temple jaillit de terre comme à l'encontre du visiteur."
(extrait de "Ruines et paysages d'Égypte", Paris,1910)



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