Francesco Ballerini est né à Côme le 28 janvier 1877. Alors qu'il est l'un des pionniers de l'égyptologie italienne, curieusement, le "Who was who in Egyptology" demeure assez laconique et discret sur sa vie.
Il fait ses études à l’Académie scientifique et littéraire de Milan, études couronnées, en 1899, par une thèse : "consacrée aux tribus nomades de Palestine et du Sinaï, d’après des mémoires de l'Égypte ancienne".
Ses capacités sont rapidement reconnues et, très vite, il rejoint le Musée Égyptien de Turin.
Concomitamment, il devient membre de la Mission italienne en Égypte, mission dirigée par le "grand" Ernesto Schiaparelli. Ils travailleront ensemble pendant huit ans, sur différents sites.
En Basse-Égypte, à Gizeh sur la pyramide de Khéops, à Héliopolis où ils découvrent les vestiges d'un temple de Djoser.
En Moyenne-Égypte, ils fouillent à Hermopolis et à Assiout, où ils s'intéressent plus particulièrement aux nécropoles.
En Haute-Égypte, ils ouvrent des chantiers à Qaw el-Kebir. A Deir el-Medina, le village des artisans des tombes royales, leurs fouilles sont fructueuses et couronnées par la belle découverte de la tombe de Kha et Merit.
Francesco Ballerini qui a reçu : "une formation purement linguistique et philologique", s'adonne : "sur le terrain à un travail de prise de notes et de croquis, en les accompagnant d’aquarelles, de relevés planimétriques et épigraphiques". Il se passionne également pour la photographie. Ses multiples talents constituent non seulement un grand apport aux travaux menés alors, mais également des témoignages d'un intérêt inestimable aujourd'hui.
En 1903, la concession de la Vallée des Reines leur est attribuée. Ballerini aime cet endroit, il est très sensible à "la beauté des paysages qu’il apprécie souvent dans la solitude". Il s'y déplace fréquemment sur son âne nommé "Soudani".
Dans cette "Set Neferou", nécropole des reines, princesses, princes du Nouvel-Empire, qui deviendra un cimetière populaire aux époques ptolémaïque et romaine, ils découvriront et fouilleront treize tombes dans les années 1903 - 1906. Parmi elles, celles des princes Amonherkhepshef et Khaemouaset qui sont ouvertes aujourd'hui au public.
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La tombe de Nefertari - QV 66 - Vallée des Reines - lors de sa découverte en 1904 par la Mission italienne dirigée par Ernesto Schiaparelli et Francesco Ballerini |
Mais la plus belle, la plus extraordinaire de leur découverte, a lieu en 1904, sur le versant nord du ouadi principal. Il s'agit de la tombe de Nefertari, grande épouse du pharaon Ramsès II. "À la cour d'Égypte, on l'appelait 'Mout la Belle' ou encore 'Mout la Divine', mais son véritable nom était Nefertari. On le traduisit par 'Celle qui appartient à la Beauté', 'Sa belle'. 'La plus belle de toutes', 'La plus belle d'entre elles'". Lors de la découverte, l'escalier est rapidement dégagé par les ouvriers, mais la porte qui devait protéger la sépulture est ouverte : "Des déblais avaient glissé, pénétré dans la première salle et (...) ce remplissage atteignait presque le plafond, note Schiaparelli. Le sol de la tombe est entièrement recouvert de boue solidifiée…"
Le déblaiement est long et fastidieux. Ballerini note les différentes phases du travail, les documente et les photographie. Les 135 plaques photographiques qui sont au musée de Turin sont autant de témoignages de l'état dans lequel la tombe apparaît aux découvreurs puis de l'avancée des travaux.
En 1905, il est distingué par le roi Vittorio Emmanuele III qui le nomme chevalier de l'Ordre de la Couronne d'Italie.
Il consacre les années suivantes à la réorganisation du Musée de Turin et aux cours qu'il donne à l'Université de cette ville.
Sa santé est de plus en plus défaillante et, après plusieurs mois de maladie, il meurt subitement le 5 mai 1910.
Ernesto Schiaparelli perd alors un précieux collaborateur. Il lui rend ainsi hommage, saluant sa modestie et ses : "exceptionnelles qualités" : "Plus que diriger personnellement, Ballerini se plaisait à travailler sous les ordres, activement, sans relâche, pour détecter des ruines qui, peu à peu, apparaissaient à la lumière, pour photographier les phases successives des fouilles, et surtout pour copier les inscriptions et dessiner les monuments qui étaient progressivement découverts."
marie grillot
sources :
Notizia sommaria degli scavi della missionne archeologica italiana in Egitto (1903), manuscrit de Ballerini
Actes du congrès consacrée à Francesco Ballerini, publiée en 2012, avec toutes les photos de l'archive du Centro di Egittologia Francesco Ballerini - http://www.cefb.it/libri.htm Article de Christian Leblanc issu d'une communication faite à Come en hommage à Ballerini : "La Vallée des Reines : Italiens et Français à la redécouverte d'une nécropole de Thèbes-Ouest", dans L'Egitto di Francesco Ballerini. Un egittologo comasco agli inizi del Novecento. Atti della giornata di studi. Lettere. Fotografie. Nodo Libri Ed., Como, 2012, pp. 21-29




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