samedi 23 avril 2016

Musée de Louqsor : le ticket qui fait clic !

Amenhotep fils d'Hapou - Thoutmosis III - Amenophis III - Amenophis IV-Akhénaton

Depuis le 1er avril 2016, date de la première visite du nouveau ministre des Antiquités le Dr. Khaled El-Enany, dans la Thèbes antique, il est possible de photographier les magnifiques pièces pharaoniques exposées au musée de Louqsor.

On se souvient qu'en fin d'année dernière, le 1er décembre précisément, cette possibilité avait été offerte, gratuitement, au Musée du Caire, puis soumise à l'achat d'un ticket de 50 LE à compter du 8 janvier. C'est ce même ticket qui est désormais en vente à Louqsor.

Le musée est situé sur la corniche, en direction du temple de Karnak. Si l'idée de le construire est née en 1962, elle a mis du temps à se concrétiser. Car la problématique qui se posait alors était celle-ci : la ville de Louqsor, avec ses rives est et ouest, si riches en monuments pharaoniques, n'est-elle pas, déjà, en elle-même un immense musée ? Un musée à ciel ouvert certes, mais un musée ! Alors pourquoi en construire un autre ?

Après des années d'atermoiements, retardé par des problèmes financiers et par les guerres de 1967 et de 1973, le musée sort enfin de terre. C'est le grand architecte Mahmoud al-Hakim qui en a dessiné les plans, adoptant une architecture totalement moderne, presque "futuriste" pour l'époque. 

Il est inauguré en 1975, par les présidents Sadate et Giscard d'Estaing. Deux grandes dates marqueront ensuite son histoire : "Le musée de Louqsor a été rénové deux fois depuis sa construction. La première en 1989 et la seconde en 2004. À chaque fois, des objets sont venus enrichir la collection du musée", expliquait Sanaa Ahmad, directrice des musées de la Haute-Égypte. 

En effet, en janvier 1989, le Docteur Mohamed El-Saghir découvre, dans la cour d'Aménophis III du temple de Louqsor, une cache contenant vingt-six statues. Seize seront ensuite exposées dans une salle spécialement créée pour elles, à droite en entrant au musée. Elles sont, pour la majorité d'entre elles, d'une beauté et d'une facture exceptionnelles.
Salle de la Cachette du Temple de  Louqsor - Musée de Louqsor - Photo © Marie Grillot

La muséologie est très réussie : elle respecte et met en lumière - et en valeur - de façon presque intime, les œuvres, laissant même, entre chacune d'elles, un espace de "recueillement".
Photo © Marie Grillot

Dès l'entrée dans l'espace initial du musée, une statue de Toutankhamon - représenté sour les traits du dieu Amon - nous accueille, de même que la magnifique tête de vache en bois doré aux grands yeux à larmier trouvée dans sa tombe. Quant à la tête colossale en granit rouge d'Aménophis III provenant de son temple de Gourna, elle a retrouvé sa barbe postiche depuis 2011.

Dans la longue galerie règne la pénombre. Chaque statue présentée le long du mur est éclairée individuellement. Le plaisir est infini de retrouver les pharaons si souvent représentés dans les livres, de leur donner corps, de leur donner vie dans la variété de leurs matériaux, de leur texture. 
Thoutmosis III - Photo © Marie Grillot

Le magnifique portrait de Thoutmosis III coiffé de la couronne Atef, provenant de son temple de Deir el Bahari, l'extraordinaire groupe d'albâtre d'Aménophis III et Sobek, ou bien encore le dieu Min à la figure noire, sont autant de plaisirs conjugués.

Dans la salle à la gloire de l'ancienne Thèbes, inaugurée en 2004, les arts de la guerre sont à l'honneur. Deux momies royales sont exposées, celles d’Ahmosis Ier qui libéra l'Égypte des Hyksos et de Ramsès I. Elles reposent respectueusement sur leur catafalque dans une douce obscurité qui semble ne pas perturber leur longue éternité. Ces pharaons ont retrouvé leur belle ville de Thèbes, leur "Ouaset"… L'envie de rendre hommage à leur glorieux passé nous étreint fortement. Dans les vitrines qui les entourent, déposés sur des plexiglass, se trouvent divers objets provenant du trésor de la grande reine Ahhotep, découvert dans sa tombe de Dra Abou el-Nagga le 5 février 1859. Ce trésor avait d'ailleurs été récupéré à force de coups de poings par Auguste Mariette ! Parmi eux, le collier aux trois mouches d'or, dont l'histoire est si fascinante.

Au fond de cette salle, la magnifique - et grande (2,28 m) - statue d'albâtre de Séthi Ier, découverte, en six morceaux, en mars 1904, par Georges Legrain dans la cachette de Karnak, nous regarde avancer vers elle. Longtemps exposée au musée du Caire, elle est revenue, à Louqsor en 2007.
Amenhotep fils d'Hapou - Photo © Marie Grillot

À l'étage, ce sont d'autres merveilles qui nous accueillent : le merveilleux Amenhotep fils d'Hapou, trouvé par Georges Legrain, le 25 octobre 1913, près du Xe pylône de Karnak. Penché sur son papyrus, dans une attitude appliquée, il ne cesse de nous charmer par la douceur de son expression et par sa perfection. Que l'envie est forte de vouloir apposer ses mains sur le papyrus, à l'endroit où les anciens Égyptiens posaient les leurs, en signe de vénération !

Du matériel funéraire provenant de la tombe de Toutankhamon constitue un beau témoignage des splendeurs découvertes dans sa tombe, en 1922, après des années de persévérance, par Lord Carnarvon et Howard Carter. 

Et Akhénaton, tout hérétique qu'il fut, qui délaissa Thèbes et ses dieux pour adorer Aton l'unique, à Amarna, est en gloire, tant par ses têtes 'osseuses', si 'symptomatiques’ de l'art de son époque, que par le mur de talatates reconstitué. 

Statues, stèles, sarcophages, objets rituels, vases, bijoux, monnaies, vanneries, sandales, lits, bateaux… Ce musée recèle d'immenses merveilles qui le placent très certainement, en Égypte, au rang de second musée d'art pharaonique après celui de Tahrir. Un lieu à voir, et à revoir… 

La belle décision que le ministère des Antiquités vient de prendre en autorisant les photos est à saluer. Nous ne sommes pas sans savoir que la baisse de fréquentation des sites a, de façon dramatique et drastique, amoindri son budget. Avant les "révolutions", le nombre de visiteurs au temple de Karnak avoisinait les 9.000-10.000 par jour, alors que dans les moments les plus critiques qu'a traversés le pays, ce nombre était descendu à moins de 300.

Les monuments ont plus que jamais besoin d'être entretenus et surveillés, et les équipes et les gardiens ont plus que jamais besoin d'être présents sur les sites pour veiller à leur préservation et à leur sauvegarde. La vente des tickets photo peut donc constituer un apport financier non négligeable, qui ne peut que satisfaire l'une et l'autre des parties : les amoureux de l'Égypte se font plaisir en photographiant les somptueuses richesses du patrimoine et l'achat de ce ticket photo sert à la préservation des monuments !

Aujourd'hui, la grande technicité des appareils photos n'implique plus l'utilisation d'un flash et donc n’endommage en rien les monuments : on ne peut donc qu'espérer que le ministère poursuivra dans cette voie-là et étendra bientôt cette autorisation aux demeures d'éternité…

L'Égypte est en quête de touristes : susciter l'envie d'y venir est donc primordial ! Et, nous le savons tous, à notre époque, la photo, via aussi les smartphones, les tablettes, est omniprésente dans notre quotidien. Le besoin, la nécessité - peut-être même parfois l'addiction - rendent l'immédiateté du partage de sa vie totalement prégnante.

Ces photos constituent, à n’en pas douter, de merveilleux atouts qui participent de façon concrète à la promotion du pays.

marie grillot

1 commentaire:

  1. Merci pour ces infos...que ce doit être passionnant et émouvant de voir ce musée !

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