dimanche 17 avril 2016

Aéroport du Caire : L'art égyptien entre deux vols... "Mathaf fi-l-matar"

Photos © Marie Grillot

Que faire à l'aéroport du Caire pour "tuer" le temps entre deux vols ? La salle d'attente ? Les cafétérias ? Les boutiques duty-free ? Et… pourquoi pas le musée ?

En effet depuis décembre dernier, le hall de transit du terminal 3 abrite un musée qui présente, par l'intermédiaire d'objets choisis, la variété du patrimoine historique, culturel et religieux du pays.

Si la signalétique pour y arriver s'avère encore minimaliste, l'apparition de grandes affiches de statues célèbres nous guident soudain sur la bonne voie.

Derrière une porte en bois à double battant à moitié fermée se trouve le guichet où acheter le ticket d'entrée de 3 dollars, 25 LE. Si l'on souhaite prendre des photos, l'achat d'un autre ticket, du même montant, est nécessaire. Le musée est ouvert 24 h sur 24.

Dans une salle d'une trentaine de mètres carrés, six vitrines offrent un éventail choisi des objets représentant les grandes époques culturelles du pays… principalement - cela va de soi - l'époque pharaonique.

Un scribe de l'Ancien-Empire trône au centre du musée, seul dans une vitrine. Il ne s'agit pas "DU" scribe du musée du Caire, mais de l'un de ses semblables, découvert en 1950, à Memphis par l'Université d'Alexandrie. Il est de très belle facture et la peinture est parfaitement conservée. Son expression est sereine et concentrée. Le visage aux joues pleines est encadré de cheveux bruns, frisés, coupés au carré. Son cou est orné d'un large collier aux couleurs bleutées ; son corps ocre-rouge est harmonieux et musclé, uniquement vêtu d'un pagne blanc. Sur ses jambes croisées un papyrus est déroulé ; le rouleau est calé dans la main gauche alors que la main droite tenait un calame aujourd'hui disparu… 

À droite en entrant, une longue vitrine présente des objets de l'époque pharaonique :

- Un élégant groupe familial, le père, la mère et le fils, datant de la IVe dynastie et provenant de Saqqara ;

- Une jarre de Nagada, période prédynastique, en terre cuite d’un beige-rosé aux décors bruns géométriques ; 

- Une palette à fard, en schiste, en forme d'antilope, de la période prédynastique également ;
Photo © Marie Grillot

- Des modèles réduits en bois, scènes de fabrication du pain et de la bière, du Moyen-Empire ;

- Un ostracon, provenant de Sheik Abd El-Gourna, représentant Hatschepsout (en homme), agenouillée, faisant offrande de deux pots - vin et eau fraîche - au dieu Osiris ;
Photo © Marie Grillot

- La magnifique stèle de calcaire de 'Niptah", de la fin du Moyen-Empire, découverte à Assassif. Elle représente 4 personnages dans l'attitude de la marche. Deux élégantes femmes vêtues de robes à bretelles, colorées et moulantes, respirent une fleur de lotus alors que les deux personnages masculins portant de larges colliers et bracelets, sont vêtus d'un pagne blanc ;

- et quelques autres statues, dont un Osiris dans un naos provenant d'Abydos, une Isis allaitant de la période tardive, trouvée à Abousir, un scarabée ailé…
Photo © Marie Grillot

La période gréco-romaine est représentée par cinq belles pièces, dont deux magnifiques tanagras : l'une, coiffée d'un chapeau, est à moitié dénudée ; l'autre, coiffée d'un chignon, est pudiquement enveloppée dans son chiton. Trois belles têtes, deux féminines et une masculine complètent la vitrine.
Photo © Marie Grillot

L'art copte est décliné avec deux icônes sur bois, une Vierge à l'Enfant et un Saint-Georges terrassant le dragon, et enrichi d'objets liturgiques (encensoir et croix coptes). 

L'art mamelouk est mis à l'honneur par la présence d'une belle et élégante lampe de mosquée, fabriquée en verre soufflé agrémenté d'un décor émaillé d'un bleu profond. Un texte en calligraphie arabe est reproduit dans cette même couleur… D'autres plats et verreries, d'une grande finesse, sont également exposés. Les arts de l'Islam sont aussi présents par la copie de deux anciens Corans enluminés.
Photo © Marie Grillot

Le visiteur peut ainsi voir un total de 41 pièces qui proviennent : pour l'art pharaonique et gréco-romain, du musée de la place Tahrir (21 pièces), du musée d'art islamique (12 pièces) et du musée copte (8 pièces). Elles ont visiblement été choisies avec un soin mesuré et avec le souci de témoigner des riches périodes artistiques de l'Égypte. 

La muséologie est simple et réfléchie, même si l'on est confronté - comme trop souvent dans les musées - à la difficulté de photographier les artefacts.

Ce musée a été inauguré en décembre 2015 par l'ancien ministre des Antiquités, Mamdouh Al-Damati et le ministre de l’Aviation civile, Hossam Kamal. Son objectif est de présenter, et de faire mieux connaître aux voyageurs, la richesse, la variété et la diversité du patrimoine du pays dans lequel ils se trouvent. Si cette initiative intéressante et innovante - associant temps de transit et enrichissement culturel - s'avère probante, elle pourrait être reconduite ultérieurement, dans les aéroports de Louqsor et Sharm El-Cheikh.

marie grillot

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