Le 16 février 1940, Pierre Montet découvre, à Tanis, la sépulture de Psousennès Ier ... Voici une partie du récit qu'il fait de cette découverte : "Le caveau qui fut ouvert en premier lieu était meublé essentiellement d'un grand sarcophage de granit devant lequel on avait déposé les quatre canopes, une grande jarre d'albâtre et des coffrets en bois ... Sur la cuve du sarcophage, les noms de Psousennès se lisent partout. Le corps du pharaon se trouve dans le troisième sarcophage en argent, gravé à l'intérieur et à l'extérieur. La momie, toute habillée d'or y reposait sur une planche d'argent, avec ses six colliers, vingt-deux bracelets de poignet, quatre de genou et de cheville, des pectoraux, des scarabées et des coeurs, doigtiers et sandales d'or, plus de trente bagues, le tout d'un goût parfait".
Collier shébiou en or avec chaînes et pampilles de Psousennès Ier - XXIe dynastie
découvert dans son tombeau de Tanis (NRT III), le 16 février 1940, par Pierre Montet
Musée égyptien du Caire - JE 85751
Les bijoux sont somptueux, d'une beauté à couper le souffle. Finement travaillés, délicatement ouvragés, parfaitement assemblés, ils témoignent du degré d'excellence des artisans orfèvres de cette époque.
Dans "L'or des pharaons", Christiane Ziegler apporte ces importantes précisions : "La disposition des bijoux de Psousennès Ier avait été perturbée à plusieurs reprises : au moment de l'introduction du sarcophage dans le caveau, au cours des millénaires durant lesquels l'humidité avait détruit les fils des colliers et lors de l'ouverture du sarcophage d'argent qui se révéla difficile. De plus un vol eut lieu en 1941 après le dépôt des objets au musée du Caire. Il fallut une étude très minutieuse pour classer et remonter les bijoux... Trois d'entre eux tirent leur inspiration de modèles apparus à la XVIIIe dynastie. Ces bijoux que les Égyptiens nommaient chébiout étaient composés de plusieurs rangs de perles en forme de disques agrémentés par un fermoir orné de pampilles. Les plus simples ornaient le cou des vivants gratifiés de 'l'or de la récompense'".
Celui-ci est composé de sept rangs formés de milliers de petits disques ou piécettes d'or (le chiffre de 5000 étant parfois avancé !).
Les sept fils d'enfilage - que l'on imagine très épais - sont : "attachés à une plaque en or rectangulaire elle-même décorée de deux cartouches contenant les noms du roi. Ces deux cartouches sont flanqués de deux figures assises ; à droite le dieu Amon représenté avec deux plumes sur la tête, à gauche la déesse Mout portant la double couronne sur la tête. La partie supérieure de la plaque est décorée du disque solaire ailé. Tous les éléments décoratifs de la plaque sont incrustés de pierres semi-précieuses comme la cornaline rouge, le lapis-lazuli et de feldspath vert" précise le Musée Egyptien du Caire.
Ces éléments déjà décrits sont merveilleux, mais l'orfèvre a fait mieux encore ! Du fermoir (d'une hauteur de 6,2 cm), il a fait s'échapper tout un faisceau de chaînes d'or, qui sur leur longueur, semblent se multiplier tout en se divisant, s'épanouissant ainsi en une somptueuse cascade dorée. Chaque "jonction" et chaque extrémité sont joliment ornées de pampilles ou clochettes stylisées assimilées à des liserons ou à des bleuets (on en compte plus d'une centaine !).
Comment pharaon portait-il cette époustouflante parure ? Pour Christiane Ziegler ("L'or des pharaons") : "L'ensemble forme un éblouissant bouquet qui s'épanouissait dans le dos du souverain et tintait à chacun de ses pas"… Alors que pour Silvia Einaudi ("Les merveilles du musée égyptien du Caire) : "Les chaînes, disposées en éventail s’ouvrant vers le bas, devaient orner le thorax du souverain en scintillant et en vibrant légèrement à chacun de ses mouvements".
On peut s'étonner bien sûr que la mise au jour de tels chefs-d'oeuvre n'ait pas eu un retentissement au moins comparable à celui de la découverte de Toutankhamon... Mais le monde était alors en guerre, et dans cette période troublée, le trésor de Psousennès devait être mis en sécurité au plus vite. C'est en camion militaire, qu'il sera transporté vers le musée égyptien de la Place Tahrir au Caire. C'est là que l'on peut admirer, encore aujourd'hui, les trésors de Tanis...
Ce collier - d'une hauteur de 64,5 cm, d'un diamètre de 30 cm et d'un poids annoncé de plus de 8 kg ! - y a été enregistré au Journal des Entrées sous la référence JE 85751.
marie grillot
sources :
Montet, Pierre - Les nouvelles fouilles de Tanis (1929-1932) (1933)
https://archive.org/details/Montet1933
Montet, Pierre - 1 Les constructions et le tombeau de Psousennes à Tanis (1951)
https://archive.org/stream/Montet1951/Montet%2C%20Pierre%20-%201%20Les%20constructions%20et%20le%20tombeau%20de%20Psousennes%20%C3%A0%20Tanis%20%281951%29%20LR_djvu.txt
Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien, Pierre Montet, 1942
Montet Pierre. La nécropole royale de Tanis d'après les découvertes récentes. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 89e année, N. 4, 1945. pp. 504-517https://doi.org/10.3406/crai.1945.77901
Dussaud René. Pierre Montet et collaborateurs. — Les constructions et le tombeau d'Osorkon II à Tanis.. In: Syria. Tome 29 fascicule 1-2, 1952. pp. 150-152
https://www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4753_t1_0150_0000_3
Isis ou à la recherche de l'Egypte ensevelie, Pierre Montet, Hachette
Tanis - Douze années de fouilles dans une capitale oubliée du Delta égyptien, Pierre Montet, 1942
La découverte des Trésors de Tanis, Georges Goyon
Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987
Tanis : trésors des pharaons, Henri Stierlin et Christiane Ziegler, Seuil, 1987
Pharaons - Catalogue de l'exposition présentée à l'Institut du monde arabe à Paris, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005
Musée Egyptien du Caire, global egyptian museum : poids 8,650
http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=14806
Tanis : trésors des pharaons, Henri Stierlin et Christiane Ziegler, Seuil
L'or des pharaons - 2500 ans d'orfèvrerie dans l'Egypte ancienne, Catalogue de l'exposition de l'été 2018 au Grimaldi Forum de Monaco, Christiane Ziegler
Catalogue officiel Musée Egyptien du Caire, Mohamed Saleh, Hourig Sourouzian, Verlag Philippe von Zabern, 1997
Trésors d'Egypte - Les merveilles du musée égyptien du Caire, Francesco Tiradritti
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire