Photo extraite de Fickr/Yosita - http://flickrhivemind.net/Tags/bawab/Interesting |
Sa fonction, ses fonctions plutôt : surveiller les entrées et sorties d’un immeuble. Nettoyer l’escalier. Dissuader et éloigner les importuns. Jeter un peu d’eau sur la chaussée devant l’entrée de l’immeuble pour neutraliser la poussière. Sur demande et moyennant bakchich : garder et laver les voitures. Monter les courses à l’étage. Effectuer de petites réparations. Aider à trouver une location d’appartement (n’oubliez pas la commission !). Faire le point avec ses collègues de proximité sur la vie du quartier. Au besoin, donner quelques indications utiles à la police. Répondez ou non à ses questions, de toute façon, il finira par avoir la réponse.
On l’aura reconnu : c’est bien sûr de l’incontournable bawab qu’il s’agit, concierge ou portier de son état, l’un des plus importants personnages de la société égyptienne. Une véritable institution. Que serait l’Égypte sans ses bawabs ?
Pour quel salaire effectue-t-il ce métier ? Faute de convention collective, contentons-nous du point d’interrogation. Vraisemblablement, la réponse est dans le cas par cas, compte tenu du nombre de résidents dans l’immeuble, des ententes préalables et, à l’évidence, des appoints en bakchichs.
Cet émigré de l’intérieur provient d’une région en pénurie d’emplois. La solidarité fait que l’éventuel nouvel arrivant trouve auprès de ses connaissances des pistes pour trouver lui aussi un emploi.
“Tels qu’ils apparaissent dans les stéréotypes nationaux, écrit Frédérique Fogel dans “Figures nubiennes de l’ethnie, de la minorité, de la nation (Égypte, Soudan)”, les Nubiens soudanais sont chauffeurs de taxi ou Premiers ministres. En Égypte, ils ont longtemps détenu le quasi-monopole des fonctions de gardiens d’immeuble et de serviteurs dans les grands hôtels, les consulats et les ambassades, évoluant dans le milieu cosmopolite jusqu’à la révolution de 1952. Beaucoup perpétuent la tradition, au Caire, à Alexandrie et dans les pays du Golfe ; d’autres travaillent dans l’administration et occupent d’autres postes dans les services ; rares sont ceux qui renoncent au statut de col blanc.”
Photo CairoScene |
Et pourtant, la roue du temps tourne, inexorable. Il est constaté que les Nubiens, célèbres pour leur fiabilité, leur dignité, leur imposante stature et leur “saveur rurale”, délaissent la fonction. “Le portier nubien, nous écrit Albert Arié, Cairote de longue date, est en voie de disparition. L'image traditionnelle du portier assis placidement à côté de la porte de l'immeuble, se grattant les orteils, est passablement écornée. Depuis déjà plusieurs années, les portiers nubiens ont été remplacés par des portiers originaires de la province d'Aswan ou de Haute-Égypte. Les deuxième et troisième générations ont boudé le métier et seuls les descendants occupent maintenant les terrasses, sans payer ni loyer ni électricité. À l'heure actuelle, les portiers sont en général des jeunes de Haute-Égypte, payés au SMIC par les locataires et vivant surtout de travaux supplémentaires dans l'immeuble ou même de ménages et bien sûr, les très grands immeubles ont fait appel à des sociétés de gardiennage, toutes dirigées par d'anciens militaires ou policiers.”
Serait-ce bientôt la fin d’une époque ? Le “gardien du temps” aurait-il fait… son temps ?
MC
Sources
http://ateliers.revues.org/8734
http://www.egyptindependent.com/news/local-bawab-beyond-surface
http://www.bbc.com/news/magazine-20098376
http://articles.latimes.com/2005/oct/24/world/fg-doormen24
http://londoneya.com/2012/02/the-life-of-a-doorman-in-the-modern-face-of-egypt.html
http://derstandard.at/2000018118681/Aegypten-Der-Spion-der-vor-der-Haustuer-steht
http://www.nytimes.com/1995/02/14/world/cairo-journal-beware-the-bawabs-the-know-it-alls-at-the-gate.html
http://hebdo.ahram.org.eg/Archive/2005/3/30/null0.htm
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