dimanche 14 juin 2015

Mosquée Baybars : le lieu saint d'un sultan du Kazakhstan


Elle porte le nom du sultan qui l’a fait construire : Al-Zahir Baybars (1223-1277), l'un des plus grands sultans mamelouks ayant gouverné l'Égypte, un souverain venu d’une lointaine contrée d’Asie centrale appelée aujourd’hui Kazakhstan.

La mosquée d'Al-Zahir Baybars a été édifiée de 1266 à 1269 dans le quartier Al-Husayniya au Caire. Elle couvre une superficie de 10.000 m².

De forme carrée, elle comporte trois porches monumentaux en saillie donnant sur une cour entourée par des arcades en triple rangée sur les faces nord-est et sud-ouest, et en double rangée au nord-ouest. L’entrée principale devait supporter un minaret, qui a totalement disparu.

Le quatrième côté de la cour, où se situait la salle de prière, comprend six nefs parallèles au mur de la qibla, traversées en leur milieu par trois nefs menant au mihrâb. Ce mihrâb était précédé d'une imposante coupole, aussi large que les trois nefs, qui reposait sur des piliers et formait une maqsura (espace fermé pour le monarque, "presque comme un sanctuaire autonome au sein de la mosquée"). Cette coupole principale : "a disparu, mais on sait par les sources qu’elle était en bois et en marbre, car le sultan Baybars avait ordonné qu’elle soit édifiée et décorée avec les matériaux rapportés en butin de la citadelle de Jaffa (Palestine), prise aux Croisés". (revue "Qantara")

Autre caractéristique de la mosquée d'Al-Zahir Baybars : elle est le premier exemple d’utilisation de l' "ablaq" au Caire, à savoir de l’incrustation dans les murs de bandes de marbre colorés, élément de décoration qui deviendra très populaire dans l'architecture mamelouke du Caire.
Gravure non signée (1869)

L’histoire de la mosquée fut très mouvementée. Elle a servi de lieu de prière jusqu’à la fin du sultanat mamelouk au Caire (début du XVIe s.). Puis, avec l’arrivée des Ottomans, elle a commencé à se dégrader et à ne plus être utilisée que comme entrepôt pour l'armée. Ayant servi de forteresse et de garnison pour les soldats de l'expédition française menée par Bonaparte à la fin du XVIIIe s., puis de boulangerie pour l’armée et de fabrique de savon pendant le règne de Méhémet Ali (XIXe s.), elle a fini par perdre toute sa splendeur d’antan. En 1812, le shaykh Al-Sharqawi a fait démonter des colonnes de marbre de l’édifice pour les installer à Al-Azhar. Certaines des colonnes auraient même été utilisées par les constructeurs du palais Qasr Al-Nil. Finalement, les forces d'occupation britanniques utilisèrent la mosquée comme une boulangerie et un abattoir, d'où l’appellation d'"Al-Madhbah Al-Ingilizi" (l'abattoir anglais) qui lui fut donnée.

Diverses campagnes de restauration ont alors vu le jour depuis le début de ce siècle, avec notamment un financement du Kazakhstan, pour redonner à l’édifice sa place prestigieuse dans le patrimoine archéologique du Caire : consolidation des fondations, nouveau système de drainage pour mettre fin aux infiltrations des eaux souterraines, remplacement du système électrique défectueux, réparation du minaret, de la coupole et des colonnes… 

Récemment, le ministre des Antiquités égyptien a annoncé que la mosquée sera rouverte. C’est le début d’une autre page d’histoire de la mosquée construite par la volonté d’un : "véritable artisan du relèvement musulman au Moyen-Orient". Son Kazakhstan natal pourra légitimement s’honorer d’avoir amplement contribué à ce renouveau.

Marc Chartier

sources :
http://weekly.ahram.org.eg/News/10517/47/Mosque-restoration-resumes.aspx
https://www.wikiwand.com/en/Mosque_of_al-Zahir_Baybars
http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=1064

1 commentaire:

  1. Le photo est de la khanqah de Baibars Al gashankeer et non de alZaher Baibars al Bounduqdari

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