jeudi 4 juin 2015

James Edward Quibell, de si belles découvertes !

Palette de Narmer, découverte par J.E. Quibell en 1898 à Hiéraconpolis
Sarcophage massif de Yuya se trouvant dans la KV 46, découverte par J.E. Quibell en 1905

James Edward Quibell est né à Newport, au Royaume-Uni, le 11 novembre 1867. Diplômé d'Oxford, il part en Égypte pour sa première mission en 1893 et rejoint Sir William Matthew Flinders Petrie à Coptos. L'année suivante, il l'assiste à Naqada puis à Ballas où ils découvrent une nécropole recelant un important matériel pré-dynastique. 

L'expérience acquise auprès de Petrie, les découvertes réalisées, son sérieux et l'érudition de ses publications font très rapidement de lui un égyptologue entraîné et performant, notamment dans les périodes préhistoriques.
Papyrus trouvé par James Edward Quibell au Ramesseum
Bristish Museum EA 10752/3

En 1896, il fouille la nécropole thébaine et le site du Ramesseum. Dans le temple des millions d'années de Ramsès II, il fait une incroyable découverte : "Dans le puits d'une tombe, il trouve des papyrus du Moyen-Empire et des objets utilisés dans la pratique de la magie et de la médecine. Ce recueil de textes est considéré comme l'une des découvertes les plus précieuses de papyrus du Moyen-Empire qui est souvent appelée la 'Bibliothèque du Ramesseum'".
"The Main deposit"

En 1897-1898 (certaines sources donnent la date de 1894), il débute ses propres fouilles à Hiéraconpolis, avec Somers Clark et Frédérick William Green. Une découverte extraordinaire couronne la mission : une cachette d'artefacts archaïques dans ce qui est appelé "the Main deposit". Il s'agit d'un important dépôt d'objets proto-dynastiques, dont certains sont en ivoire. Mais la pièce la plus digne d'attention est une palette à fard travaillée dans un schiste vert. Ce qui sera appelé la "Palette de Narmer" est non seulement exceptionnel au niveau artistique, mais aussi au niveau historique et politique. Elle illustre l'unification de la Haute et de la Basse-Égypte par le pharaon Narmer et est gravée des hiéroglyphes les plus anciens connus. 

En 1899, James Quibell rejoint le service des Antiquités et le musée du Caire. Maspero dit de lui : "Quibell est un bon garçon qui a su se faire aimer de tout le monde au musée." Il semble lui accorder toute sa confiance, lui donnant des tâches difficiles ("Quibell part pour Abydos où une affaire m'a paru grave"). Il le nomme inspecteur des Antiquités dans le Delta. 

En 1900, Quibell épouse Annie Pirie, une artiste qui a suivi les cours de Petrie et est devenue copiste sur ses excavations. 

À la mi-novembre 1904, il remplace Howard Carter à Thèbes. "Sa nomination au poste d'inspecteur était un choix judicieux ; de tous ces collègues il semblait le plus apte à déceler et interpréter des pans entiers de la Vallée des Rois que n'allaient pas manquer de fournir les énormes fouilles prévues par Theodore Davis." Mais les relations entre les deux hommes s'avèrent vite difficiles, voire tendues : "Il est facile d'imaginer l'irritation que devait ressentir un archéologue de la qualité de Quibell à l'idée de devoir collaborer avec Davis dont la mentalité était celle d'un chasseur de trésor et non d'un véritable savant." Quibell s'ouvre de ce problème à Maspero et, avant que les choses ne s'enveniment, préfère demander sa mutation.

Juste avant qu'il ne quitte Louqsor, il découvre - avec Arthur Weigall qui le remplacera à son poste - entre la KV3 et le tombeau de KV 4 (Ramsès XI), la KV 46, qui se révèle être la tombe inviolée de Yuya et Tjuyu. Il documente de façon claire et précise la découverte et décrit ainsi sa première vision de la momie qui reposait dans une série de quatre cercueils : "La momie elle-même est dans un merveilleux état de conservation, le meilleur peut-être jamais rencontré jusqu'alors dans la Vallée des Rois. Ses traits ne sont pas déformés, le visage puissant et digne du vieil homme a vraiment quelque chose d'humain, comme un visage que l'on pourrait reconnaître sur un portrait." 

Il annonça la découverte dans le 'Times', comme étant une découverte du service des Antiquités, ce qui déplut fortement à Davis.

Maspero, toujours extrêmement bien disposé à son égard, lui confie le poste de conservateur du musée dont il améliore grandement la décoration et les installations. Il le nomme inspecteur à Saqqara, et lui attribue un secteur de fouilles : "M. Quibell s'est inspiré des instructions qu'il avaient reçues et les succès qu'il a remportés nous ont prouvé que le plan conçu à la suite de l'expérience de Barsanti était bon. Deux champs de fouilles lui avaient été indiqués, l'un autour de la pyramide de Téti, l'autre aux ruines de ce que je soupçonnais avoir été le couvent de Saint Jérémie... La moitié du couvent a été désensablée quand nous serons venus à bout du reste. M. Quibell ira rejoindre la pyramide d'Ounas et peu à peu il nettoiera de la sorte le plateau entier..."
James Quibell et l'équipe des fouilles de Saqqara en 1909

James Quibell est nommé secrétaire général des Antiquités en 1923, et part en retraite deux ans plus tard, en avril 1925. Mais la retraite ne signifie pas pour lui un arrêt des fouilles, loin de là. Il devient l'assistant de Cecil M. Firth à Saqqara... Et si l'on en croit cet écrit, il y reste un long moment : "En quelques années le site de Saqqara était devenu, avec la bénédiction de Lacau, la chasse gardée des Anglais. Plusieurs d'entre eux vivaient sur place, notamment le vieux Quibell, un Écossais qui s'exprimait dans un français chatoyant et parlait merveilleusement de la Bible.

James Quibell se retire finalement en Angleterre. Mais, en 1931, à la mort de Firth, Lacau reprend contact avec lui. Il souhaite qu'avec Jean-Philippe Lauer : "ils consacrent leurs efforts à rédiger tout ce qu'ils savaient sur la Pyramide de Djoser". Ce qui fera dire à Lauer : "Bien sûr, le livre "Step Pyramid" sur lequel nous avons travaillé Quibell et moi aurait été bien plus passionnant si Firth lui-même l'avait écrit. Malheureusement, à l'époque où nous avons entrepris la rédaction de l'ouvrage, Quibell commençait à perdre la mémoire et le précieux journal de Firth venait de nous être dérobé.”

James Edward Quibell s'est éteint à Herford, le 5 juin 1935.

marie grillot

sources :
Bierbier, M., Who Was Who in Egyptology, London: Egypt Exploration Society
Nicholas Reeves, Richard h. Wilkinson, The complete Valley of the kings, The American Université in Cairo press
John Romer, Histoire de la Vallée des Rois, Vernal - Philippe Lebaud, 1991
Gaston Maspero, Lettres d'Égypte, Correspondance avec Louise Maspero, Seuil, 2003
Gaston Maspero le gentleman égyptologue, Pygmalion, 1999
http://www.fitzmuseum.cam.ac.uk/dept/ant/egypt/collectionhistory/quibell.html

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