La carte touristique de l’Égypte s’enrichira très prochainement d’une nouvelle destination : le Musée du Nil.
Commencée en 2004, la construction de ce lieu touristico-culturel implanté sur un monticule à l’est du réservoir de l’ancien barrage d’Assouan est sur le point d’être achevée, sous la houlette du ministère des Ressources en eau et de l’Irrigation.
Avant l’ouverture au public, une inauguration officielle est prévue. Y sont d’ores et déjà conviées les autorités des pays du Bassin du Nil, l’invitation lancée par l’Égypte ayant pour but de souligner son "rapprochement" avec ces divers États. Dans le contexte actuel des incessantes bisbilles auxquelles a donné cours la construction du barrage éthiopien de la Renaissance, on comprend l’importance d’une telle démarche de la diplomatie égyptienne. Afin de montrer leur attachement au projet, les pays concernés ont en outre été sollicités pour une participation effective au contenu du musée, par l’envoi d’"échantillons" de leur patrimoine lié à l'histoire de la civilisation dans la vallée du Nil.
D’où l’importance des mots. Après avoir lancé l’idée d’un Musée documentaire du Haut Barrage et du lac d’Assouan, les autorités égyptiennes ont retenu l’appellation "Musée du Nil". Le Nil, trait d’union entre les peuples et les cultures… le Nil, lien vital de l’amont à l’aval, entre la Haute-Égypte et les différentes terres qu’il irrigue jusqu’au Delta et aux côtes méditerranéennes : quel éloquent symbole !
Le musée est construit selon un style nubien-soudanais, le granit rose d’Assouan, utilisé pour les façades et les ouvertures, soulignant l’originalité de son architecture. Il comportera deux salles d’exposition, deux salles de conférences, une bibliothèque, une salle de projection cinématographique, des bureaux administratifs… Étant donné le contexte sécuritaire pour le moins délicat que connaît l’Égypte actuellement, les concepteurs du projet ont soigné l’installation de caméras de contrôle, autant à l’intérieur des locaux qu’à l’extérieur.
Le contenu muséographique aura une teneur historique, géographique, économique, égyptologique, artistique. Les photos, tableaux, documentaires filmés et autres documents ou objets exposés renseigneront sur l’histoire du Nil, la symbolique, la mythologie et les cérémonies rituelles qu’il a inspirées dans l’Égypte antique, les travaux d’aménagement de son cours et de ses rives (travaux d’irrigation sous Méhémet Ali, construction du premier barrage de 1898, puis du Haut Barrage à l’époque nassérienne, projets récents d’irrigation des terres désertiques). Une plaque commémorative comprenant les noms des ingénieurs, techniciens et ouvriers morts durant la construction du Haut Barrage soulignera que ce chantier ne fut pas uniquement un exploit technique, mais également un témoignage de "la lutte du peuple égyptien contre l'impérialisme mondial".
Dans son contenu, le tout nouveau musée qui ouvrira bientôt ses portes aux touristes du monde entier complétera fort utilement le Musée de la Nubie. Quelles que soient les nuances que l’on donne à l’expression attribuée à Hérodote, il rappellera que l’Égypte peut s’honorer d’être, aujourd’hui comme hier, un "don du Nil". Il illustrera également, autre facette du message qu’on lui a confié, ce long cordon de vie et d’histoire qui relie divers peuples et États, depuis ses sources lointaines jusqu’au Delta où il prend largement ses aises avant de se confondre avec les eaux bleues de la Méditerranée.
Marc Chartier
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