dimanche 5 octobre 2014

John Gardner Wilkinson : l'égyptologie l'a anobli

Sir John Gardner Wilkinson : tableau d'Henry Wyndham Phillips
et photo de James Charles Smallcombe (circa 1863)

Fils d'un pasteur, amateur passionné d'antiquités, John Gardner Wilkinson naît le 5 octobre 1797. Orphelin très tôt, il est envoyé par son tuteur étudier à Harrow, puis à Oxford en 1816. Peut-être en raison de sa santé fragile, il semble que ses études ne soient pas couronnées de diplômes.

L'année 1819 est déterminante pour lui : à Naples, elle met sur son chemin Sir William Gell, un antiquaire qui a une passion dévorante pour l'égyptologie. Une rencontre qui change sa vie puisqu'elle lui donne l'envie d'étudier cette nouvelle discipline.

Il a 24 ans lorsqu'il arrive en Égypte. Il visite la Vallée, le Delta, les déserts, les oasis, les pyramides… "Il cherchait à déchiffrer les inscriptions gravées sur les monuments à l'aide de l'opuscule de Young, car il savait que seule la lecture des textes permettrait de comprendre pleinement le sens de la civilisation pharaonique."

En 1822, Henry Salt dit de lui : "Il travaille comme un forcené… J'ai rarement rencontré une telle passion pour l'étude des hiéroglyphes. Son intérêt pour nos antiquités égyptiennes est sans commune mesure avec la curiosité des voyageurs ordinaires."

Son modeste héritage lui permet de s'installer en Égypte où il reste pendant 12 années. Il se fait construire une maison vernaculaire sur la colline de Gournah, sur la rive ouest de Louqsor. 

En 1824, il reçoit la clé du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion : il passe une année complète, recopiant sans relâche, jour après jour, les scènes des murs et des temples.

Il s'intéresse aux tombes thébaines, pratiques d'accès car il n'a pas les finances qui lui permettraient de mener de grandes fouilles. Sur tous les sites où il passe, il relève, étudie, prend des notes. Il est le "premier égyptologue à publier systématiquement le résultat de ses recherches. Ayant acquis sa formation sur le terrain par l'étude des inscriptions et des scènes murales des tombes, il parvint plus d'une fois, grâce à ses observations personnelles, à corriger les erreurs des savants restés en Europe".

Il se passionne également à dater les règnes des pharaons et à étudier leurs tombes de la Vallée des Rois. "Grâce à lui, la succession des rois thébains du Nouvel Empire se trouvait pour la première fois correctement mise en place." Il joint à cette chronologie un travail extraordinaire : "la numérotation des tombes de la Vallée des Rois qui n'existait pas encore". On se souvient que Pococke avait réalisé une première tentative - sur 18 tombes -, mais qu'elle n'avait pas été concluante... C'est Wilkinson qui, au pinceau, appose, en commençant par le bas de la Vallée, un numéro à chaque entrée de tombe ; il est communément précédé de la référence KV pour King Valley.

En 1826 on le retrouve à Giza, sur le site des pyramides, puis en 1827-1828 de retour à Thèbes. Rencontra-t-il Champollion en 1829 lors de son séjour thébain ? Les deux réponses sont trouvées dans la littérature… Certains disent que le courant ne passa pas entre les deux hommes. D'autres affirment qu'il refusa de rencontrer son illustre voisin qui ne se trouvait pourtant qu'à deux pas, dans son "palais de boue séchée" de Gournah. Il convient de rappeler que lors de la "course" sur le déchiffrement, Wilkinson était du "parti" de Young. Mais ses sentiments à l'égard de Champollion évolueront puisque, lors de son décès, en 1832, il enverra à François-Joseph depuis la West Bank, des condoléances attristées saluant "l'inestimable talent de ce savant".

Il rentre en Angleterre en 1833 pour raison de santé. Après des années passées à la dure, il fréquente la société littéraire, s'habille à la dernière mode, puis, en 1834, il est élu à la Royal Society. Il publie de nombreux ouvrages qui demeurent toujours des références. Il est le premier égyptologue à recevoir une distinction honorifique officielle juste après la parution de son livre "Manners and customs of the Ancient Egyptian" et "Handbook for travellers in Egypt". 

Le "distingué" Sir John Gardner Wilkinson devient alors le plus renommé des égyptologues du début de l'époque victorienne. Il revient par deux fois en Égypte, en 1842 et en 1848.

Entre-temps, en 1844, il avait réalisé un périple en Dalmatie, au Montenegro et en Bosnie Herzegovine. Puis il se retire définitivement en Angleterre où il étudie la zoologie. Il meurt le 29 octobre 1875.

Ses archives sont conservées à la Bodleian Library d'Oxford et constituent une somme de connaissances prodigieuse.

marie grillot

sources : 
Reeves Nicholas, Wilkinson Richard H. - The complete valley of the kings
Rommer John, La vallée des rois
http://en.wikipedia.org/wiki/John_Gardner_Wilkinson
http://books.google.fr/books?id=sqgAAQAAQBAJ&pg=PP4&dq=sir+gardner+wilkinson+and+his+circle&hl=fr&sa=X&ei=PgwfVP3JE8-Wapb1gogP&ved=0CBQQ6AEwAA#v=onepage&q=sir%20gardner%20wilkinson%20and%20his%20circle&f=false

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