Le plus grand obélisque égyptien conservé ne se trouve pas en Égypte, mais à Rome, place Saint-Jean-de-Latran. Il est couvert de hiéroglyphes que Jean-François Champollion qualifiait d’une exécution incroyable.
Ce monolithe de granit rouge mesure actuellement 32,18 m (hauteur d'origine probable : environ 32,50 m). Hauteur avec le piédestal : 45,70 m.
Il fut érigé à l'origine à l'est du grand temple d'Amon à Karnak (dit "temple de Ramsès II") par le pharaon Thoutmôsis III (-1504/-1450). "Le souverain qui l’a dédié est mentionné dans les inscriptions ainsi que son petit-fils Touthmosis IV (Men-kheperou-Rê) qui a fait ériger le monument non terminé à la mort du grand-père. Cet obélisque a la particularité de n’avoir fait paire avec aucun autre. C’est ce qu’apprennent les inscriptions gravées sur le fût. Le monolithe est représenté dans la tombe thébaine de Neferhotep et sur des scarabées commémoratifs au nom de Touthmosis III." (Projet Rosette)
L’égyptologue français Paul Barguet découvrit l'emplacement exact en mettant au jour quatre gros blocs de grès assemblés en queue d'aronde identifiés comme soubassement de l’obélisque.
Destiné tout d’abord à rejoindre Constantinople, il est déplacé en l’an 337, sur l'ordre de Constantin, jusqu'à Alexandrie ; mais après la mort de l’empereur, il est transporté à Rome en 357, par décision de Constance II, successeur de Constantin, pour y orner la spina (arête centrale) du Circus Maximus, espace plat et découvert, situé dans la vallée de la Murcia entre le Palatin et l'Aventin, où étaient organisées des courses de chars. Il y rejoint un autre obélisque transporté d’Héliopolis en l’an -10 par l’empereur Auguste (actuellement Piazza del Popolo).
L’historien Ammien Marcellin (IVe s.) relate ainsi la suite des événements : “Constantin, qu'un scrupule semblable touchait peu, ou qui pensait avec raison ne porter aucune atteinte aux idées religieuses en enlevant cette merveille d'un temple particulier, pour en faire la dédicace à Rome, temple de l'univers entier, commença par déplacer ce monument, qu'il laissa couché, en attendant que les préparatifs du transport fussent terminés. Conduit ensuite par le Nil, l'obélisque fut déposé sur le rivage à Alexandrie, où l'on construisit exprès un navire de proportions inusitées, et qui devait être mû par trois cents rameurs.
Mais le prince mourut dans l'intervalle, et l'opération languit. Ce ne fut que longtemps après que cette masse, enfin embarquée, traversa la mer et remonta le Tibre, qui semblait craindre que le volume de ses eaux ne suffît pas à convoyer jusqu'à la ville qu'il arrose ce présent d'un fleuve inconnu. Arrivé au bourg d'Alexandrie, à trois milles de Rome, l'obélisque fut hissé sur des rouleaux, et lentement introduit, par la porte d'Ostie et l'ancienne piscine publique, jusqu'à l'esplanade du grand cirque.
Il s'agit alors de l'ériger, ce qui était réputé peu praticable, sinon impossible. Dans ce but, on éleva, non sans danger, une forêt de hautes solives, au sommet desquelles venait s'assujettir une multitude de longs et forts câbles, serrés comme les fils de la chaîne d'un tisserand, et formant un rideau assez épais pour dérober la vue du ciel. À l'aide de cet appareil, et des efforts de plusieurs milliers de bras imprimant de concert à la machine un mouvement analogue à celui de la meule supérieure d'un moulin, cette espèce de montagne, dépositaire des rudiments de l'écriture, insensiblement se soulève, et, suspendue quelque temps dans l'espace, prend enfin son assiette au milieu du sol. L'obélisque fut d'abord surmonté d'un globe d'airain, revêtu de lames d'or. Mais cet ornement ayant été frappé de la foudre, on y substitua une torche du même métal, dont la flamme, également figurée en or, produisait d'en bas l'effet d'une gerbe de feu.” (cité par kemit.perso.neuf)
En 1587, lors de fouilles réalisées au Circus Maximus, à l’initiative du pape "bâtisseur" Sixte-Quint, l’obélisque dit "de Constantin" est retrouvé à une profondeur de 7 m, brisé en trois morceaux. Le pape le fait restaurer et lui fixe une autre destination : la piazza San-Giovanni-in-Laterano, où il est érigé le 3 août 1588 par l'ingénieur Domenico Fontana.
"Au cours de l’opération, le monument, amputé de quatre vingt-cinq centimètres, est sommé d’une croix en bronze placée sur une étoile surmontant cinq monticules, emblème du pape." L'inauguration a lieu le 10 août 1588.
Marc Chartier
sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Obélisque_du_Latran
http://www.mediterranees.net/art_antique/monuments/Obelisques/latran.html
http://www.cfeetk.cnrs.fr/fichiers/Documents/Ressources-PDF/documents/K1273-BARGUET.pdf
http://projetrosette.info/page.php?Id=799&TextId=201
http://kemit.perso.neuf.fr/rome/laterano.htm
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