mercredi 10 septembre 2014

Le canal de Suez : une actualité qui a toute une histoire

Le bac d’Al-Qantara (avant 1900)

Le canal de Suez est à la une de l’actualité, avec le projet d'un nouveau creusement sur 35 km, complété par 37 km d'expansion et d'approfondissement. Durée prévue des travaux : une année. 

Un projet "pharaonique", qui n’est pas sans rappeler les audaces d’un certain Ferdinand de Lesseps, mais aussi, bien auparavant, les réalisations des lointains, très lointains prédécesseurs qui ne résistèrent pas à l’utopie de relier la mer Méditerranée et la mer Rouge : les pharaons eux-mêmes ! Certes, la voie n’était alors pas directe : elle transitait par la branche pélusiaque (la plus orientale) du Nil, mais la jonction n’en était pas moins réalisée. 

Les sources ne sont ni unanimes, ni précises sur l’origine de ce "canal des pharaons", préfigurant l’actuel canal de Suez, qui reliait Bubastis (l’actuelle Zagazig) aux Lacs Amers, puis à la mer Rouge. L’initiateur en aurait-il été Sésostris III (voire Sésostris Ier) au XIXe siècle avant notre ère ? Ou bien Séthi Ier, au XIIIe siècle ? Nous laissant guider par les experts en histoire de l’Égypte ancienne, admettons simplement que "des preuves indiquent (l’)existence (du canal) au moins pendant le règne de Ramsès II". 

On n'a par ailleurs sur ses dimensions que "des données fort vagues et il n'aurait jamais servi, d'après quelques auteurs, que comme canal d'irrigation".

Abandonné et comblé par les sables à partir du Xe siècle avant notre ère, il est reconstruit, à peu près suivant le même tracé, par Nékao II, pharaon de la XXVIe dynastie (-610 à -595). "120 000 hommes périrent à ces travaux. Pourtant, ils furent interrompus, un oracle ayant prédit à Nékao que le canal ne servirait qu'aux ‘barbares’, autrement dit aux Phéniciens, et ce fut Darius Ier, fils d'Hystaspe, qui, cent ans plus tard, l'acheva." (cosmovisions.com). 

Le conquérant perse de l’Égypte tient à marquer de son empreinte l’édification de la "percée" avec l’installation de quelques stèles de granit le long du Nil, dont celle de Kabret qui mentionne : "Le roi Darius a dit : je suis un Perse. En dehors de la Perse, j'ai conquis l'Égypte. J'ai ordonné ce canal creusé depuis la rivière appelée Nil qui coule en Égypte à la mer qui commence en Perse. Quand ce canal a été creusé comme je l'ai ordonné, mes bateaux sont allés de l'Égypte jusqu'en Perse, comme je l'avais voulu."

À nouveau et plusieurs fois ensablé, le canal est remis en état par Ptolémée II Philadelphe vers -280, puis par Octave, le futur empereur Auguste (-30), et par l'empereur Trajan qui lui donnera un temps son nom...

Au VIIe siècle, le gouverneur d'Égypte ‘Amr ibn al-‘As, compagnon du Prophète Muhammad, fait restaurer l'antique voie d'eau afin de ravitailler la Mekke et Médine, des travaux que le rebelle Abou Djafar al-Mansour, calife abbasside, s’empressera d’anéantir 130 ans plus tard pour affamer les deux villes saintes de l'Islam.

Le "canal des Quatre Rois", ainsi appelé par allusion à Ramsès, Nékao, Darius et Ptolémée, est alors réduit à quelques vestiges épars, tandis que les lacs Amers, désormais privés de tout lien avec le Nil et la mer Rouge, se transforment progressivement en une lagune morte.

Au XVIe siècle, la République de Venise, soucieuse de mettre sous son emprise les mers du monde, et pour contrer les avantages de la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance, tentera bien d’imaginer le percement d’un canal à travers l'isthme de Suez, mais le projet restera lettre morte.

Le 30 novembre 1854 : Mohamed Saïd Pacha, vice-roi d'Égypte, quatrième fils de Méhémet Ali, accorde, malgré les pressions britanniques, à Ferdinand de Lesseps la concession pour la construction du canal de Suez entreprise sous son règne.

Une autre histoire commence, qui aura pour apogée, le 16 novembre 1869, l’inauguration du canal maritime de Suez. Il sera nationalisé le 26 juillet 1956. Il est appelé à devenir pour l’Égypte l’une de ses principales sources de revenus.

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