En 1776, il part pour l'Égypte, où il reste trois années, pour “connaître ses semblables (...) en étudiant leurs moeurs, leur religion, leur gouvernement”. Il y apprend l’arabe, observe les us et coutumes de la population et visite, vêtu à la turque, la Basse-Égypte, notamment Alexandrie, Damiette, puis l’oasis du Fayoum.
De retour en France, après un long détour par plusieurs îles de Grèce et de l’Archipel grec, il publie en 1785-1786 ses “Lettres sur l’Égypte, où l’on offre le parallèle des mœurs anciennes & modernes de ses habitan(t)s, où l’on décrit l’état, le commerce, l’agriculture, le gouvernement, l’ancienne religion du pays, & la descente de S. Louis à Damiette, tirée de Joinville & des Auteurs Arabes”, en trois volumes. Les deux premiers relatent son voyage ; le dernier est consacré à l’étude de la religion et de la mythologie, d’après les textes arabes.
Ces lettres, adressées à son ami Lemonnier, médecin du comte de Provence (futur Louis XVIII, roi de France et de Navarre), font l’objet de nombreux éloges dans la presse, annonciateurs de l’enthousiasme que susciteront par la suite d’autres récits de “voyages littéraires” (Volney, Chateaubriand, Lamartine…).
“Le style pittoresque de Savary, la brillante imagination qui anime ses vives descriptions transportent le lecteur au milieu des merveilles de la terre des pharaons. On loua son érudition, l’apologie qu’il faisait de l’exactitude des anciens, surtout d’Hérodote et d’Homère.” (Michaud, “Biographie universelle ancienne et moderne”,1843)
Toutefois, certains critiques plus avisés, tels le savant Michaëlis et Volney, ne manquent pas de souligner les imprécisions dans la relation de Savary. “Outre diverses erreurs, il est reproché à Savary d’avoir décrit une Égypte idyllique (*), et le contenu de ses Lettres est rapidement jugé peu solide en comaraison avec le ‘Voyage” de Volney.” (Sylvette Larzul, “Dictionnaire des orientalistes de langue française”)D’une “extrême sensibilité” jointe à une “santé délicate”, Savary en est vivement affecté. Après avoir connu ces moments douloureux à la fin de sa vie, il meurt à Paris le 4 février 1788, à l’âge de 39 ans.
MC/MG
Sources :
http://fr.wikisource.org/wiki/Biographie_universelle_ancienne_et_moderne_%281843%29/SAVARY_%28Claude-Etienne%29
François Pouillon, “Dictionnaire des orientalistes de langue française”, Karthala, 2012
“Lettres sur l’Égypte” : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=9&ved=0CGIQFjAI&url=https%3A%2F%2Farchive.org%2Fdetails%2Flettressurlegyp00savagoog&ei=tFr3U4rNL8jiaOGtgKAP&usg=AFQjCNFcGDMxK1xR3WOIcAN4a19RS6BWnw&sig2=g0fN1tgZvfnxyFOG1I9z7w&bvm=bv.73373277,d.d2s&cad=rja
(*) une appréciation que l’on peut nuancer avec ce qu’écrivait Savary dans ses “Lettres d’Égypte” : “Qu’il serait doux pour mon coeur d’avoir à vous peindre un peuple heureux au milieu de cette terre d’abondance ! Mais hélas ! l’anarchie d’un gouvernement monstrueux, ennemi de l’ordre et des lois, éteint le génie et, semblable à un vent pestilentiel, dépeuple les cités, et dévore les campagnes et lers habitants. Des hommes qui, sous un ciel pur, sur un sol fécond, auraient des moeurs douces et agréables, jouiraient des trésors de la nature prodigue et des bienfaits des arts, deviennent barbares, superstitieux, et misérables sous le joug de vingt-quatre tyrans insatiables [les beys administrateurs des provinces égyptiennes au temps des Mamelouks], qui s’engraissent de leur susbtance.”
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