Comment Isis la Grande est-elle arrivée en Auvergne ? Comment les collections égyptologiques se sont-elles constituées dans les musées régionaux ?
Et au delà, comment se pratiquait la momification ? Quelle préservation du corps dans l'antiquité et quelle préservation aujourd'hui ?
C'est à ces questions, et à bien d'autres encore, que l'exposition "Le retour des Momies" qui se tient au Musée Anne-de-Beaujeu à Moulins dans l'Allier apporte des réponses.
Le parcours est extrêmement didactique. L'entrée ressemble à celle d'un temple égyptien gardé par deux pharaons en position osiriaque. Quant aux "rideaux" qui constituent en quelque sorte un "sas" un passage vers le monde de l'au-delà, ils ne sont pas sans rappeler les bandelettes de momies. La muséographie est soignée, intelligente, respectueuse. Sarcophages, cartonnages, momies sont exposés dans une lumière douce, légèrement bleutée.
Au début, le "BA-ba" est rappelé : "Le terme 'momie' dérive du mot persan passé à l’arabe 'mummiya' et désigne à l’origine 'les matières d’aspect bitumineux utilisées en Égypte aux époques tardives pour l’embaumement des cadavres.' Évoluant à travers le temps, il en est venu à désigner le corps desséché et embaumé lui-même. En conséquence, le terme "momie" en est venu à s’appliquer à toute dépouille ayant conservé tout ou partie de ses tissus mous.
On fait communément remonter la pratique de la momification en Égypte à 2700 avant notre ère et, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la disparition de la civilisation pharaonique n’entraîne pas l’abandon de la momification : à l’époque romaine, elle connaît encore un franc succès et l’on ne cesse totalement d’y avoir recours qu’au Ve siècle de notre ère. Il est assez difficile de donner une sorte de déroulé type du procédé de momification tant celui-ci varie au cours de l’histoire pour connaître sa période d’apogée au Nouvel Empire. Une seule chose ne varie jamais : l’utilisation du natron, un carbonate hydraté de soude qui est l’agent dessiccateur."
Les momies auvergnates ont été soignées, traitées et restaurées au Centre de recherches et de restauration des Musées de France à Versailles. "Les analyses du bois des sarcophages, les scanners et radiographies, les prélèvements de parasites et les analyses au carbone 14 ont permis d’étonnantes découvertes : datation affinée, connaissance de leur structure et de leur assemblage, de leurs matériaux, confirmation du sexe des momies... offrant ainsi une meilleure connaissance de ces pièces rares et précieuses."
Les recherches et traitement effectués, les méthodes de conservation et de préservation sont présentés sur panneaux et en vidéo.
D'autres salles sont consacrées aux collections d'objets égyptiens provenant de musées auvergnats ou de particuliers. Et là, que de richesses et de découvertes ! Des volumes de la "Description de l’Égypte", des livres rares, des canopes, des amulettes, des oushebtis, des masques de momies, et autres statuettes.
Et puis, des tableaux… L'un, sur fond de montagne thébaine toute rose de soleil, représente Champollion juché sur un âne, accompagné de quatre fellahs qui transportent un lourd sarcophage, au pied des colosses de Memnon. Un autre, des pyramides ; un autre encore représentant le Général Desaix.
La plus belle révélation est sans aucun doute la découverte des aquarelles de Marcelle Baud. Copiste qui semble méconnue, elle a notamment travaillé aux côtés de "grands" de l'égyptologie belge, Jean Capart et Marcelle Werbrouck, et a illustré de nombreux ouvrages.
L'exposition se termine par l'apport de l'égyptologie dans les arts suite à la Campagne d'Égypte. De nombreuses vitrines en témoignent : mobilier, tissus, publicités, jeux, cinéma, BD…
marie grillot
www.mab.allier.fr
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