dimanche 10 août 2014

La mosquée Abou el-Haggag à Louxor : des colonnes ramessides dans une mosquée


La mosquée Abou el-Haggag semble avoir posé la douceur ronde et blanche de sa coupole, et de l'un de ses minarets sur le temple de Louxor. Quant à l'autre minaret, fait de briques crues, il date de l'époque fatimide et semble flirter depuis des siècles avec le pylône et l'obélisque du temple d'Amon. 

Cette mosquée a été construite en 1244 (an 632 de l'hégire) par le saint local, Abou el-Haggag - ou par son fils selon les sources - sur la cour de Ramsès II. Cet emplacement était préalablement occupé par une église chrétienne. La mosquée a pris place au "niveau médiéval" qui se situe à 7 m au-dessus du niveau de l'époque pharaonique. Au fil des siècles, le sol du temple avait été recouvert de sebakh et de sable ; c'est ainsi que s'explique la présence très curieuse d'une porte située très en hauteur que l'on remarque lors de la visite le temple… Après déblaiement du temple par Gaston Maspero, cette entrée ouvrant sur le temple a dû être condamnée. 

Georges Daressy raconte : "Depuis de longues années, le Service des Antiquités, désireux de déblayer entièrement le temple d'Amon de Louqsor, négocie l'expropriation et le déplacement de la mosquée d'Abou el-Haggag qui en occupe la partie nord-est. On a souvent prédit que si le transfert des reliques d'Abou el-Haggag et de ses compagnons avait lieu, la terre s'ouvrirait pour engloutir soit M. Maspero, soit tout autre fonctionnaire européen appartenant au Service des Antiquités."

La mosquée est donc restée en place et une nouvelle entrée, précédée d'une volée de marches a été aménagée du côté est. 

Les chapiteaux des colonnes, les architraves portant le cartouche de Ramsès II se trouvent à l'intérieur même de la mosquée. Deux des colonnes ont même été creusées afin d'en faire des mihrabs.

Elle abrite plusieurs tombeaux ; le plus visité est celui du saint "Abu-l-hajjaj al-Uqsuri". Le pèlerin peut s'imprégner de sa "baraka” : il guérit "la maladie, la stérilité, il protège les récoltes, fait réussir les examens… il punit l'injuste et défend les opprimés". 

Chaque année, trois semaines avant le Ramadan, un mouled - mawlid - très renommé réunit une foule immense qui vient honorer le saint local.

C'est un monument que l'on prend rarement le temps de visiter… Il revêt pourtant un intérêt tout particulier, presque unique par la présence d'éléments d'un temple pharaonique dans un important lieu de culte islamique du Saïd.

marie grillot

sources : 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62093349
http://www.mafto.fr/wp2_mafto/wp-content/uploads/2008_memnonia_19_05_boraik.pdf
http://ema.revues.org/569

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