Félicien David, en saint-simonien - portrait de Raymond Bonheur, vers 1835 |
En 1830, il rejoint brièvement le Conservatoire de Paris où il n'obtient aucun prix. Il se rapproche ensuite des saint-simoniens, ce mouvement d’esprits cultivés et progressistes. "Prosper Enfantin, dit le Père Enfantin, bel athlète, séducteur envoûtant, chef charismatique" prend le "beau" Félicien David sous sa coupe et en fait très vite le compositeur attitré des disciples du comte de Saint-Simon.
Caricature de Paul Hadol |
En 1833, ils sont quelques-uns à partir pour Constantinople, Jérusalem, puis l'Égypte afin de "prêcher les chants saint-simoniens en Orient".
Félicien David s'installe deux années au Caire, donne des cours de musique, compose sur son petit piano de voyage et passe de nombreuses heures dans le désert. "Jamais Félicien David n'a été aussi heureux qu'en Égypte" assure Dorothy Hagan, sa biographe américaine. Mais il doit attendre 1844 afin de connaître le véritable succès : "Son 'ode' symphonique 'Le désert' inspirée de tout ce qu'il a entendu et observé sur place, est accueillie comme une révolution. Et c'en est une, en effet. Par une juxtaposition de chœurs, de vers récits et de mouvements pour orchestre : la marche, la halte, la nuit étoilée, le réveil à l'aube… Pour la première fois le public français entend le chant du muezzin." (Robert Solé).
Félicien David, par Nadar |
Lors de la première représentation, Berlioz ne peut cacher un enthousiasme débordant, enthousiasme qu'il décrit en ces termes : "Oui, David, ce que vous avez fait est très grand, très neuf, très noble et très beau… Nous avons été frappés d’admiration, touchés, entraînés, écrasés.” Et dans le "Journal des débats", il rend ainsi compte : "Un grand compositeur venait d’apparaître", "un chef-d’œuvre venait d’être dévoilé"… "cette partition dans laquelle il entend le Désert personnifié chanter son hymne au créateur des mondes."
Quant à Théophile Gautier, il est tout aussi séduit et écrit dans "La Presse" : "Nous avons une bonne nouvelle à vous annoncer, si vous ne la savez déjà. Dimanche dernier, un grand musicien s’est révélé ; d’un seul bond il est allé s’asseoir sur le trône d’ivoire et d’or des maîtres radieux et consacrés."Dans son "Histoire de la Musique", le critique Lucien Rebatet se montre cependant quelque peu sévère sur l'œuvre : "Comme ce n’était qu’une grande vignette musicale, d’une couleur locale anodine et conventionnelle, elle enchanta le public parisien qui pensa y découvrir tout l’exotisme de l’Orient."
Il continue à écrire pièces, mélodies et opéras. Il est décoré par Louis-Philippe au palais des Tuileries, honoré sous le Second Empire, puis succède à Hector Berlioz à l’Institut de France et à la Bibliothèque du Conservatoire.
Il meurt le 29 août 1876. Félicien David a très certainement été l'inspirateur et l'initiateur des sujets "orientalisants" chez Gounod, Bizet, Delibes, ou encore Saint-Saëns. Mais vingt-cinq ans après sa mort, "il ne subsistait pas une note de toutes ses compositions". Depuis quelques années, des actions sont menées afin de le sortir de l'oubli. Le Centre de Musique romantique française déploie son art et sa science pour rendre sa juste place au compositeur qui fut une gloire en son temps.
Marie Grillot
Pour en savoir plus
http://www.bru-zane.com/?page_id=9945&lang=fr#sthash.KrWYGCRC.dpuf
http://www.bru-zane.com/?page_id=9945&lang=fr
http://www.citedelamusique.fr/francais/evenement.aspx?id=13184
http://books.google.fr/books?id=rMo_BJ8SqmAC&pg=PA83&lpg=PA83&dq=félicien+david+egypte&source=bl&ots=uCQVcG2
http://books.google.fr/books?id=rMo_BJ8SqmAC&pg=PA83&lpg=PA83&dq=félicien+david+egypte&source=bl&ots=uCQVcG2I5W&sig=J5Iiv0O-tK98gtv1B-W7frB2TVU&hl=fr&sa=X&ei=tnPFU5mcGYO50QWOmoHYDg&ved=0CG8Q6AEwDQ#v=onepage&q=félicien%20david%20egypte&f=false
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