"Portrait du Docteur Clot-Bey" par Antoine-Jean-Gros - Musée de Grenoble Antoine Barthélémy Clot "Clot-Bey" (Grenoble, 5-11-1793 - Marseille, 20-8-1868) |
Antoine Barthélémy Clot naît le 5 novembre 1793 à Grenoble où il passe son enfance. Dès l’âge de 15 ans, il trouve un emploi chez un barbier à Brignoles, où sa famille s’est installée en 1808.
En 1813, sans ressources, il s’oriente vers des études de médecine à Marseille. Élève externe, puis interne, à l’Hôtel-Dieu, il devient le 30 septembre 1817 officier de santé. Mais Marseille ne possédant pas de faculté de médecine, c’est à Montpellier qu’il achève sa formation : il devient docteur en médecine le 24 juillet 1820, et docteur en chirurgie le 18 janvier 1823.
Suite à des bisbilles, sur fond de jalousie, avec ses pairs, il renonce rapidement à ses fonctions à l’Hôtel-Dieu. C’est alors que l’Égypte va lui ouvrir toutes grandes ses portes. Répondant à un appel d’offres du pacha Méhémet Ali qui souhaite la modernisation du système médical de son pays, il décide de tenter l’aventure. Il embarque le 21 janvier 1825 à bord de “La Bonne Émilie” avec une vingtaine de jeunes médecins marseillais, en ayant pris soin d’emporter sa propre bibliothèque ainsi que "l’un de ces beaux squelettes humains préparés par les forçats de l’hôpital de la Marine".
Arrivé au Caire le 11 février, le docteur Clot commence par soigner Méhémet Ali et le guérir d’une gastro-entérite ; il deviendra son médecin attitré et son ami. Il se consacre alors à la tâche première de sa présence en Égypte, où l’état sanitaire est “déplorable”. Il crée un Conseil de santé ainsi qu’un service sanitaire militaire, avec la construction à Abû Zaabal, près du Caire, d’un centre hospitalier, puis d’un hôpital militaire pour la Marine à Alexandrie.
Au sein de l'hôpital d’Abû Zaabal, il fonde une école de Médecine, le gouvernement égyptien prenant entièrement en charge les besoins matériels des étudiants. Les cours, assurés par des Français ou des Italiens, sont dispensés en arabe grâce à la présence d'interprètes qui assurent également la traduction des manuels. Les problèmes religieux posés par la dissection de corps humains sont contournés par l’utilisation de cadavres d’esclaves non musulmans.
En 1831, en signe de reconnaissance de son dévouement sans compter, notamment au cours d’une terrible épidémie de choléra qui fait 35.000 morts au Caire, il est promu par Méhémet Ali au titre de Bey, distinction qu’il ajoutera désormais à son nom.
En 1832, il parvient à fonder une école de sages-femmes, en surmontant une fois encore des réticences à caractère religieux. Dans l’impossibilité d’instruire des femmes arabes, il commence par enseigner la médecine à dix "Négresses" et dix "Abyssiniennes", avant de convaincre finalement les autorités du bienfait de l’apprentissage de la médecine aux femmes. Son école peut alors accueillir des élèves égyptiennes.
Envoyé en France avec douze de ses meilleurs élèves afin de compléter leur formation, il est accueilli avec enthousiasme à Marseille, Lyon et Paris. Il y fait une grande impression.
D’après le témoignage d’un contemporain, "il s’habille avec un habit rouge à étroit corsage et le turban musulman qui seye à son teint provençal et à ses traits vivement prononcés. On l’eût facilement pris pour un naturel du Caire."
Clot Bey s'inoculant le virus de la peste à l'Hôpital de l'Ezbekieh en 1937 |
En 1835, une épidémie de peste se déclare en Égypte. Clot-Bey se consacre entièrement à la lutte contre cette maladie. Épuisé par cette tâche, il demande un congé pour se rendre en France.
À Marseille, il épouse Charlotte Gavoty, fille d’un riche négociant, et met à profit sa disponibilité pour publier son livre "Aperçu général sur l’Égypte".
Il effectuera deux autres séjours au Caire, de 1840 à 1849, et de 1854 à 1858, pour s’occuper encore de santé publique.
Durant les longues années de son séjour en Égypte, Clot-Bey a pu acquérir une importante collection d’antiquités, pratique qui était à l’époque autorisée. Il en vend la plus grande partie à la Ville de Marseille "pour un prix dérisoire", et offre quelques pièces au Musée du Louvre.
Il décède dans sa bastide de Sainte-Marthe, le 20 août 1868, à l’âge de 75 ans. Il est enterré au cimetière Saint-Pierre de Marseille, où sa famille lui a fait construire un tombeau de style oriental portant sa devise "Inter infideles fidelis" ("Fidèle parmi les infidèles").
Marc Chartier
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