Palais-musée de Guizeh - Photo de Zangaki |
Le premier musée d'antiquités égyptiennes, créé à Boulaq par Mariette et inauguré par Ismaïl Pacha en 1863, se révèle vite trop exigu pour exposer les nombreuses pièces que ne cessent de livrer les sables d'Égypte.
L'agrandissement effectué en 1869 n'a apporté que trop peu d'oxygène. Et la proximité du Nil constitue une véritable menace pour les trésors exposés. Ainsi la crue dévastatrice de 1878 a-t-elle inondé le musée et l'a condamné à la démolition. Même si l'obstination de Mariette a mené à sa reconstruction au même endroit à l'identique, il faut bien se rendre à l'évidence : Boulaq n'est plus adapté.
Pour l'ensemble de ces raisons, et pour intégrer le produit des fouilles de Mariette, à Karnak, à Gournah, à Abydos, à Tanis, à Saqqarah, à Guizeh, et puis aussi tout ce qu'a livré la fabuleuse découverte de la DB 320 de Deir El-Bahari, il faut absolument trouver un autre endroit, un autre lieu…
C'est ainsi que : "S. A. le Khédive, préoccupé de placer en lieu sûr les antiquités de l'Egypte, et de leur donner un emplacement digne des monuments qui témoignent de sa civilisation des milliers d'années avant qu'il se formât des nations en Europe, décida de leur consacrer son splendide palais de Guizeh".
Il revient à Eugène Grébaut, qui a succédé à Maspero, de superviser en 1889 le déplacement des antiquités de Boulaq vers le palais de Guizeh.
Le personnel du musée débute cet immense travail pendant l’été. Cette énorme tâche nécessite de la technicité, des précautions, de l'organisation. Avec des pièces aussi fragiles et d'autres aussi lourdes, il faut à chaque fois adapter et adopter une méthode spécifique.
Pendant plus de quatre mois, les statues, pharaons, stèles, sphinx, momies, sarcophages, oushebtis prennent la route de Guizeh… sous, nous l'imaginons aisément, le regard inquiet des personnels transformés en "déménageurs". Mais tout se passe pour le mieux : "Il n'y pas eu une seule pièce détériorée; tout s'est exécuté si économiquement que sur le crédit ouvert de 6.000 livres, il en a été dépensé à peine 4.000 !"
Le mausolée de Mariette pacha a également été transféré. "Le personnel du musée s'est encore chargé du transfert. Le tombeau, pesant 14.000 kilogrammes, a été enlevé et porté d'une pièce sans subir la moindre secousse." Ainsi Mariette, le respecté maamour, repose-t-il à l'entrée du nouveau musée.
Statue de Khephren en diorite - Photo de Bonfils |
C'est le 12 janvier 1890 (date la plus communément donnée) que le musée ouvre ses portes au public. S. A. Abbas pacha Hilmi a bien voulu honorer de sa présence l'inauguration des nouvelles galeries : "où, aujourd'hui, reposent les momies des anciens souverains, à côté des monuments témoins contemporains de leur splendeur, des chefs-d'œuvre des artistes de leur époque, des statues de leurs fidèles serviteurs et des diverses œuvres de leurs sujets". Il rend hommage à la "pléiade de savants qui a travaillé à la formation de ces remarquables collections, et surtout aux deux hommes qui ont contribué à leur grandeur : Auguste Mariette et Gaston Maspero". Il forme le vœu que "dans quelques années, le musée de Guizeh sera sans contredit le plus vaste et le plus riche du monde".
Les visiteurs peuvent alors découvrir - dans pas moins de 91 salles ! - l'ensemble des collections exposées dans un cadre digne d'elles.
Les pièces sont généralement classées chronologiquement. Ainsi, la visite commence au rez-de-chaussée par l'Ancien Empire et se poursuit par le Moyen Empire, le Nouvel Empire, puis les Basses Epoques…
Musée de Guizeh |
Des salles "thématiques" telles que : poids et mesures, architecture, ameublement, écritures sur ostraca ou papyrus, objets et papyrus funéraires, ont également été aménagées.
Cérémonie de pose de la première pierre du musée égyptien de Kasr el Nil
par le khédive Abbas Hilmy II, le 1er avril 1897
Photo de Virginio Giuntini
|
Les collections resteront dans le palais jusqu'en 1902, date à laquelle elles seront installées dans le magnifique bâtiment de l'actuel musée de la place Tahrir, dont la première pierre a été posée le 1er avril 1897.
marie grillot
sources :
https://scholarship.rice.edu/jsp/xml/1911/9184/1/MusGi1897.tei-timea.html
https://scholarship.rice.edu/jsp/xml/1911/9184/1/MusGi1897.tei-timea.html#index-div1-N10305
http://www.photosdegypte.net/galerie/pe1/museeducaire/notice-museeducaire.html
http://www.castletower.org/boulaq_mcleod.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire