lundi 23 juin 2014

Emile Prisse d'Avennes : "Un homme haut en couleurs"

Aquarelle "Un bateau sur le Nil" - Louqsor - par Emile Prisse d'Avennes

Emile Prisse d'Avennes est né le 27 janvier 1807 dans une ville du nord de le France dont il porte le nom. 

Sitôt diplômé des arts et métiers, il part en Grèce, puis aux Indes, et enfin en Palestine. Mais c'est en Égypte qu'il choisit de s'installer : il y demeure une première fois de 1827 à 1844. Pour employer un terme actuel, il y est "totalement intégré" puisqu'il travaille comme hydrographe pour le gouvernement, s'habille "à l'égyptienne", parle arabe, et se fait appeler "Edri-Effendi". 

Il devient l'aquarelliste renommé dont les oeuvres nous ont tant de fois fait rêver des couleurs de l'Égypte. Ces couleurs, il a appris patiemment et passionnément à les travailler. Il rappelle ainsi comment il a pu rendre telle ou telle tonalité : "J’ai appris par les colonnes du promenoir que c’est avec un mélange de carmin et de jaune de chrome qu’on obtient un beau rouge d’un maniement facile.” 

Il s'applique tout autant à restituer, avec exactitude, la carnation égyptienne : "Elle se rend bien avec une teinte préparatoire carmin et jaune de chrome lavée et recouverte d’une teinte d’indian red. La teinte qui répond le mieux aux diverses carnations des hommes ou des femmes se compose avec de l’ocre jaune, de la laque et du carmin."

En 1836 il décide de se consacrer à une véritable exploration de l'Égypte. Il le fera avec intelligence et ouverture. Il approchera avec un intérêt égal une multitude de thèmes dont les plus connus sont : la période pharaonique, l'architecture arabo-musulmane, ou bien encore la vie de tous les jours.

De retour en France, il se consacre à la publication de grands ouvrages : "Monuments égyptiens" (1847), "Oriental album" (1848), ou bien encore "L’Histoire de l’art égyptien d’après les monuments".

En 1858, il retrouve les rives du Nil. Ce nouveau séjour, qui s'étalera sur deux années, a pour but de définir une prospective de relations commerciales entre la France et l’Égypte, et bien sûr, d'effectuer de nouvelles recherches archéologiques. 
Il ramène de ses voyages des notes, des impressions, des manuscrits… et surtout une œuvre graphique impressionnante. 

Des aquarelles, bien sûr, des estampages, et puis des calques qui rendent "l'exacte vérité". Tout cela, il le résume dans une lettre de 1860 à son ami Félix Caignart de Saulcy : "J’ai parcouru l’Égypte avec l’ouvrage de la commission, celui de Gau & celui de Lepsius : toutes les planches que j’ai été à même de vérifier sont fautives, et ne donnent pas une idée complète de la beauté de l’art égyptien. Je reviens avec des calques soignés des plus belles peintures - des estampages de bas-reliefs - des coupes, des élévations soigneusement cotées et la plupart inédites, et enfin des photographies de tout ce qui était photographiable. Ce que j’ai fait avec les faibles ressources qui m’étaient accordées est immense. Je rapporte 300 dessins parmi lesquels il y a des calques coloriés de 7 à 8 mètres de longueur - plus de 400 mètres d’estampages - 150 photographies [...] sans compter mes croquis & mes notes."

Dans une tombe du Moyen Empire située à Dra Abou El Naga (Thèbes ouest), il découvre un papyrus de plus de 7 m de long. Il réunit deux traités de morale : les "Préceptes de Kagemni" et les "Maximes de Ptahhotep” (le papyrus Prisse constitue l'un des "joyaux" de la Bibliothèque nationale). On lui doit aussi la présence au Louvre de la Chapelle des ancêtres de Thoutmosis III. 

Après une vie bien "pleine" de peintre, explorateur, journaliste, photographe, ethnologue, égyptologue et collectionneur, Emile Prisse d'Avennes meurt le 10 janvier 1879 à Paris où une rue porte désormais son nom.

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