mardi 24 juin 2014

Champollion et ses argonautes à Abou Simbel


Début janvier 1829, Champollion et l’expédition franco-toscane arrivent à Abou Simbel, qu’ils appellent alors "Ibsambou". 

Pendant deux semaines, ils relèveront les scènes et inscriptions du grand temple.

Les "argonautes" sont, pour la partie française, le dessinateur Nestor l'Hôte, les peintres Duchesne, Lehoux et Bertin (élèves du peintre Gros). L'équipe toscane est dirigée par Rosellini. Elle comprend un dessinateur, Cherubini, un dessinateur et médecin, Ricci, le naturaliste Raddi et le peintre Angelelli.

Dans la lettre qui suit, Champollion raconte leur arrivée sur le site et l’admiration suscitée :

"Le grand temple d'Ibsamboul vaut à lui seul le voyage de Nubie. La façade est décorée de quatre colosses assis, n'ayant pas moins de soixante et un pieds de hauteur. Tous quatre, d'un superbe travail, représentent Rhamsès le Grand ; leurs faces sont portraits, et ressemblent parfaitement aux figures de ce roi qui sont à Memphis, à Thèbes et partout ailleurs. C'est un ouvrage digne de toute admiration… Nous parcourûmes cette étonnante excavation, Rosellini, Ricci, moi et un de nos Arabes, tenant chacun une bougie à la main. La première salle est soutenue par huit piliers contre lesquels sont adossés autant de colosses de trente pieds chacun, représentant encore Rhamsès le Grand. Sur les parois de cette vaste salle règne une file de grands bas-reliefs historiques, relatifs aux conquêtes du Pharaon en Afrique ; un bas-relief surtout, représentant son char de triomphe, accompagné de groupes de prisonniers nubiens, nègres, etc., de grandeur naturelle, offre une composition de grande beauté et du plus grand effet.
Les autres salles, et on en compte seize, abondent en beaux bas-reliefs religieux, offrant des particularités fort curieuses. Le tout est terminé par un sanctuaire, au fond duquel sont assises quatre belles statues, bien plus fortes que nature et d'un très bon travail. Ce groupe, représentant Amon-Ra, Rê, Ptah et Rhamsès le Grand assis au milieu d'eux, n'a été bien dessiné par personne. Le dessin de Gau est ridicule à côté de l'original.
Alors qu’Ippolito Rosellini fait des relevés, colorés, qui ne cessent de nous émerveiller, Nestor L’Hôte, l’aquarelliste, copie les bas reliefs des temples. Antoine Bibent, l’architecte aidé par les dessinateurs toscans, dresse les plans des temples et des palais. Giuseppe Raddi, le naturaliste florentin, multiplie les croquis et les notes illustrant la nature environnante. Champollion, quant à lui, se consacre plus particulièrement au relevé d’une stèle portant un décret de Ptah en hommage à Rhamsès II."

Le 16 janvier, l’expédition quitte Ibsamboul… "Champollion à la poupe de sa dahabieh se sent envahi soudain de la certitude que s’efface ainsi, dans un coude du Nil, le premier temple qu’il ne reverra jamais." 

marie grillot

sources :
Jean Lacouture "Champollion, une vie de lumières" – Grasset 1988
Champollion Jean-François, dans Lettres et journaux écrits pendant le voyage d'Egypte, Paris, Christian Bourgois éditeur, 1987, pp. 175-7
http://www.museechampollion-isere.fr/1801-l-expedition-d-egypte.htm 
http://www.egyptologue.fr/decouvertes/temoignages/lettres-de-m-champollion-en-nubie-


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