mardi 24 juin 2014

Bernardino Drovetti : Italien, consul de France, ami de Méhémet Ali, franc-maçon, collectionneur...

Bernardino Drovetti (Barbania 4 janvier 1776-Turin 1852)
Consul de France en Egypte

Fils de notables italiens, bien de sa personne, Bernardino Drovetti (Barbania 4 janvier 1776-Turin 1852) rejoint, à 18 ans, l’armée de Bonaparte et prend part à la campagne d’Égypte. Il est subjugué par ce qu’il y découvre.

De retour en France, il participe ensuite à la campagne d’Italie et, à Marengo, se fera remarquer par Joachim Murat. Aussi, lorsque la question se pose de nommer, en Égypte, un consul permanent pour la France, son nom s’impose-t-il. Il n’a alors que 26 ans, mais se sent tout à fait apte à assumer cette fonction qu’il assurera jusqu’en 1815.

Une seconde charge suivra - la date de début est confuse à établir - mais elle se terminera en 1821.

Dès son arrivée en Égypte, en 1803 : "il se ruine en objets antiques et constitue une collection de première valeur qui force l'admiration de Chateaubriand". Parallèlement, il apporte à Méhémet Ali le soutien de la loge maçonnique qu’il dirige, la "Société Secrète Égyptienne", et devient son conseiller. Cette proximité lui permet d’obtenir facilement les "firman" (permis) pour entreprendre des fouilles.

C’est le début d’une époque nommée "guerre des consuls" qui se joue notamment entre lui et Henri Salt… Ils emploient de nombreux agents qui “rabattent” pour eux, chacun s'entourant de gens passionnés. Drovetti recrute le dessinateur Frédéric Cailliaud et le sculpteur Jacques Rifaud, tandis que Salt engage Giovanni Battista Belzoni. Leurs "équipes" sont concurrentes, leurs pratiques peu respectueuses, et, dans leur course effrénée à la découverte, ils se montrent souvent sans scrupules.

Voici ce qu’en dit Richard F. Burton : "Nile-land was then, as now, a field for plunder ; fortunes were made by digging, not gold but antiques ; and the archeological field became a battle plain for two armies of dragomans and fellah-navvies. One was headed by the redoubtable Salt, the other owned the command of Drovetti…"

Dans son livre "La Vallée des rois", John Romer revient sur la découverte de la tombe de Séthi Ier par Belzoni, agent de Salt : "Drovetti apparaissait comme le premier rival de Salt." On imagine la rancœur ressentie par Drovetti de n’avoir fait lui-même cette découverte… Il viendra cependant visiter la tombe.

Voici le récit qu’en laisse le médecin de l’équipe Salt : "Nous étions dans la tombe récemment découverte en compagnie du consul français, un homme intelligent, d’un commerce agréable, l’un des plus habiles collectionneurs d’antiquités égyptiennes. De tous les Français que j’ai rencontrés, c’est le seul que j’ai vu être soudainement à court de compliments et incapable de manifester son admiration. Il était pourtant fort prodigue d’amabilités… mais tout était si beau, si magnifique, si extraordinaire, si surprenant, que lorsqu’il se trouva en présence d’un spectacle qui méritait vraiment des louanges et des superlatifs, il avait dépensé toute sa réserve d’épithètes et il resta sans voix, comme frappé de stupeur, au grand amusement des témoins."

Un regard bien ironique des Britanniques, mais qui laisse cependant entrevoir le personnage…

Les collections Salt et Drovetti vont enrichir les grands musées européens (Turin, Berlin, Paris et Londres notamment).

Jugé "trop bonapartiste", Drovetti perd son poste de consul en 1821. Il reste cependant encore quelques années en Égypte.

En 1829, il revient en Europe où il devient consultant dans divers domaines, dont l’archéologie. Il meurt à Turin en 1852.

marie grillot



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire