Bernardino Drovetti (Barbania 4 janvier 1776-Turin 1852)
Consul de France en Egypte |
Fils de notables italiens, bien de sa personne, Bernardino Drovetti (Barbania 4 janvier 1776-Turin 1852) rejoint, à 18 ans, l’armée de Bonaparte et prend part à la campagne d’Égypte. Il est subjugué par ce qu’il y découvre.
De retour en France, il participe ensuite à
la campagne d’Italie et, à Marengo, se fera remarquer par Joachim
Murat. Aussi, lorsque la question se pose de nommer, en Égypte, un
consul permanent pour la France, son nom s’impose-t-il. Il n’a
alors que 26 ans, mais se sent tout à fait apte à assumer cette
fonction qu’il assurera jusqu’en 1815.
Une seconde
charge suivra - la date de début est confuse à établir - mais elle
se terminera en 1821.
Dès son arrivée en Égypte, en 1803 : "il se ruine en objets antiques et constitue une collection de
première valeur qui force l'admiration de Chateaubriand".
Parallèlement, il apporte à Méhémet Ali le soutien de la loge
maçonnique qu’il dirige, la "Société Secrète Égyptienne",
et devient son conseiller. Cette proximité lui permet d’obtenir
facilement les "firman" (permis) pour entreprendre des
fouilles.
C’est le début d’une époque nommée "guerre des consuls" qui se joue notamment entre lui et Henri
Salt… Ils emploient de nombreux agents qui “rabattent” pour
eux, chacun s'entourant de gens passionnés. Drovetti recrute le
dessinateur Frédéric Cailliaud et le sculpteur Jacques Rifaud,
tandis que Salt engage Giovanni Battista Belzoni. Leurs "équipes" sont concurrentes, leurs pratiques peu respectueuses, et, dans leur
course effrénée à la découverte, ils se montrent souvent sans
scrupules.
Voici ce qu’en dit Richard F. Burton : "Nile-land
was then, as now, a field for plunder ; fortunes were made by
digging, not gold but antiques ; and the archeological field became a
battle plain for two armies of dragomans and fellah-navvies. One was
headed by the redoubtable Salt, the other owned the command of
Drovetti…"
Dans son livre "La Vallée des rois", John
Romer revient sur la découverte de la tombe de Séthi Ier par
Belzoni, agent de Salt : "Drovetti apparaissait comme le premier
rival de Salt." On imagine la rancœur ressentie par Drovetti de
n’avoir fait lui-même cette découverte… Il viendra cependant
visiter la tombe.
Voici le récit qu’en laisse le
médecin de l’équipe Salt : "Nous étions dans la tombe
récemment découverte en compagnie du consul français, un homme
intelligent, d’un commerce agréable, l’un des plus habiles
collectionneurs d’antiquités égyptiennes. De tous les Français
que j’ai rencontrés, c’est le seul que j’ai vu être
soudainement à court de compliments et incapable de manifester son
admiration. Il était pourtant fort prodigue d’amabilités… mais
tout était si beau, si magnifique, si extraordinaire, si surprenant,
que lorsqu’il se trouva en présence d’un spectacle qui méritait
vraiment des louanges et des superlatifs, il avait dépensé toute sa
réserve d’épithètes et il resta sans voix, comme frappé de
stupeur, au grand amusement des témoins."
Un regard bien
ironique des Britanniques, mais qui laisse cependant entrevoir le
personnage…
Les collections Salt et Drovetti vont enrichir les
grands musées européens (Turin, Berlin, Paris et Londres
notamment).
Jugé "trop bonapartiste", Drovetti perd son poste
de consul en 1821. Il reste cependant encore quelques années en
Égypte.
En 1829, il revient en Europe où il devient
consultant dans divers domaines, dont l’archéologie. Il meurt à
Turin en 1852.
marie grillot
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