mardi 24 juin 2014

22 mars 1813 - Redécouverte du grand temple d'Abou Simbel 

David Roberts - The Landing Stage By The Temple Of Abu Simbel

"Il est bien difficile de dire si ces statues sont assises ou debout"

C'est le 22 mars 1813 que Johannes Ludwig Burckhardt redécouvre le grand temple d'Abou Simbel. Ce Suisse n'en est pas à première découverte puisqu'il a déjà mis en lumière le magnifique site de Petra en Jordanie. Alors qu'il projette de se joindre à une caravane pour trouver les sources du Niger, il se trouve bloqué au Caire. Il décide alors de remonter le cours du Nil jusqu'à Dongola.

Dans ce périple, il est accompagné d'un guide, Mohamed Abou Saad. Dans certains ouvrages, il est parfois indiqué que c'est le nom de ce jeune homme qui a donné son nom au site Abou Simbel. Vérité, interprétation ou légende ?

Les deux hommes arrivent le matin du 22 mars près du petit temple de Nefertari, déjà connu : "Je laissai mon guide avec les chameaux et je descendis par un ravin, à peu près vertical et rempli de sable, pour aller visiter le temple d'Ebsambal, dont j'avais entendu maintes descriptions extraordinaires... Celui-ci s'ouvre à vingt pieds au-dessus de la surface des eaux et il est entièrement creusé dans la falaise rocheuse, presque verticale à cet endroit. Sa conservation est parfaite. La façade est décorée de six statues colossales debout."

Burckhardt aurait pu en rester là, mais, il poursuit son exploration : "Ainsi que je le supposais, j'avais visité toutes les antiquités d'Ebsambal, et je m'apprêtais à remonter le ravin sableux de la même manière que je l'avais descendu. Par un heureux hasard, je fis quelques pas un peu plus loin, vers le sud, et mes yeux se portèrent sur ce qui est encore visible de quatre immenses statues colossales, taillées dans le rocher à une distance de quelque deux cents yards du temple (de Nefertari). 
Ces statues se trouvent dans un profond renfoncement creusé dans la colline, mais il est très regrettable qu'elles soient maintenant à peu près complètement ensevelies sous le sable que le vent fait ici couler de la montagne comme couleraient les eaux d'un torrent. L'une de ces statues a encore la totalité de la tête et une partie de la poitrine et des bras au-dessus de la surface du sable ; de celle qui la touche on ne voit presque rien, la tête étant cassée et le corps recouvert de sable jusqu'au-dessus des épaules ; des deux autres, seules les coiffures émergent. Il est bien difficile de dire si ces statues sont assises ou debout..."

Les mesures de la statue la plus au sud le stupéfient : "7 yards d'une épaule à l'autre", et il en estime la hauteur à environ 20 mètres !

Il poursuit ainsi sa description : "Sur la paroi rocheuse, entre la deuxième et la troisième statue, on voit la statue d'Osiris (interprétation erronée nous le savons désormais) représentée avec une tête de faucon surmontée d'un globe ; si l'on pouvait enlever le sable sous cet Osiris, je présume qu'on découvrirait un vaste temple dont les statues colossales précédemment décrites ornent probablement l'entrée, comme les six statues appartenant au temple voisin d'Isis. Je suis aussi porté à supposer, en me fondant sur la présence de la statue à tête de faucon, que c'était un temple consacré à Osiris."

Burckhardt, pressé par la mise oeuvre de l'expédition vers le Niger, quitte Abou Simbel le même jour.

Il ne revient au Caire qu'en juin 1815, c'est seulement à ce moment-là qu'il annonce à Henri Salt, consul général britannique, la découverte des quatre colosses.

Bernardino Drovetti et Giovanni Battista Belzoni débuteront le désensablement et les fouilles, suivis par bien d'autres : Frédéric Caillaud, Jean-François Champollion, Karl Lepsius…

Ce n'est qu'en 1832 que l'on connaît enfin le nom exact du bâtisseur du temple : le pharaon Ramsès II.

Victime de dysenterie, Burckhardt s'éteint au Caire le 15 octobre 1817.

Il n'avait que 33 ans… mais quelle vie riche en découvertes !

marie grillot - Christiane Duquesne

sources :
http://www.bubastis.be/voyage/nubie/abou1.html
Desroches-Noblecourt Christiane, "La grande Nubiade" Stock-Pernoud, 1992

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