lundi 23 juin 2014

21 décembre - Solstice à Karnak : les rayons du soleil pénètrent le naos


Le solstice est, selon la définition du dictionnaire, "l'époque de l'année où le soleil est le plus éloigné de l'équateur, ce qui correspond à la durée maximale (solstice d'été : entre le 20 et le 22 juin) ou minimale (solstice d'hiver : entre le 20 et le 22 décembre) du jour.

Chaque 21 décembre, jour du solstice d'hiver, le temple de Karnak se trouve dans une configuration solaire telle qu'au lever de l'astre, les rayons viennent éclairer le sanctuaire - le saint des saints, le naos - du dieu Amon-Rê, qui se trouve habituellement plongé dans une profonde obscurité.
Solstice d'hiver au temple de Karnak

C'est un phénomène extraordinaire qui souligne lumineusement que les temples sont des monuments architecturaux ayant une vocation religieuse et une dimension spirituelle.

Les anciens Égyptiens accordaient une importance capitale à l’orientation astrale de ces édifices, les phases du rituel de fondation étant extrêmement étudiées et travaillées.

Dans "Les cahiers de Karnak" (13-2010), et  dans l'ouvrage "Les portes du ciel", le grand égyptologue Luc Gabolde (co-directeur du CFEETK), nous livre son analyse relative à l'orientation astronomique des édifices sacrés, et précisément des temples de Karnak.
Solstice d'hiver au temple de Karnak

Dans la première source citée, il présente une "Mise au point sur l'orientation du temple d'Amon-Ré à Karnak en direction du lever du soleil au solstice d'hiver" (accessible en lien). Il y explique que le temple a "été orienté sur le point où se levait le soleil au solstice d’hiver sous le règne de Sésostris Ier, c’est-à-dire dans la direction de l’astre à son apparition un 19-20 ou 21 décembre… "

Il précise également que le "plus important aspect du temple de Karnak…(est)… la dimension solaire de sa divinité Amon-Rê. Le dieu de Karnak a récupéré à son profit la théologie solaire héliopolitaine de Rê-Atoum et les hymnes et prières qui lui sont adressés sont, on le sait, de simples transpositions des hymnes solaires à Rê. Ces derniers exaltent particulièrement le lever du soleil dans son « horizon ». Or, cette notion d’horizon recouvre une réalité matérielle très précise : l’horizon-"_.t est le point où le soleil se lève à l’Orient (le point où il se couche à l’Occident est un autre "_.t). C’est, visuellement, le lieu où il y a un contact entre le soleil et la terre, entre le monde des dieux qui est dans le ciel et le monde des humains".
Plan 3D du site de Karnak, avec le domaine de Montou, le domaine d'Amon et le domaine de Mout.
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Dans "Les portes du Ciel", il explique que "Cette conception cosmique du temple peut se concrétiser par un lien de nature astronomique entre un édifice cultuel et certaines dispositions célestes… Le temple de Karnak a été, lui, très volontairement aligné sur le point où se levait le soleil au solstice d'hiver. On dispose en effet, sur le site, des quatre seuils de portes en granit rose du temple de Sésostris Ier (avec leurs traces de jambages de porte), qui livrent un azimut moyen du temple du Moyen Empire à 116° 43° 7,35" ; par ailleurs, les 'salles d'Hatchepsout', qui ont prolongé vers l’ouest les édifices de Sésostris, et dont les murs nord et sud sont bien préservés, livrent une mesure moyenne d’azimut à 116° 53° 38,65". Or, les calculs astronomiques, qui tiennent compte de la modification de l’inclinaison de l’axe de la Terre, ont permis de déterminer que, sous le règne de Sésostris Ier, le soleil se levait à Karnak à l’azimut de 116° 55' 24,87". La quasi-concordance de ces trois données laisse ainsi peu de place au doute: le temple du dieu, éminemment solaire, Amon (il est parfois qualifié d’'Amon-Ré, Atoum dans Thèbes'), était orienté sur le soleil levant à la date du solstice d'hiver à partir de laquelle, comme une promesse d'avenir, s'amorce le nouveau cycle de croissance des jours".
Solstice d'hiver au temple de Karnak (photo Ingrid Leila)

Si les explications peuvent apparaître compliquées à assimiler car très scientifiques, le spectacle du lever de soleil sur Karnak, le 21 décembre, est quant à lui, en tout point éclatant de lumière…

Les anciens Égyptiens ne cessent de nous émerveiller de leurs connaissances, de leur savoir, de leur maîtrise architecturale, de leur approche du divin et de leur communion avec le ciel et les astres.

marie grillot

sources :
Cahiers de Karnak 13-2010 - "Mise au point sur l’orientation du temple d’Amon-Rê à Karnak en direction du lever du soleil au solstice d’hiver", Luc Gabolde (CNRS, UMR 5140)
https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/3736384d
Les portes du ciel : visions du monde dans l'Egypte ancienne, mars 2009, Jocelyne Berlandini-Keller, Annie Gasse, Luc Gabolde


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