Howard Carter (kneeling) at doors of
burial shrines in Pharao Tutankhamen’s tomb photo Harry Burton |
On
ne se lasse pas de reprendre et de revivre le récit de la fabuleuse
découverte : le 4 novembre 1922, dans le silence de la Vallée des
Rois, l'équipe de fouilles de Carter et Carnarvon met au jour, en
contrebas de la tombe de Ramsès VI, une marche taillée dans le roc.
Seize marches sont alors déblayées qui débouchent sur une porte
portant les sceaux distinctifs de la nécropole : Anubis dominant les
neuf ennemis de l'Égypte.
Un couloir mène à une seconde
porte. Y sont également visibles les sceaux de la nécropole et,
comme Carter l'espérait, ceux… de Toutankhamon ! C'est le 26, que
par une petite ouverture, Carter pourra passer une bougie et répondre
à Lord Carnarvon qui lui demande "Vous voyez quelque chose ?”
: "Oui, des merveilles !"
Trois mois plus tard,
l'antichambre est vidée de son précieux contenu. L'exploration de
la tombe peut continuer. Ce récit prend place lors de l'ouverture de
la troisième porte scellée qui se situe à droite de
l'antichambre.
Voici ce que rapporte Howard Carter
lui-même dans "La fabuleuse découverte de la tombe de
Toutankhamon" :
"Le vendredi 17, à deux heures, ceux
qui devaient avoir le privilège d'assister à la cérémonie se
réunirent à l'entrée de la tombe. Étaient présents lord
Carnarvon, lady Evelyn Herbert, Son Excellence Abd el-Halim Pacha
Souleman, ministre des travaux publics, M. Lacau, directeur général
du Service des Antiquités, sir William Garstin, sir Charles Cust, M.
Lythgoe, le conservateur du département des Antiquités égyptiennes
du Metreopolitan Museum, le Pr Breasted, le Dr Alan Gardiner, M.
Winlock, - une vingtaine de personnes en tout"…
"Dans
l'antichambre tout était prêt. (...) Les projecteurs étaient
orientés droit sur la porte scellée qui se dressait là, devant
nous. En l'ouvrant nous allions revenir trois mille ans en arrière.
Ce fut d'une main tremblante que je donnai le premier coup. (...)
Lorsque après dix minutes de travail j'eus pratiqué une ouverture
suffisamment grande, je m'empressai d'y introduire une lampe de
poche. Une étonnante vision m'attendait.
"Sans aucun
doute, c'était bien la chambre funéraire, et ce qui se dressait
devant nous était une de ces grandes chapelles dans lesquelles on
déposait les rois. Elle était si vaste (cinq mètres sur trois
mètres trente et deux mètres soixante-dix de hauteur) qu'elle
remplissait presque toute la salle. (...) Le haut orné d'une frise
et d'un tore, atteignait presque le plafond. Du haut en bas, elle
était recouverte de feuilles d'or, et sur les côtés, des panneaux
incrustés de terre vernissée bleue portaient les symboles magiques
qui devaient assurer la force et la protection."
"Là, sur le
côté est, se trouvaient les grandes portes fermées par des loquets
- et non pas scellées - qui allaient nous donner la réponse. Une
seconde chapelle apparut alors. Elle était fermée comme la
précédente, mais sur les loquets, se trouvait un sceau, intact !
Nous décidâmes de ne pas le briser. (...) Nous avions vraiment
l'impression de nous trouver en présence du roi défunt, et cela
nous rappelait au respect que nous lui devions.
"Nous
refermâmes silencieusement les grandes portes et poursuivîmes notre
exploration.
"Une porte basse, sur la droite, donnait accès
à une autre pièce, plus petite. (...) Cette porte n'avait été ni
bouchée, ni scellée. Un seul coup d'œil suffit à nous faire
comprendre que c'était elle qui renfermait les véritables trésors
de la tombe. (...) Un tabernacle, entièrement recouvert d'or et
surmonté par une frise de cobras sacrés. Autour de lui, se tenaient
les quatre déesses tutélaires du mort, les bras tendus en signe de
protection, si naturelles et si vivantes dans leur pose, leur visage
exprimant tant de compassion et de pitié qu'on osait à peine les
regarder.
"La chambre contenait bien d'autres merveilles.
(...) Je ne sais combien de temps nous restâmes, (...) mais notre
absence dut paraître une éternité à ceux qui nous attendaient.
(...) On ne pouvait admettre plus de trois personnes à la fois.
(...) Quand ils revenaient, émerveillés, stupéfaits, ils ne
pouvaient qu'écarter les bras, dans un geste d'impuissance,
incapables de formuler une quelconque description des merveilles
qu'ils avaient vues.
"C'était une expérience qu'aucun de
nous ne pourrait jamais oublier".
introduction et choix des extraits : marie grillot
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