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| Statue colossale d'une reine ptolémaïque - "Isis Pharia" - granite - Période ptolémaïque - provenant du phare d'Alexandrie découverte au large du fort de Qait Bey en 1960 - 1961 par le plongeur égyptien Kamel Abul- Saadat exposée au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie depuis octobre 2023 |
Avec ses 11 mètres de haut et ses 25 tonnes l'"Isis Pharia" est le monument le plus "important" du Musée Gréco-Romain d'Alexandrie… Depuis sa réouverture, le 22 octobre 2023, cette représentation d'une reine ptolémaïque en Isis, qui ornait le phare d'Alexandrie, y occupe une place emblématique : précédée de colonnes doriques de marbre blanc, elle s'élève majestueusement au centre d'un charmant patio...
Sculptée dans un granite rose, la souveraine dont les traits ont été fortement érodés par le ressac des flots, est représentée debout, dans l'attitude de la marche, jambe gauche avancée. Les bras, dont seule la partie supérieure subsiste, sont plaqués le long du corps. Son vêtement "à la mode grecque" est tenu par un nœud, noué sous ses seins ronds. "A l'époque gréco-romaine, ce nœud était associé spécifiquement à la déesse Isis. Cette divinité était également représentée avec des cheveux tressés coiffés en mèches symétriques des deux côtés de la tête. Il est donc très probable que cette statue représente bien Isis et qu'elle date du IIIe siècle avant J.-C." analyse Selim A. Morcos dans "Underwater archaeology and coastal management - Focus on Alexandria" (Unesco Publishing, 2000).
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| Statue colossale d'une reine ptolémaïque - "Isis Pharia" - granite - Période ptolémaïque - provenant du phare d'Alexandrie découverte au large du fort de Qait Bey en 1960 - 1961 par le plongeur égyptien Kamel Abul-Saadat exposée au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie depuis octobre 2023 |
Dans "Françoise Dunand, Isis, Mère des Dieux" (Paris, 2000), Laurent Bricault rejoint cette interprétation tout en apportant ces intéressantes précisions : "La création d’Alexandrie et la prise du pouvoir par les Ptolémées donnent une nouvelle impulsion aux tendances universalisantes d’Isis. S’élabore alors, à côté de représentations très traditionnelles qui perdurent, une Isis appelée communément 'alexandrine'… Si l’attitude générale des représentations statuaires demeure à l’origine très figée - elle s’assouplit par la suite -, ce sont les détails de son vêtement et de sa parure qui se modifient : elle quitte sa longue et étroite tunique pour se parer du chiton, de l’himation et d’un châle à pan frangé, noué entre les deux seins ; elle ne porte plus la perruque égyptienne, mais de longues boucles torsadées, dites libyennes ou libyques, comparables à nos 'anglaises' modernes ; sa tête, cependant, reste surmontée le plus souvent de ses anciens attributs pharaoniques, le hiéroglyphe de son nom ou les cornes d’Hathor enserrant le disque solaire surmonté de deux hautes plumes"…
Dans la cité fondée par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., l'édification du phare sur l'île de Pharos (qui lui donna son nom), semble avoir débuté sous le règne de Ptolémée Soter (305 - 282 av. J.-C.) et s'être achevée sous celui de Ptolémée II Philadelphe (282 - 246 av. J.-C). Cette tour de calcaire blanc, dont la porte principale et l'encadrement des fenêtres étaient en granite d'Assouan était haute de 135 m. S'élevant sur 3 étages, comptant pas moins de 67 pièces, son feu était continuellement alimenté et éclairait à 100 miles marins… Elle protégea bien des navires, bien des marins, mais, victime des séismes et des vicissitudes du temps, elle s'effondra en 1303 et fut engloutie par la Méditerranée.
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Le phare d'Alexandrie : illustration de Jean-Claude Golvin publiée dans "Voyage en Egypte ancienne" (Errance, 2016) |
C'est en 1960 - 1961, lors de fouilles sous-marines menées par le plongeur égyptien Kamel Abul-Saadat au large du fort de Qait Bey (emplacement de l'ancien phare) que cette Isis Pharia a été retrouvée. En 1962, deux fragments purent être retirés de la mer. Il s'agissait de sa partie supérieure (tête et poitrine), mesurant 2,65 m de long, 1,85 m de large et pesant sept tonnes et demie et de sa partie inférieure longue de 3,80 m, large de 1,20 m et pesant environ 10 tonnes. La couronne, composée d'un mortier sur lequel repose le disque solaire entouré de deux cornes de vache et surmonté de deux plumes, a été découverte ultérieurement (1968 ?).
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| Mr Kamel Abou el-Saadat, plongeur, découvreur en 1960 - 1961 de l'Isis Pharia, lors de fouilles sous-marines menées au large du fort de Qait Bey Portrait publié dans "The Alexandria International Conference on Maritime and Underwater Archaeology" Bibliotheca Alexandrina Conference Center, 31 october - 2 november 2016 |
Dans "Les fouilles sous-marines du phare d'Alexandrie" ("Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres", 1997), Jean-Yves Empereur et Nicolas Grimal rappellent que des statues de couples royaux étaient érigées à la base du Phare. "Au moins trois couples de souverains étaient représentés, si l'on en juge par les fragments (deux autres têtes coiffées du némès et un torse féminin) et par les bases d'une demi-douzaine de statues colossales qui ont été retrouvées au cours des fouilles. Ces colosses royaux s'élevaient au pied du Phare et témoignent du souci des Ptolémées d'associer leur image au monument le plus célèbre de la ville, à l'instar des rois égyptiens devant les pylônes des temples. Tous les voyageurs entrant dans le port passaient devant ces statues, sous la protection du couple royal"… Ainsi ajoutent-ils, cette "Isis colossale" n'était pas seule : "Honor Frost nous a appris que le Ptolémée Pharaon était en fait couché parallèlement à cette épouse royale représentée sous la forme de la principale divinité́ du monde ptolémaïque, et leurs bases (2,20 m de hauteur) se trouvaient encore récemment sous l'eau, l'une contre l'autre. Ils formaient l'un des couples royaux dont l'image se dressait au pied du Phare"…
Qu'est devenue cette souveraine après son retour sur la terre ferme ? Les éléments de réponse qui suivent proviennent du "Guide bleu Egypte" de 1996, auquel ont notamment collaboré Jean-Pierre Corteggiani, divers membre de l'IFAO ainsi que Dimitri Meeks du CNRS. Rappelant que le Fort de Qait Bay s'élève "sur l'emplacement du célèbre phare de l'antiquité dont quelques vestiges subsistent submergés au nord", ils indiquent que c'est à cet endroit que "les fouilles sous-marines ont notamment donné la grande statue de l'Isis pharia provisoirement exposée dans l'enclos de la Colonne de Pompée". Ils précisent qu'elle a été déposée "dans la partie sud - est de l'enceinte, au pied de la butte".
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| Statue colossale d'une reine ptolémaïque - "Isis Pharia" - granite - Période ptolémaïque - provenant du phare d'Alexandrie découverte au large du fort de Qait Bey en 1960 - 1961 par le plongeur égyptien Kamel Abul-Saadat exposée au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie depuis octobre 2023 Charmante idée que cet emplacement appelé : "A selfie with a queen" |
Dans son article du 18 avril 2022 intitulé "Greco-Roman Museum receives 10 huge artefacts in preparation for its opening", le Daily News Egypt rapportait les propos de Moamen Othman, chef du secteur des musées, qui expliquait que : "l'une des pièces les plus importantes transférées du Musée maritime est la statue d'Isis Faria". Il soulignait alors "que ses fragments seraient assemblés et restaurés pour la première fois en utilisant les dernières méthodes scientifiques afin que la statue apparaisse intégrée et soit exposée en une seule pièce dans le jardin du musée".
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| L'Isis Pharia lors de son arrivée au Musée Gréco-Romain d'Alexandrie photo publiée par le Daily News Egypt du 18 avril 2022 en illustration de son article "Greco-Roman Museum receives 10 huge artefacts in preparation for its opening" |
Cette reconstitution, selon l'anastylose appliquée à la statuaire monumentale, est constituée majoritairement des trois parties retrouvées. Le bas des jambes, chevilles et pieds, demeurent cependant lacunaires et le piédestal a été totalement créé.
C'est ainsi que cette royale représentation, vestige de l'une des Sept Merveilles du monde, illumine de sa majestueuse présence ce beau musée alexandrin…
marie grillot
sources :
Egypte, Guides bleus, Hachette, 1996
Jean-Yves Empereur, Nicolas Grimal, Les fouilles sous-marines du phare d'Alexandrie, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, année 1997, 141-3, pp. 693-713
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1997_num_141_3_15771
Underwater archaeology and coastal management – Focus on Alexandria (Unesco Publishing) - United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, Corlet Imprimeur, France, avril 2000
https://www.ancientportsantiques.com/wp-content/uploads/Documents/PLACES/Egypt-Libya/Alexandria/Alexandria-HassanUnesco2000.pdf
Laurent Bricault, Françoise Dunand, Isis, Mère des Dieux, Paris, 2000
https://una-editions.fr/dunand-2000/
Isabelle Hairy, Pharos, l’Égypte et Platon, Publications de l'École Française de Rome, année 2007, 390, pp. 61-89
https://www.persee.fr/doc/efr_0223-5099_2007_act_390_1_9085
Christian Lauwers, Alexandrie ad Aegyptum, Koregos, Revue et Encyclopédie Multimédia des Arts, 2014
https://koregos.org/fr/christian-lauwers-alexandrie-ad-aegyptum/
Aude Gros de Beler (auteur), Jean-claude Golvin (illustrations), Voyage en Egypte, Errance, octobre 2016
Page FB de Jean-Claude Golvin :
https://www.facebook.com/jcgolvin
Honored Leaders, Mr Kamel Abou el-Saadat, The Alexandria International Conference on Maritime and Underwater Archaeology, Bibliotheca Alexandrina Conference Center, 31 october - 2 november 2016
https://www.bibalex.org/underwaterconf/en/honaryleaders/honaryleadersdetails.aspx?id=4
Daily News Egypt, Greco-Roman Museum receives 10 huge artefacts in preparation for its opening, 18 avril 2022
https://www.dailynewsegypt.com/2022/04/17/greco-roman-museum-receives-10-huge-artefacts-in-preparation-for-its-opening/
Le Musée gréco-romain reprend vie, Nasma Réda, Ahram Info, 22 octobre 2023
https://french.ahram.org.eg/News/40524.aspx
Louise Wagon, Le Musée gréco-romain d’Alexandrie rouvre ses portes après 18 ans de fermeture, Le Journal des Arts, 26 octobre 2023
https://www.lejournaldesarts.fr/patrimoine/le-musee-greco-romain-dalexandrie-rouvre-ses-portes-apres-18-ans-de-fermeture-168641
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