La bordure supérieure est en forme de corniche à gorge où alternent, verticalement et de manière relativement serrée selon la technique du cloisonné, des rectangles d'or et des incrustations de faïence verte. "La technique du cloisonné consiste à insérer des pierres polychromes à l’intérieur de petites alvéoles fixées à une base en or. Le résultat obtenu est le fruit de l'habileté des orfèvres tanites qui réussirent à équilibrer savamment les couleurs et les formes, en donnant vie à une composition harmonieuse et élégante" (Silvia Einaudi, "Les merveilles du musée égyptien du Caire").
Quant à la bordure inférieure, elle est composée : "d’une frise de colonnettes 'ouadj', symbole de la verdeur, et de pendentifs dont la forme rappelle celle du contrepoids, 'mankhet'".
Le riche et puissant motif central s'inscrit dans un rectangle dont le "cadre" rappelle le décor de la corniche, mais avec des rectangles plus larges séparés, là aussi, par de l'or.
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Dans "Tanis l'or des pharaons", Christiane Ziegler explique de façon aussi sensible que documentée la scène centrale où s'imbriquent, s'additionnent et se conjuguent les symboles. "Le centre du pendentif est occupé par l'image du soleil levant figuré sous l'aspect d'un scarabée ailé. Le corps du coléoptère, sculpté dans du lapis bleu foncé, est encadré par deux ailes recourbées traitées de façon naturaliste comme les ailes d'un oiseau. L'animal élève vers le firmament le nom de 'l’Osiris Oundebaounded' ciselé dans un rectangle d'or. La scène est dominée par le signe du ciel sous lequel plane un soleil ailé; deux cobras-uraeus en jaillissent, flanqués de deux vautours qui tiennent dans leurs serres le pilier 'djed', emblème d’Osiris. Les déesses Isis et Nephthys, blotties au pied du scarabée, facilitent son ascension, le soutenant d'un bras tandis que de l'autre elles placent un noeud d'lsis sous ses ailes. L‘animal repose sur deux rectangles d’or portant le nom des déesses. La scène, qui évoque la naissance du soleil, illustre à merveille certains passages des hymnes solaires de l'époque : 'Isis et Nephthys te soulèvent quand tu t'élèves du sein de ta mère Nout', ou d'inscriptions plus tardives où le soleil s’envole tous les matins vers le ciel et s’élève chaque jour sur les bras d'Isis et de Nephthys... '"
Ce "pendentif" d'une hauteur de 9,2 cm et d'une largeur de 9,8 cm, est accroché à une double chaîne, longue de 32 cm. Elle est composée d'une alternance de perles oblongues :"63 perles d'or et 31 perles de feldspath vert". Elle est fixée, à chaque extrémité de la "corniche", par trois anneaux soudés.
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Ce pectoral était autour du cou du Général Oundebaonded. dont le tombeau a été découvert à Tanis en 1946 par l'équipe de Pierre Montet.
Sa momie, dont l'examen révélera qu'il avait rejoint les Champs d'Ialou à la cinquantaine, reposait dans trois cercueils successifs, dans une petite pièce murée à l'intérieur même du tombeau de Psousennès Ier. "Outre le beau masque en or qui recouvrait le visage, les oreilles et le cou d'Oudebaounded, notons quelques larges pectoraux, plusieurs amulettes en or massif, de la longueur d'un doigt suspendus au cou à l'aide d'un gros fil rigide en or" relate Georges Goyon dans "La découverte des trésors de Tanis".
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Le Général Oundebaounded "n'était pas un personnage de sang royal, mais un grand prêtre de Khonsou et Chef des Archers de pharaon. Il était en outre investi du titre important de Supérieur des Prophètes-de-tous-les-dieux, qui nous parut correspondre à celui de ministre des cultes. C'était le roi Psousennès Ier qui l'avait élevé à ces hautes fonctions…. Un des ses titres le plus curieux était celui de "Unique-préposé-à-la-louange-des-grands" dont la charge consistait à présenter les titulaires au roi pendant les cérémonies de récompenses". On imagine l'aura que devait avoir Oundebounded à la cour, et l'on comprend ainsi pourquoi il put être enseveli de façon aussi proche des souverains.
Les objets découverts dans sa tombe partirent, sous escorte policière vers le musée égyptien de la Place Tahrir au Caire. Ce pectoral a été enregistré au Journal des Entrées sous la référence JE 87709.
marie grillot
sources :
Tanis l'or des pharaons, catalogue de l'exposition Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 26 mars - 20 juillet 1987
Georges Goyon, La découverte des trésors de Tanis, Pygmalion, 1987
Henri Stierlin, Christiane Ziegler, Tanis Trésors des pharaons, Seuil, 1987
Francesco Tiradritti, Trésors d'Egypte - Les merveilles du musée égyptien du Caire, Gründ, 1999
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